quarta-feira, 4 de fevereiro de 2015

OS AMORES DE ARAGON




Foi publicado na semana passada o livro de Gérard Guégan Qui dira la souffrance d'Aragon?, uma ficção real sobre a relação entre o célebre escritor Louis Aragon, de 55 anos, membro do Comité Central do PCF e o ex-resistente francês Hervé Mahé, de 28, um louro deslumbrante, tornado apparatchik na URSS. O Kominform enviara-o a Paris (a cena evoca a estada de André Gide nas piscinas de Moscovo rodeado de belos nadadores que eram afinal soldados do Exército Vermelho seleccionados para o efeito) para controlar um processo por deslealdade intentado pelo bureau político do Partido a Charles Tillon e André Marty, cuja exclusão estava programada antes da abertura dos debates.

Nessa semana de Setembro de 1952, estando Elsa Triolet ausente de Paris, Aragon e Mahé entregam-se a uma paixão sem limites, clandestina (a homossexualidade estava proibida por Thorez e valia, sob Stalin, a deportação ao Gulag), passeando pela cidade, fotografando-se nos Champs-Elysées, beijando-se no Palais Royal ou indo para a cama no apartamento da rue de Montpensier, emprestado por Cocteau.

Porque vale a pena, transcrevemos as notas do editor:


Extrait

Aragon sait exactement où ils vont.
Mahé aussi. Même s'il feint de se laisser guider dans le dédale des rues faiblement éclairées du deuxième arrondissement.
Mahé ment comme il respire, mais il ne ment pas pour le plaisir de mentir, il ment pour se protéger.
Ça ne date pas d'hier, ça remonte à l'enfance.

Condamnée par la fuite de son époux volage à retourner s'enterrer dans une petite ville de province, sa mère, une catholique fervente, l'avait traité à l'égal d'un héritier du Malin. S'attachant à ne jamais relâcher sa surveillance, elle alla, dans les débuts de sa puberté, jusqu'à le réveiller au milieu de la nuit pour l'interroger sur ses rêves. Une telle tyrannie aurait dû écraser le jeune garçon s'il n'avait choisi de tromper son monde en jonglant avec les artifices. Il s'y était rapidement montré de première force. Les rares fois où sa mère l'avait pris en faute, il était parvenu à arracher son pardon en mimant avec talent les mauvais fils repentants, une comédie d'autant plus crédible que la soutenait l'incontestable réalité de ses succès scolaires. C'est du reste grâce à cette accumulation de prix d'excellence qu'il avait pu en septembre 1939 entrer en classe de philo avec un an d'avance dans un grand lycée parisien et s'affranchir du même coup de la tutelle maternelle en endossant la blouse grise des internes. Le trimestre suivant, dans son envie de sceller son destin d'irréconciliable, il n'avait pas trouvé mieux que d'adhérer au Parti communiste, alors interdit pour n'avoir pas rejeté le pacte germano-soviétique.
Sous l'Occupation, sa maîtrise des apparences, son attirance pour la dissimulation, son génie du secret le sauvèrent de l'arrestation, cependant que la confiance naïve en un voisin de palier menait au poteau d'exécution quelques-uns de ses camarades. En octobre 1947, lorsqu'il avait été enrôlé par le général Korotkhov, ses faits d'armes, qui n'étaient pas de la petite bière, avaient moins compté que sa nature en miroir.

Mahé venait alors d'avoir vingt-trois ans, il en a vingt-huit aujourd'hui quoiqu'il en paraisse moins. Quant à sa réputation d'incernable, elle a fait plus que se maintenir, elle s'est accrue.
Sachant cela, doit-on en déduire qu'au volant de cette traction avant Citroën, une 11 légère de couleur noire, Mahé s'acquitte d'une mission ?
Comme, par exemple, l'une de ces opérations de pénétration et de détection dont il est un spécialiste.
Mais détection de qui ? Et de quoi ?
Allons, allons, un peu de sérieux !
Bien sûr qu'il n'est pas en mission.
Ce soir, il ne ment que pour son bénéfice.
Ce soir, c'est fête.

Présentation de l'éditeur

« Entre nous, s’interroge Aragon, notre histoire, c’est quoi ? Un coup de foudre ? – La vraie question, répond Mahé, ce n’est pas de savoir si c’est un coup de foudre, la vraie question c’est de se demander s’il y aura un lendemain. J’ai envie de te répondre que oui mais, tu le sais, nous sommes des clandestins et nous sommes condamnés à le rester. »

 En septembre 1952, Aragon a cinquante-cinq ans, et Mahé, vingt-huit. Le premier, figure du grand écrivain, siège aussi au comité central du Parti communiste. Le second est un émissaire du Kominform venu à Paris pour veiller au bon déroulement d’un procès politique d’importance. Très vite, entre Aragon et Mahé, une passion se noue en même temps que se multiplient les complots, les mensonges, les chaussetrapes. C’est que, dans cette France de l’après-guerre où les communistes tiennent le haut du pavé, il est impossible à Aragon comme à Mahé de s’afficher pour ce qu’ils sont.
Comment s’aimer ?
Comment s’aimer alors sans se renier ?
Telles sont les questions auxquelles Gérard Guégan nous confronte avec finesse et émotion.


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