Pela sua importância, transcrevemos o editorial de Laurent Joffrin, publicado no Nouvel Observateur desta semana (nº 2491 - 2 a 8 de Agosto 2012):
BCE : le vrai remède contre la crise de la dette
En dépit du dogme libéral, racheter les bons émis par les Etats
permettrait de desserrer le carcan qui les emprisonne.
Georges Brassens a raconté l'histoire de Corne d'Aurochs, ce personnage
buté, mort pour avoir refusé le médicament dû à un Allemand. L'Europe
aujourd'hui risque le même sort. Elle refuse de prendre le médicament
qui la sauverait parce qu'il est dû à un Anglais : John Maynard
Keynes. Un préjugé stupide empêche en effet les gouvernements européens
voués à l'orthodoxie libérale de se dégager de la crise
de la dette.
On ne le répétera jamais assez : il leur suffirait pourtant de demander à leur banque centrale de financer les Etats endettés. Le fardeau qui les paralyse serait allégé et les marchés qui craignent la faillite de leurs débiteurs seraient rassurés. Seulement voilà, il faudrait contredire l'establishment bancaire et abjurer le dogme qu'il impose depuis des décennies aux peuples.
Trois solutions
Il n'y a pourtant pas 100 solutions pour sortir du piège. Si l'on
excepte la condamnation des créanciers pour
sorcellerie, la saisie des biens des Templiers ou la guerre
de conquête, qui permettaient autrefois aux rois endettés de faire face, on ne
trouvera que trois remèdes.
1. Poursuivre dans la voie choisie
depuis deux ans, c'est-à-dire exiger des peuples une livre de chair. Outre que
cette politique d'austérité provoque des souffrances inédites en Europe depuis la guerre,
elle est en passe de plonger le continent dans une récession qui
asséchera les recettes fiscales et rendra le remboursement
encore plus difficile. On choisit l'austérité pour
éviter la banqueroute. On aura l'austérité
et la banqueroute.
2. On peut déclarer qu'on ne paiera pas. Les
pays les plus atteints, la Grèce en tête, annonceraient un beau
matin qu'ils renoncent à rembourser leurs créanciers. Outre que ces
créanciers ne sont pas tous riches et que le défaut appauvrirait d'un
coup une partie des classes moyennes, les pays concernés se couperaient de
tout crédit. Qui prête à un mauvais payeur ?
Pour continuer à verser les salaires de leurs fonctionnaires,
il leur faudrait rétablir leur monnaie nationale, sérieusement
dévaluée, autrement dit faire voler en éclats la zone euro. Cette
panique égoïste créerait un pandémonium financier et ferait reculer l'Europe
politique de 30 ans.
3. La troisième solution, si elle
n'a rien d'enthousiasmant, est la seule raisonnable.
Comme le fait la Réserve fédérale, comme
le fait la Banque d'Angleterre, la Banque centrale
européenne serait conviée poliment mais fermement à racheter les bons émis
par les Etats. Les créanciers auraient la certitude de
revoir la couleur de leur argent et les Etats verraient se
desserrer le carcan qui les emprisonne.
Les banquiers décident à la place des électeurs
Gouvernements et marchés en seraient confortés et les peuples appelés
à un effort supportable, en lieu et place d'une austérité mortifère. Bien sûr,
c'est un expédient. Il ne dispense d'aucune réforme de structure, celle qui
rééquilibrerait le budget à terme ou celle qui verrait les marchés
remis à leur place par une régulation sérieuse.
Bien sûr, il y faudrait une prudence de chat pour éviter que la création
monétaire induite ne débouche sur une crise inflationniste. Mais il y a
de la marge. Nous sommes en déflation. Brandir
aujourd'hui le risque d'inflation, c'est dénoncer les risques
de la chaleur en plein hiver.
Irréalisme ? Cette solution est si peu utopique qu'elle est déjà mise en
oeuvre par la BCE de Mario Draghi, mais au seul profit des banques,
qui peuvent réclamer àla BCE un financement illimité. On refuse d'en
étendre le bénéfice aux peuples. Rien d'étonnant : dans ce monde
dominé par lafinance, les banquiers continuent de décider
à la place des électeurs. A quand le sursaut ?
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