sexta-feira, 14 de dezembro de 2012

A ACELERAÇÃO SOCIAL



O recente livro Aliénation et accélération - Vers une théorie critique de la modernité tardive (aqui na versão francesa), do filósofo alemão Hartmut Rosa, um dos mais conceituados representantes do que poderíamos chamar a quarta geração da escola de Frankfurt, é uma das obras mais inteligentes, lúcidas, estimulantes e actuais que lemos nos últimos tempos. Simplesmente notável.

Começa Rosa por se interrogar sobre o que caracteriza a modernidade? Segundo ele, a sociologia e a filosofia social podem ser entendidas como reacções a experiências de modernização. E essas formas de pensamento social emergem quando os indivíduos são confrontados com mudanças profundas do mundo em que vivem e, em particular, do tecido social e da vida social. «Dans la littérature de référence sur la modernité et la modernisation, ces changements sont interprétés et analysés en tant que processus de rationalisation (comme le diraient Weber ou Habermas), de différenciation (fonctionelle - comme l'affirment plusieurs théories, de Durkheim à Luhmann), d'individualisation (comme le soutiennent Georg Simmel à son époque et Ulrich Beck aujourd'hui) ou, enfin, en tant que domestication ou marchandisation, termes utilisés par les théoriciens, de Marx à Adorno et Horkheimer, qui portent une attention particulière à l'essor de la productivité humaine et de la raison instrumentale.»

Deixando, por momentos, de lado a sociologia clássica, e examinando a multitude (ou multidão) de reflexões sobre a modernidade no campo cultural apercebemo-nos que falta alguma coisa a essas análises. «Des auteurs et penseurs, de Shakespeare à Rousseau et de Marx à Marinetti, mais aussi de Baudelaire à Goethe, Proust ou Thomas Mann, remarquent presque invariablement (toujours avec étonnement, et très souvent avec inquiétude) l'augmentation de la vitesse de la vie sociale et, en fait, la transformation rapide du monde matériel, social et spirituel. Ainsi, en 1999, James Gleick, dans son livre Faster, observe (dès son sous-titre) l'"accélération d'à peu prés tout", tandis que Douglas Coupland, quelques années avant, présentait Génération X (dès son sous-titre) comme une suite de "contes pour une culture accélérée". Par la suite, Peter Conrad affirme dans sa volumineuse histoire culturelle que "la modernité est caractérisée par l'accélération du temps", tandis que Thomas Eriksen la définit sans détour en ces termes: "La modernisation est la vitesse."»

Antes de mergulhar nas categorias da aceleração, Hartmut Rosa refere de passagem Max Weber (A Ética Protestante e o Espírito do Capitalismo), quando este define a ética protestante como uma disciplina temporal rigorosa que considera a perda de tempo como "o mais mortal de todos os pecados".

Para Rosa não existe qualquer modo de aceleração universal e único que acelere tudo. Ao contrário, algumas coisas ralentissent, como o trânsito num engarrafamento e outras resistem contra ventos e marés às tentativas de as fazer passar mais depressa, como as constipações. Contudo, há muitos fenómenos sociais a que o conceito de aceleração pode ser aplicado de maneira pertinente. Os atletas parecem correr e nadar cada vez mais depressa; os fast-food, o speed-dating, as sestas relâmpago e os drive-through funerals parecem testemunhar a nossa determinação de acelerar o ritmo das nossas acções quotidianas, os computadores são cada vez mais rápidos, os transportes e a comunicação pedem apenas uma fracção do tempo necessário há um século, as pessoas parecem dormir cada vez menos, e mesmo os nossos vizinhos parecem mudar-se cada vez mais frequentemente.

Observando estes fenómenos, Rosa entende que podemos separá-los em três categorias analiticamente e empiricamente distintas: a aceleração técnica, a aceleração da transformação social e a aceleração do ritmo de vida. Tendo de sintetizar, salientemos que na aceleração da transformação social o autor escreve: «Pour le moment, je veux suggérer que le changement, dans ces deux domaines - la famille et le travail - a accéléré pour passer d'un rythme intergénérationnel aux débuts de l'ère moderne à un rythme générationnel dans la "modernité classique", puis à un rythme intragénérationnel dans la modernité tardive». A faceta mais opressora e espantosa da aceleração social é talvez a espectacular e epidémica "fome temporal" das sociedades modernas (ocidentais). Na modernidade, os actores sociais sentem de forma crescente que lhes falta tempo e que o esgotam. É a aceleração do ritmo de vida (social), que pode definir-se como "o aumento do número de episódios de acção ou de experiência por unidade de tempo", isto é, a necessidade de fazer mais coisas em menos tempo.

Hartmut Rosa analisa depois as forças motrizes da aceleração social. Considera o motor social (a competição) e o motor cultural (a promessa da eternidade). Segundo Rosa, quando se procura os mecanismos que suportam os processos de aceleração e de crescimento na sociedade moderna, não há dúvida de que os princípios essenciais e as leis do lucro inerentes á economia capitalista desempenham um papel determinante. A célebre frase atribuída a Benjamin Franklin "o tempo é dinheiro" é verdadeira a esse respeito. Donde conclui que «l'accélération sociale en général et l'accélération technique en particulier sont une conséquence logique d'un système de marché capitaliste concurrentiel.». Prosseguindo, entende Rosa que os actores sociais da modernidade não são simplesmente as vítimas sem defesa de uma dinâmica aceleratória que não podem controlar; ao contrário, a força motriz da aceleração é igualmente alimentada por uma forte promessa cultural: na sociedade moderna secular, a aceleração serve de equivalente funcional à promessa (religiosa) de vida eterna. «La société moderne est séculaire au sens où l'accent est mis sur la vie avant la mort.». Segundo esta concepção da vida, «la vie bonne est la vie accomplie», ideia que já não supõe a existência de uma "vida superior" depois da morte. «Goûter la vie dans toutes ses dimensions, toutes ses profondeurs et dans sa totale complexité devient une aspiration centrale de l'homme moderne.». E ainda: «La promesse eudémoniste de l'accélération moderne réside par conséquent dans l'idée (tacite) que l'accélération du "rythme de vie" est notre réponse (c'est-à-dire celle de la modernité) au problème de la finitude et de la mort,»

No capítulo da desaceleração social, o autor escreve: «Il semble ainsi plus que probable que la crise économique actuelle ne soit rien d'autre qu'un exemple manifeste des conséquences désastreuses de la tendance de la modernité tardive à se débarasser de toutes les institutions et régulations qui pourraient garantir une stabilié á long terme (par exemple infrastructurelle) pour la planification et l'investissement: la logique du capitalisme financier en général et des banques d'investissement en particulier est estrêmement myope et orientée à court terme. Elle vise à accélérer les vitesses de rotation du capital à tout prix - érodant ainsi les conditions préalables à des investissements économiques stratégiques, à long terme, "réels" et productifs.».

Porque este texto já vai longo, e o que importa é ler o livro, limitemo-nos a mais algumas citações.

«...il est presque évident que la formulation, le filtrage et la pondération collective d'arguments sont un processus chronophage. Cela est vrai dans le monde scientifique, où l'on pourrait très bien affirmé que la vitesse et la succession des conférences et des articles sont si élevées et, pire encore, que le nombre d'articles, de livres et de revues publiées est si excessif, que ceux qui écrivent et s'expriment dans cette époque où règne le mot d'ordre "publish or perish" ("publier ou mourir") ont beaucoup de mal à trouver assez de temps pour développer correctement leurs arguments, alors que ceux que lisent et écoutent sont perdus dans une jungle de publications et de présentations répétitives et à moitié achevées.».

«Même si l'on ne suit pas Habermas à la lettre, il est indéniable que la démocratie est un processus chronophage: la formation de la volonté et la prise de décision démocratiques (délibératives) nécessitent l'identification et l'organisation de tous les groupes concernés, la formulation de programmes et d'arguments, la formation de volontés collectives et, enfin, la recherche collective des meilleurs arguments.».

«En somme, il se pourrait bien que les mots, et même pire encore les arguments (ou, comme le spécule Myerson, le medium de la signification lui-même) soient devenus trop lents pour la vitesse du monde de la modernité tardive. Les modèles capitalistes de distribuition sont donc devenus plus ou moins inaccessibles ou imperméables aux revendications de justice: alors qu'il est extrêmement difficile d'évaluer les arguments pour ou contre certains modèles de distribuition, ces modèles sont tour simplement construits et reconstruits à une vitesse désarmante par le flux des courants socioéconomiques.».

«Considérons la différence entre les modèles contemporains de reconnaissance, ainsi que les peurs de la non-reconnaissance, et ceux et celles d'une âge prémoderne. Dans une société stratifié fondée sur la primauté de la propriété, les modèles de distribuition et de reconnaissance étaient préfixés: les positions, les privilèges, le statut et la reconnaissance que quelqu'un gagnait étaient plus ou moins définis par sa naissance. Un roi, un duc, un moine, un soldat ou un pauvre: tous avaient une part prédéfinie (statut, droits, privilèges, devoirs) sur une carte de distribuition structuré quasi ontologiquement. Il était donc possible d'être exclu de beaucoup de biens et de privilèges, et cette exclusion était due à la façon (fondé ontologiquement) dont fonctionnait le monde. Une lutte pour la reconnaissance (dans le monde macrosocial) était seulement possible en tant que lutte contre les structures sociales existantes et ne faisait donc probablement pas partie des préocupations quotidiennes.

«Aujourd'hui, il ne suffit pas d'atteindre des positions préfixées dans un jeu de compétition: les emplois et les familles ne durent pas toute la vie, ni les affiliations politiques et religieuses. Ainsi, il ne suffit pas d'être un directeur, un patron de presse ou un professeur (en haut du système de strates sociales) ou un employé de nettoyage, un vigile ou un concierge (vers le bas): la reconnaissance (et tout ce qui va avec: richesse, sécurité, privilèges, etc.) est distribuée en fonction de la performance; un directeur qui a de mauvais résultats selon les rapports d'activité trimestriels, un patron de presse dont les ventes dégringolent ou un professeur qui ne publie pas assez régulièrement dans les meilleures revues perdent sans cesse du terrain - et peuvent être mis á la porte tôt ou tard. Et même les employés de nettoyage et les concierges sont embauchés avec des contrats temporaires et obtiennent de nouvelles missions en fonction de leur performance.».

«Les positions que vous atteignez sont importants pour vos chances de conserver ou de gagner l'estime sociale - mais vous ne pouvez jamais les considérer comme certaines, et vous ne pouvez jamais être sûrs que ces positions resteront valables demain.».

Muito importantes as considerações sobre a aceleração como uma nova forma de totalitarismo.

«L'hypothèse que je voudrais défendre ici est que, en réalité, l'accélération sociale est devenue une force totalitaire interne à la société moderne et de la société moderne elle-même, et qu'elle doit donc être critiquée comme toutes les formes de domination totalitaire.».

«Je suggère que nous puissons considérer comme totalitaire un pouvoir lorsque a) il exerce une pression sur les volontés et les actions des sujets; b) on ne peut pas lui échapper, c'est-à-dire qu'il affecte tous les sujets; c) il est omniprésent, c'est-à-dire que son influence ne se limite pas à l'un ou l'autre des domaines de la vie sociale, mais qu'elle s'étend à tous ses aspects; et d) il est difficile ou presque impossible de le critiquer et de le combattre.».

«Nous appellerions évidemment "totalitaire" un régime qui amène ses sujets à se réveiller la nuit, en proie à une peur terrible et à une sensation de pression dans la poitrine - s'attendant à mourir dans la seconde, le coeur battant et le front ruisselant de sueur froide. Pourtant, nous pouvons être assez certains qu'il y a davantage de personnes qui se réveiilent toutes les nuits dans ces conditions précises dans les pays développés et soi-disant libres que dans, disons, l'Irak de Saddam Hussein ou même la Corée du Nord actuelle. Même les dictatures politiques brutales ne remplissent presque jamais complètement les conditions b, c et d. Il est toujours possible d'une manière ou d'une autre de résister, de se battre ou au moins de s'évader et d'échapper même aux services secrets des tyrans.».

Na linha de pensamento de Hartmut Rosa, poderíamos afirmar que, efectivamente, os regimes ditos "democráticos" do mundo ocidental são mais totalitários do que os regimes ditos "ditatoriais" da Coreia do Norte, da Síria ou do Iraque do tempo de Saddam Hussein.

«Bien au contraire, la politique "progressiste" - si le terme garde encore le moindre sens en 2010 - est aujourd'hui caracterisée par la volonté politique de ralentir les transactions et développements technologiques et économiques afin d'établir ou de conserver un peu de contrôle politique sur la direction et le rythme de la société (par exemple à travers des instruments comme la taxe Tobin). En revanche, les "conservateurs" libéraux optent de nos jours pour une accélération des processus socioéconomiques et technologiques par la réduction du contrôle politique. Nous trouvons, dans cette inversion du marqueur temporel de la politique entre progressiste et conservateur, une illustration claire de la désynchronisation entre la poliique et les sphères techno-économiques de la société, et donc du fait que l'idée d'organisation politique s'est transformée, passant d'un instrument de dynamisation sociale, aux débuts de la modernité et pendant la modernité classique, à un obstacle, ou à une nuisance, empêchant d'accélérer encore plus, dans les conditions de la modernité tardive.  En conséquence de quoi le projet néoliberal des deux décennies entourant l'an 2000 a en fait poursuivi la politique d'accélération de la société(et en particulier des flux de capitaux) en réduisant ou même en éradiquant le contrôle ou l'organisation politiques - à travers des mesures de dérégulation, de privatisation et de justification.».

«Mais une désynchronisation nocive n'apparaît pas seulement entre l'économie et les autres sphères de la vie sociale, elle apparaît aussi à l'intérieur même de l'économie: ainsi, l'accélération rapide des marchés financiers après les révolutions politique et numérique, autour de l'année 1989, a clairement mené à une rupture nette entre les vitesses en constante augmentation de l'investissement et du capital, d'une part, et le rythme tranquille de l'économie "réelle", c'est-à-dire de la production et de la consommation réelles, d'autre part. Comme nous le savons tous, ceci a eu comme résultat en 2008 la plus grave crise financière et économique depuis 1930. Tandis que les transactions économiques ou financières peuvent être accélérées presque indéfinement, il n'en va pas de même de la production et de la consommation: vous pouvez réaliser des profits en achetant et en revendant des actions en quelques fractions de seconde, mais il n'y a pas d'équivalent en ce qui concerne la production réelle - et, de même, vous pouvez acheter des biens et des services en quelques secondes, mais vous ne pouvez pas les consommer en quelques secondes. Il semble donc exister un fossé temporel se creusant toujours un peu plus entre l'achat et la consommation (pensez par exemple au fossé tempotel entre le fait d'acheter un livre et le fait de le lire, ou entre l'achat d'un télescope et son utilisation). Cette forme de désinchronisation culturelle fournit selon moi un point de départ particulièrment fructueux pour la réintroduction d'un concept de faux besoins dans la Théorie critique contemporaine.».

«Nous ne sommes jamais capables d'arriver à la fin de notre liste de choses à faire; en fait, la distance qui nous sépare du bas de la pile augmente presque quotidiennement. Ainsi, les gens qui travaillent dans le secteur du conseil aux dirigeants et aux élites, ainsi qu'un nombre croissants de "coachs", rapportent que l'un de leurs défis principaux est d'apprendre à leurs clients à accepter le fait qu'ils ne sont jamias capables de diminuer la liste des tâches qu'ils ont à accomplir, ou d'arriver à la fin de leur messagerie électronique, et d'interpréter ceci comme quelque chose de normal et de sain. Cela rappelle les psychologues qui travaillent sur les complexes de culpabilité des gens qui ont été élevés dans un environnement religieux restrictif. On a blâmé les Églises (souvent, bien sûr, pour de trés bonnes raisons) pendant des siècles pour avoir surchargé les fidèles de sentiments de culpabilité et de honte ("mea culpa, mea maxima culpa"). Pourtant, elles fournissaient également quelques moyens d'espoir et de soulagement. Premièrement, elles nous apprennent que l'homme est coupable par nature, et que notre faiblesse ne relève donc pas d'un échec individuel, et deuxièmement que Jésus-Christ est mort pour nos péchés: aussi coupables que nous puissons être, il y a de l'espoir. Et enfin, comme nous le rappelle Weber, dans l'institution de la confession et de l'absolution, l'Église catholique donnait au moins à ses ouailles un moyen de se soulager de ces sentiments de culpabilité. Ce n'est pas le cas de la société moderne: elle produit des sujets coupables sans possibilité de rémission ni de pardon. Nous devons payer le prix de tous nos défauts et de nos échecs, et la masse croissante de tous ceux qui sont exclus de la roue des hamsters par le chômage nous rappelle combien ce prix peut être élevé.».

«En effet, le capitalisme semblait être un système économique culturellement acceptable à la seule lumière de la conviction profonde - propagée et partagée par ses partisans, d'Adam Smith à Milton Friedman - qu'il finirait par devenir si productif et si fort que les êtres humains seraient enfin libres de poursuivre leurs projets de vie individuels, leurs rêves, leurs valeurs et leurs buts sans être menacés par les épées de Damoclès du manque, du déclin et de l'échec. L'accélération et la compétition pouvaient ainsi être considérées comme des moyens d'atteindre l'autodétermination. On l'aura compris, ma thèse est que cette promese n'est plus crédible dans la "société de l'accélération" moderne tardive. Le pouvoir de l'accélération n'est plus perçu comme une force libératrice, mais plutôt comme une pression asservissante.».

«Politiquement, il est devenu évident aujourd'hui que la pauvreté et le manque ne peuvent pas être vaincus dans une économie capitaliste. Les réformes politiques du XXIe siècle ne servent pas à amèliorer les conditions sociales et à modeler la politique selon des buts culturels et sociaux définis démocratiquement. Le but presque unique de l'organisation politique est plutôt de maintenir ou de rendre les sociétés compétitives, de soutenir leurs capacités à l'accélération.»

«Je veux suggérer ici que l'aliénation peut être définie préliminairement comme un état dans lequel les sujets poursuivent des buts ou suivent des pratiques que, d'une part, aucun acteur ou facteur externe ne les oblige à suivre - il existe des options alternatives possibles - et que, d'autre part, ils ne désirent ou n'approuvent pas "vraiment".»

«De façon similaire, en politique, l'aliénation peut émerger lorsque nous décidons de participer à une guerre que nous ne sentons pas vraiment justifiée (et que nous ne voulons pas "vraiment"), ou lorsque nous soutenons des politiques de renforcement de l'industrie automobile contre toute raison écologique: à chaque fois que nous faisons "volontairement" ce que nous ne voulons pas vraiment faire.».

«Pour le jeune Marx, une quintuple aliénation de l'homme résultait du mode de production capitaliste: aliénation par rapport à ses actions (au travail), à ses produits (aux choses), à la nature, aux autres êtres humains (au monde social) et, au bout du compte, par rapport à lui- ou elle-même.».

«Cependant, comme Paul Virilio et beaucoup d'autres l'ont observé, à l'âge de la "mondialisation" numérisée, la proximité sociale et la proximité physique sont de plus en plus séparées: ceux qui sont proches de nous socialement n'ont plus besoin d'être proches de nous physiquement, et vice-versa.».

«Avec ma vieille radio portative, je savais comment régler l'heure, avec la nouvelle, je ne sais pas; je n'ai jamais pris le temps de le découvrir. À l'époque des cassettes, je savais comment enregistrer une chanson à la radio, avec les nouvelles technologies, je ne sais pas. Avec mon vieux téléphone portable, je savais comment changer la sonnerie, mais pas avec le nouveau.».

«Ainsi, alors que les choses deviennent plus compliquées, je deviens plus stupide en ce qui les concerne; en fait, je perds certaines de mes connaissances culturelles et pratiques. Ceci est une conséquence naturelle de la dévaluation incessante de l'expérience par l'innovation. Je deviens également aliéné par rapport aux choses que je possède, au sens où je me sens mal parce que je ne les traite pas bien.».

«J'étais vraiment familiarisé au vieux programme Word-pour-DOS. J'en connaissait chaque option, chaque petit truc. Je pouvais faire tout ce dont j'avais besoin, J'étais également assez familier du système XP: je savais bien m'en servir sur la base de mes besoins quotidiens. Mais je me sens totalement illettré face à ma nouvelle interface Vista: je ne sais plus comment utiliser les raccourcis, comment insérer des graphiques et des tableaux, etc. En résumé: le nouveau logiciel et moi, nous demeurons véritablement aliénés l'un par rapport à l'autre, et la même chose se produit avec ma nouvelle montre, mon nouvel iPod (bon, pour être honnête, je n'utilise pas d'iPod, mais je ne comprends pas mon nouveau baladeur), mon nouveau micro-ondes.».

«L'aliénation émerge habituellement du fait que nous ne trouvons jamais le temps de nous informer réellement au sujet des choses qui sont le point de nous concerner. Chaque manuel, chaque contrat que nous signons (particulièrement sur Internet) et chaque comprimé que nous prenons impliquent d'abord l'avertissement "Merci de lire attentivement les informations suivantes avant d'effectuer quoi que ce soit" - et bien sûr nous ne lisons jamais (complètement) le manuel, le contrat et les "conditions générales", ou la notice du médicament, avant de les utiliser. Ainsi, la surcharge d'information est l'une des raisons de notre sentiment d'aliénation (que nous l'appelions ainsi ou pas) dans le monde moderne.».

«Nous possédons davantage de livres, de CD, de DVD, de télescopes, de pianos, etc., que jamais auparavant, mais nous ne pouvons pas les digérer. Puisque la "digestion" demande trop de temps et que nous ressentons un besoin impérieux et croissant de ratrapper le retard temporel, nous compensons de plus en plus la consommation irréalisé à travers le shopping.»

«Ainsi, dans un sens, l'accélération mène simplement et directement d'abord à la désintégration, puis à une érosion de l'attachement: nous échouons à intégrer nos épisodes d'action et d'expérience (et les marchandises que nous acquérons) à la totalité d'une vie, et par conséquent nous sommes de plus en plus détachés, ou désengagés, des temps et des espaces de notre vie, de nos actions et de nos expériences, et des choses avec lesquelles nous vivons et nous travaillons. Il n'est pas surprenant que cela soit valable également pour le monde social. Comme Kenneth Gergen l'a dit de façon convaincante, l'être de la modernité tardive rencontre tant d'autres personnes (dans le trafic, au téléphone, par e-mail, etc.) en si peu de temps qu'il est complètement "saturé".».

«Le fait que l'autoaliénation soit donc un danger imminent dans la société de l'accélération moderne tardive est presque évident à partir de ce que j'ai montré jusqu'à maintenant. Si nous sommes aliénés par rapport à l'espace et au temps ainsi que par rapport à nos propres actions et expériences et par rapport à nos partenaires d'interaction, nous ne pouvons que difficilement échapper à une sensation de profonde aliénation de soi.».

«Ce qui pourrait très facilement mener à l'"épuisement de l'être" ou même au burn-out et à la dépression, comme Alain Ehrenberg le suggère.».

«Pour les sujets de la modernité tardive, le monde (qui inclut le moi) est devenu silencieux, froid, indifférent ou même repoussant. Cela indique cependant l'existence d'une forme d'aliénation très poussé si la "réactivité" dans la relation moi-monde est l'"opposé" adéquat de l'aliénation. Ce dont nous avons besoin, bien sûr, est un examen poussé de ce à quoi pourrait ressembler une forme de vie non aliénée, dont, jusqu'ici, je ne dispose pas même d'une esquisse.».

«L'idée que nous soyons réduits à lancer un appel dans le monde et à attendre une réponse que nous pourrions bien ne jamais obtenir est non seulement à la racine des analyses existentialistes de l'absurde, comme chez Camus, mais elle est également au coeur du concept d'aliénation du jeune Marx, de l'inquiètude de Weber au sujet du désenchantement, de l'analyse de l'anomie par Durkheim, de l'analyse de la réification chez Lukács (et chez Marcuse ou Honneth) et de la crainte d'Adorno et Horkheimer d'une domination complète de la raison instrumentale.».

No fim, uma palavra de advertência:

«Si vous croyez par exemple que Satan se cache à tous les coins de rue, vous pouvez commencer à considérer le monde comme un endroit hostile.».

Se bem interpretamos Hartmut Rosa, o mundo actual, na generalidade, é um local onde já não apetece viver.

Alongámo-nos mais do que o previsto, mas as citações a que procedemos pareceram-nos indispensáveis, quer objectivamente, quer no que respeita às nossas próprias preocupações pessoais.

Este é um dos livros mais importantes que lemos nos últimos anos. É de uma percuciente actualidade e, premonitoriamente, põe-nos de sobreaviso quanto ao que o futuro nos reserva ou poderá reservar. Além do mais, sendo obra de um conceituado filósofo, está escrito de forma absolutamente acessível e não numa linguagem hermética, de difícil penetração. Honra ao autor e, obviamente, também ao tradutor.

Os interessados na matéria, para quem as citações são insuficientes e forçosamente avulsas em relação ao contexto geral,  e nem poderia ser de outra forma, a menos que transcrevêssemos o livro inteiro, deverão ler rapidamente esta obra, pois nem sequer é um "tijolo", tem apenas 150 páginas.

8 comentários:

Anónimo disse...

Muito longo mas excelente. É mesmo o que se passa hoje. Este homem deveria governar a Europa, ainda por cima é alemão. A senhora Merkel ao lado dele é um protozoário.

Marques disse...

1) Já que a este post é atribuida muita importância pelo bloguista, que o recheia de vastas citações,permito-me avançar com outra. Dados os limites de espaço dos comentários,o meu próprio ficará para 2ª parte. Trata-se de uma passagem de um discurso de 25 de Junho de 1942:
"O mundo anda aturdido. A rádio,o jornal,a revista;o informador,o comunicado,a gravura,a notícia,o comentário;os exageros,as verdades e o resto que não será nem uma nem outra coisa sopram em rajadas,desabam em bátegas fortissimas,que escurecem o horizonte. Não se vê a dois passos. E embora alguns creiam ter-se atingido a saturação,quer dizer o enjoo e a inutilidade,sentem-se os espíritos embaraçados,enleados nas contradições,no excesso de pseudo-factos e de ideias já feitas. Precisamente o que se pretende é que não se reflicta,se não deduza,se aceite uma verdade ou uma noção já prontas a servir,para para fazer proselitismo."

Marques disse...

2) O texto de 1942,na minha modesta opinião,substitui com vantagem,graças à qualidade da expressão e à capacidade de síntese,uma boa parte,se não todas as longas citações do abstruso prof.Rosa,que tanto entusiasmam o autor do blogue. Alem disso,como se verifica,já em 1942,e provavelmente em 1842 se sentiam os "terriveis" efeitos da aceleração e alienação,agora apresentados como fenómeno do nosso tempo,quando nada mais são do que o um segmento da substância da evolução histórica. Tomar os fenómenos de hoje como algo de extraordinário,assustador,apocalíptico,não os integrando e relativizando,no contexto evolutivo geral,é coisa que se pode desculpar num qualquer dr. Topsius,mas menos no culto e relido autor do blogue. Se o que vai acontecendo é motivo para temor e tremor,fica-se como no poema da Sophia,"Ia e vinha,e a cada coisa perguntava que nome tinha"... E o Livro do Apocalipse já tem uns 2000 anos bem contados...

Blogue de Júlio de Magalhães disse...

PARA MARQUES:

Para esclarecimento dos leitores, seria interessante que indicasse o autor do discurso de 1942.

Marques disse...

Todos os seus esclarecidos leitores saberão de ciência certa que se trata de um excerto de um discurso a que foi dado o título de "Defesa económica-Defesa moral-Defesa política",proferido aos microfones da Emissora Nacional pelo Presidente do Conselho,Prof. Oliveira Salazar. O texto citado encontra-se a pags.335 do III volume dos "Discursos e Notas Políticas",Coimbra Editora.

Blogue de Júlio de Magalhães disse...

Para cabal esclarecimento dos leitores, informo que Hartmut Rosa, antes de escrever o livro que é objecto deste post, escreveu um outro, na tradução francesa "Accélération: une critique sociale du temps", que é uma obra da qual a agora analisada é um resumo e uma actualização.

Transcreve-se uma nota sobre a primeira obra:

«L'expérience majeure de la modernité est celle de l'accélération. Nous le savons et l'éprouvons chaque jour : dans la société moderne, " tout devient toujours plus rapide ". Or le temps a longtemps été négligé dans les analyses de la modernité au profit des processus de rationalisation ou d'individualisation. C'est pourtant le temps et son accélération qui, aux yeux de Hartmut Rosa, permettent de comprendre la dynamique de la modernité. Pour ce faire, il livre dans cet ouvrage une théorie de l'accélération sociale susceptible de penser ensemble l'accélération technique (celle des transports, de la communication, etc.), l'accélération du changement social (des styles de vie, des structures familiales, des affiliations politiques et religieuses) et l'accélération du rythme de vie, qui se manifeste par une expérience de stress et de manque de temps. La modernité tardive, à partir des années 1970, connaît une formidable poussée d'accélération dans ces trois dimensions. Au point qu'elle en vient à menacer le projet même de la modernité : dissolution des attentes et des identités, sentiment d'impuissance, " détemporalisation " de l'histoire et de la vie, etc. L'auteur montre que la désynchronisation des évolutions socioéconomiques et la dissolution de l'action politique font peser une grave menace sur la possibilité même du progrès social. Marx et Engels affirmaient ainsi que le capitalisme contient intrinsèquement une tendance à " volatiser tout ce qui est solide et bien établi ". Dans ce livre magistral, Hartmut Rosa prend toute la mesure de cette analyse pour construire une véritable " critique sociale du temps " susceptible de penser ensemble les transformations du temps, les changements sociaux et le devenir de l'individu et de son rapport au monde.»

Blogue de Júlio de Magalhães disse...

Não indiquei, por lapso, que ao contrário da segunda obra, que tem apenas 150 páginas (uma preciosa síntese), a obra inicial conta com 500 páginas.

Marques disse...

Agradeço a citação de 20/12/12,pelas 1.46,texto que só me reconforta na minha posição expressa na alínea 2 do meu comentário. E concluiria,a propósito da relevância das opiniões do tal Rosa,com mais uma citação do mesmo (decididamente muito fértil)discurso: "que há aí tal com ideias assentes sobre a grande estratégia e os problemas mundiais; muitos se admiram porventura de não serem ouvidos nos quarteis generais,nem seus modos de ver escutados pelos grandes chefes. O nosso Tolentino já os tinha retratado;
"E este concílio profundo
Sem ter um palmo de terra,
Está repartindo o mundo."