sexta-feira, 24 de janeiro de 2020

AINDA O SEXO EM ROMA ANTIGA







Na sequência do post que publiquei o mês passado neste blogue sobre uma obra tratando da vida sexual na antiga Roma, e onde são feitas muitas referências e citações do livro do escritor francês Pascal Quignard, Le sexe et l'effroi (1994), que possuo desde que foi editado, resolvi lê-lo agora, só lamentando não o ter feito anteriormente, mas não há tempo para estar em dia com todo o acervo de uma biblioteca.

Pascal Quignard (n. 1948) é um nome conhecido do público português. Autor de vasta obra, alguns dos seus livros encontram-se traduzidos na nossa língua, nomeadamente Tous les matins du monde (1991) (Todas as manhãs do mundo), adaptado ao cinema por Alain Corneau, e La frontière (1992) (A fronteira - Azulejos do Palácio Fronteira).

Pessoa de vasta erudição, dotado de uma cultura enciclopédica, Pascal Quignard está à vontade no grego como no latim, na Cultura Helénica como na Cultura Romana, na literatura como nas artes plásticas ou na música. Cultiva todos os géneros literários e dedica especial interesse à sexologia, como se comprova especialmente por Le sexe et l'effroi. Lendo este livro, a que a autora de A Vida Sexual na Roma Antiga recorreu frequentemente, obtemos uma perspectiva mais abrangente de certas matérias abordadas por Géraldine Puccini-Delbey.

Não farei longas transcrições deste livro de Quignard mas apenas algumas referências que se me afiguram curiosas.

O autor dedica o primeiro capítulo do livro a "Parrhasios et Tibère", lembrando que o imperador Tibério coleccionava desenhos e quadros do pintor grego Parrhasios de Éfeso, de quem os Antigos diziam ser o inventor da pornographia, por volta de 410 AC. A palavra designa "pintura de prostituta" e Parrhasios amava a puta Théodoté, a quem pintava nua.

«Je veux méditer sur un mot romain difficile: la fascinatio. Le mot grecque de phallos se dit en latin le fascinus. Les chants qui l'entourent s'appellent "fescennins". Le fascinus arrête le regard au point qu'il ne peut s'en détacher. Les chants qu'il inspire sont à l'origine de l'invention romaine du roman: la satura.» (p. 11)

«Suétone rapporte que l'empereur Tibère fit mettre dans sa chambre à coucher un tableau de Parrhasios qui représantait Atalante ayant pour Méléagre une "honteuse complaisance" (Meleagro Atalanta ore morigeratur). [...] Dans sa retraite de Capri, Tibère imagina d'aménager une pièce garni de bancs pour ses désirs sécrets (arcanarum libidinum). Là, il rassemblait des troupes de jeunes filles et de jeunes débauchés pour des accouplements monstrueux qu'il appelait spintrias (sphincters), qu'il mettait en scène suivant une triple chaîne, et qui se prostituaient entre eux pour ranimer par cette vision ses désirs défaillants (deficientis libidines). [...] Il appelait "petits poissons" (pisciculus) des enfants de l'âge la plus tendre qu'il avait habituer à se tenir et à jouer entre ses cuisses pendant qu'il nageait pour l'exciter avec leur langue et de leur morsure (lingua morsuque).Il donnait en guise de sein à têter ses parties naturelles à des enfants non encore sevrés afin qu'ils le déchargeassent de son lait. C'est ce qu'il préférait.» (pp. 15-16)

«Il n'y a jamais eu d'homosexualité ni grecque ni romaine. Le mot "homosexualité" apparut en 1869. Le mot "hétérosexualité" apparut en 1890. Ni les Grecs ni les Romains n'ont jamais distingué homosexualité et hétérosexualité. Ils distinguaient activité et passivité. Ils opposaient le phallos (le fascinus) à toutes les orifices (les spintrias). La pédérastie grecque était un rite d'initiation sociale. Par la sodomisation rituelle du pais, le sperme de l'adulte transmettait la virilité à l'enfant. Le verbe grec pour dire la sodomie, einspein, est traduit mot à mot par le latin inspirare. L'aimé se soumet au citoyen plus âgé, et en reçoit la chasse et la culture, qui se résument toutes deux dans la guerre.» (pp. 16-17)

«La morale sexuelle romaine était rigide. Elle était statutaire et strictement active chez les hommes. Le père de Sénèque la résume (Controverses, IV, 10) quand il fait prononcer au consul Quintus Haterius cette sentence: Impudicitia in ingenuo crimen est, in servo necessitas, in liberto officium (La passivité est un crime chez un homme; chez un esclave, c'est un devoir absolu; chez un affranchi, c'est un service qu'il a le devoir de rendre à son patron.) (p. 18)

«Les moeurs romaines sont strictes: la sodomie et l' "irrumation" sont vertueuses; la fellation et la passivité anale sont infâmes. Pedicare, c'était sodomiser l'anus. Irrumare, c'était sodomiser la bouche. La fellation est un mot moderne qui en dit long sur la société qui l'a élu. Fellare, c'est-à-dire sucer spontanément, est incompréhensible pour un Romain. On ne peut qu'activement irrumare le congénère, c'est-à-dire, le contraindre à le lécher et à le mordiller jusqu'à ce qu'il en recueille la sève.» (p. 19)

«Tous les jeunes hommes nés libres (praetextati et ingenui) sont intouchables - et c'est en quoi les Romains s'opposèrent à l'initiation paid-erastiké des paides (des jeunes gens) par les érastes (les adultes) que la polis grecque avait instituée.» (pp. 19-20)

 «L'esclave ne peut sodomiser son maître. C'est l'interdit majeur selon Artémidore. Même, cette vision surgissant au cours d'un rêve crée un certain nombre de problèmes à celui qui l'a vue dans la clandestinité de son âme et dans le silence de la nuit. La sodomie des esclaves par les maîtres était la norme. Les patriciens tendaient le doigt. Ils disaient: Te paedico (Je te sodomise) ou Te irrumo (J'emplis ta bouche de mon fascinus). C'était la sexualité de Cicéron à la fin de la République. C'est celle de Sénèque sous l'Empire.» (pp. 23-24)

«Rien n'est moins chaste que cette chasteté. Une anecdote de Macrobius fait comprendre la castitas (Saturnales, II, 5, 9). On s'étonnait devant Julie l'ainée de l'incroyable ressemblance que ses trois enfants avaient avec leur père (Agrippa). Julie l'ainée répondit: Nunquam enim nisi navi plena tollo vectorem (Je ne prends de passager que quand la cale est pleine). La femme pleine qui est saillie est chaste puisqu'elle demeure intacte quant à la lignée.» (p. 28)

«En 18 AC Auguste réglementa la sexualité des citoyens. C'est la lex Julia de adulteriis coercendis. L'empereur alla jusqu'à faire déporter sa fille Julia qui avait épousé son beau-fils Tibère. La peine prévue à l'amour des matrones ne fut plus la mort mais la relegatio in insulam (la relégation sur une île à partir d'Auguste, avant de redevenir la mort sous l'empereur Constantin). Ce fut le début d'une longue ère repressive dont le parti chrétien deux siècles plus tard retira tout le profit. [...] Durant deux siècles, la tyrannie se prétendit outrée de l'expansion de l'obséquiosité, de la passivité virile (de l'impudicitia) qu'elle organisait dans les têtes des chefs de clan et qu'elle rédigeait dans les lois. Le pouvoir, à Rome, lia un seul faisceau (le mot fascis, qui désigne les baguettes de bouleau reliées par une courroie que tiennent les licteurs qui précèdent les Pères qui se rendent à la curie est le même que celui qui désigne le fascinus, la fascination, le fascisme) la puissance sexuelle, l'obscénité verbale, la domination phallique et la transgression des normes statutaires.» (pp. 37-38)

«Les fresques des peintres romains comme l'arène dans l'urbs étaient les profits de la mort affrontée. Il n'y eut pas que Tibère à se passionner pour Parrhasios le Pornographe. Une page de Sénèque le Père construit un petit roman autour de Parrhasios qui lie le regard et la mort qui vient. C'est le regard de l'effroi - et Parrhasios lui-même quatre cents ans plus tôt a écrit sur une de ses peintures qu'il attribuait aux visiones nocturnae qu'apportent les rêves.» (p. 47)

O segundo capítulo é dedicado à pintura romana e começa com um diálogo de Xenofonte mostrando Sócrates inquirindo junto de Parrhasios sobre a essência da pintura. Demasiado longo para aqui ser reproduzido.

«Les Romains révéraient le paradis sous forme de jardin. Paradeisos est un mot grecque qui voulait dire "parc". Une école philosophique s'appela l'Académie; une autre s'appela le Lycée; une autre encore le Portique; la plus austère et certainement la plus profonde, elle qui exerça sur Rome l'influence dominante (dès -230) s'appela le Jardin. Les grandes familles romaines sous le principat d'Auguste, dépouillées de leurs privilèges politiques, cherchèrent à se distinguer des autres classes par la beauté des villas et des jardins, le nombre des esclaves, les dépenses de table, la rareté des objects, l'antiquité des oeuvres sculptées et peintes, la collection de splendeurs arrachées au peuple vaincu et qui formaient le "butin du monde" que les dignitaires de l'empire victorieux se partageaient. L'inutilité du service (officium) imite l'otium (l'oisiveté) des princes. Et l'otium des princes imite l'ataraxia des dieux du fond du ciel.» (pp. 68-69)

«Que veut dire le mot suavis en romain? Quand Lucrèce ouvre le second livre De
la nature des choses, cherchant à définir la sagesse grecque d'Épicure
(l'eudaimonia accessible à l'homme) il décrit la suavitas (la douceur). Il commence
ainsi: Suave est observer du rivage le naufrage d'autrui. Suave est contempler du
haut du bosquet les guerriers qui s'entretuent dans la plaine. Suave est replonger
le monde dans la mort et contempler la vie en se soustrayant à tous les liens et à
tous les effrois. Lucrèce ajoute que la suavitas n'est en aucun cas la crudelitas (la
cruauté): la crudelitas consiste daans la voluptas devant la souffrance des
humains.» (p. 71)

O terceiro capítulo é consagrado ao fascinus.

«Le désir fascine. Le fascinus est le mot romain pour dire le phallos. Il se trouve une pierre où est sculpté un fascinus grossier que le statuaire a entouré de ces mots: Hic habitat felicitas (Ici réside le bonheur). Toutes ces têtes epouvantées de la villa des Mystères - qu'on aurait été mieux inspiré d'appeler la villa du Fascinant, ou encore la chambre fascinante - convergent vers le fascinus dissimulé sous le voile dans son van. Comme la mentula (le pénis) n'est nullement le propre de l'humanité, les sociétés humaines évitent d'exhiber un organe érigé (fascinum) qui rappelle de façon trop voyante leur origine bestiale.» (p. 74)

«Martial écrit: Crede mihi, non est mentula quod digitus (Crois-moi, on ne commande pas à cet organe comme à son doigt, Épigrammes, VI, 23). Pline appelait le fascinus le "médecin de l'envie" (invidia). C'est le porte-bonheur de Rome. Un homme (homo) n'est un homme (vir) que qund il est en érection. [...] En - 271, Ptolémée II Philadelphe, pour célébrer la fin de la première guerre de Syrie, se plaça à la tête d'un grand cortège de chars qui exhibaient au regard de tous les richesses de l'Inde et de l'Arabie. L'un de ses chars portait un énorme phallos en or de cent quatre-vingts pieds de long que les Grecs appelaient Priapos. Le nom de Priapus supplanta peu à peu à Rome le nom de Liber Pater.» (p. 76)

«Un ludibrium [indecência sexual] fonde l'histoire chrétienne. La scène primitive
du christianisme - le supplice servile de la croix réservé à celui qui se prétend Dieu,
la flagellatio, l'inscription Iesus Nazarenus Rex Iudeaorum, le manteau pourpre
(veste purpurea), la couronne royale faite d'épines (coronam spineam), le sceptre de
roseau, la nudité infamante - est un ludibrium conçu pour faire rire.» (p. 79)

«Chaque homme a un genius qui sauvegarde ses genitalia de l'impotentia et protège sa gens de la stérilité. Galien a écrit de façon plus étonnante que le logos spermatikos était aux testicules ce que l'ouïe était à l'oreille et ce que le regard était aux yeux.» (p. 81)

«Le sexe est lié à l'effroi. Dans Apulée, Psyché s'interroge (Métamorphoses, VI, 5): "Dans quelle nuit (tenebris) puis-je me cacher (abscondita) pour fuir (effugiam) les yeux inévitables (inevitables oculos) de la grande Venus (magnae Veneris)? Lucrèce parle d'un "effrayant désir" (dira cupido) et il définit la cupiditas de ce désir comme la "blessure secrète" (volnere caeco) des hommes. Virgile définit l'amour lui-même: "une ancienne et profonde blessure qui brûle d'un feu aveugle ou secret" (gravi jamdudum saucia cura volnus caeco igni). Catulle en fait une maladie à  mort (Carmina, LXXVI): "Ô Dieux, si la pitié est votre partage, si vous accordez autre chose que l'effroi aux hommes à l'heure de mourir, posez les yeus sur moi (me miserum adspicite), sur ma misère. Ma vie a été pure. Aidez-moi en retour. Délivrez-moi de cette peste (pestem): l'amour, ce poison (torpor) glacé dans mes os, qui se distille dans mon sang, qui chasse la joie (laetitia) du coeur.» (pp. 84-85)
 
«Apotropaion veut dire en grec l'effigie qui écarte le mal et dont le caractère terribilis provoque en même temps le rire et l'effroi. Le grec apotropaion se dit en latin fascinum. Le fascinum (le fascinus artificiel) est un baskanion (un préservatif contre le mauvais oeil). Plutarque dit que l'amulette ithyphallique attire le regard du fascinateur (fascinator) pour l'empêcher de se fixer sur la victime.» (p. 87)

«"Notre quartier regorge tellement de divinités protectrices qu'on y rencontre un dieu plus facilement qu'un homme", déclare soudain Quartilla dans le roman de Pétrone. (On rencontre plus fréquemment dans les rues de Rome, de Pompéi ou de Naples, un fascinus de pierre ou de bronze qu'une mentula d'homme.) À Naples, à Anicetus venu l'assassiner dans son lit, Agrippine cria: "Frappe au ventre!". "Frappe au ventre!", c'est le mot de Rome. Dans le roman d'Apulée, Photis se tourne vers Lucius et aperçoit son sexe dressé qui retrousse sa tunique (inguinum fine lacinia remota). Elle se met nue, monte sur lui et, dissimulant avec sa main rose sa vulve épilée (glabellum femina rosea palmula obumbrans), lui crie: Occide moriturus! (Frappe à mort qui doit mourir!)» (pp. 88-89)

«[...] Marius a soixante-dix ans. Le vin l'a rendu tremblotant. Il meurt après avoir exercé sept jours son septième consulat. Il avait si violemment usé sa mentula dans la débauche qu'un garde, voyant sa tunique retroussé dans l'agonie de sa mort, remarqua que le bout de chair qui lui restait n'atteignit pas la taille d'un ongle. En -79 Sylla abdique sa dictature. Il se retire dans sa maison de Cumes. "L'heureux Sylla" (Felix Sylla) meurt après s'être vu rongé tout vivant par les vers qui avaient attaqué en premier lieu sa mentula. On se souvient du mot de César sur Brutus: "Je ne redoute pas ceux qui aimaient la débauche ni n'appréhende ceux qui convoitent le luxe: je crains les maigres et les pâles." Le jour des Ides de Mars, après Metellus eut pris la robe de César à deux mains et eut découvert l'épaule, Casca frappa le premier de son épée. Tous frappèrent à leur tour ou ensemble et certains se blèsserent entre eux en désirant frapper. Plutarque dit que César mourut percé de vingt trois coups. Le coup de Brutus, son neveu, fut pour l'aine de César, parce que son oncle avait plongé sa mentula dans le sexe de sa mère.» (pp. 90-91)

«Aristote définit le sexe mâle (Des parties des animaux, 689, a): "ce qui augmente et diminue de volume". Metamorphôsis est le désir masculin. Physis en grec signifie aussi bien la nature que le phallos.» (p. 97)

O quarto capítulo é dedicado a Perseu e Medusa.

«Il peut nous arriver de regarder quelque chose de beau avec l'idée que cela peut nuire. Nous l'admirons sans joie. Par définition le mot admiration ne convient pas: nous vénérons quelque chose dont l'attrait qu'il exerce sur nous tourne à l'aversion. En employant le mot "vénérer" nous retrouvons Vénus. Nous retrouvons aussi le mot de Platon refusant de distinguer la beauté et l'effroi. Alors nous approchons du verbe "méduser": ce qui entrave la fuite de ce qu'il nous faudrait fuir et qui nous fait "vénérer" notre peur même, nous faisant préférer notre effroi à nous-mêmes, au risque que nous mourions.» (p. 107)

Pascal Quignard descreve-nos a forma como Perseu cortou a cabeça de Medusa. Depois refere outras figuras mitológicas, entre as quais: «Il y a trois figures ailées: Hypnos, Éros, Thanatos. Ce sont les modernes qui distinguent le songe, le fantasme et le fantôme. [...] Le sommeil est même un dieu plus grand que la mort et le désir. Hypnos (Somnus)est le maître d'Éros et de Thanatos puisque le plaisir ravit les hommes dans le sommeil comme la mort les éternise. » (pp. 112-113)

«Caravage disait dans les premières années du XVII siècle: "Tout tableau est une tête de Méduse. On peut vaincre la terreur par l'image de la terreur. Tout peintre est Persée." Et le Caravage peignit Méduse» (p. 118)

«La confidence d'Ulysse dans l'Odyssée dit peut-être le secret de ce masque. Il y a deux masques. Celui de la mort et celui de Phersu. Phersu en étrusque désigne le porteur du masque de mort. Le Phersu étrusque sera le Perseus grec. » (p. 120)

O capítulo quinto trata do erotismo romano.

«Le voile, le pectoral et les brodequins sont les trois attributs de l'érotisme romain. Alètheia dit aussi le dévoilement d'un voile. La vérité (a-lètheia) est le non-oublié. Le poète oral, grâce aux Muses filles de la Mémoire, sauve de l'oubli (lèthè) les mythes qu'il prononce» (p. 132)

«Le regard de l'homme troue les femmes. Ce regard qui troue, qui porte en lui-même la possibilité de trouer, peut trouer celui qui regarde. Tout voyeur a peur pour son sexe, a peur que son sexe devienne un trou. Chez les Anciens, loin de se porter sur son pénis dressé en fascinus, la castration de celui qui voit devient celle de ses yeux. L castré, par condensation, c'est aveugle. Homère, Tirésias, Oedipe. Celui qui a été fasciné, celui qui a vue en face perd ses yeux.» (p. 141)

O capítulo sexto tem por título "Pétrone et Ausone".

«Le Satiricon est l'oeuvre de Caius Petronius Arbiter. Le Satiricon est une satura (un pot-pourri de nature érotique ou indécente), la satura étant liée à l'origine aux vers fescennins et au ludibrium qui avaient cours lors des yeux sarcastiques qui accompagnaient la procession du Fascinus de Liber Pater. Les érudits ont finalement apporté la preuve que l'auteur du Satiricon et le grand consulaire qu'évoque Tacite dans les Annales à l'année 67 étaient une seule et même personne. Pétrone naquit à Marseille au temps de la vieillesse d'Ovide exilé. Il fut proconsul et consul. [...] Les éditeurs du XVII siècle ont donné à tort à cette véritable satura le nom de satiricon dont on ne possède plus que quelques longs extraits et de petits lambeaux. L'action se passe en Campanie dans une ville près de Naples - peut-être Pompéi, peut-être Oplontis, peut-être Herculanum - puis à Cumes (là où la Sibylle dans son ampoule murmure en grec: "Je veux mourir" et où Pétrone est contraint par Tigellin à mourir) et enfin à Crotone.» (pp. 148-149)

Depois, Quignard passa a descrever o conteúdo de Satiricon.

«Pétrone écrivit son roman en 66 et en 67. [...] Le consul Decimus Magnus Ausonius fut le maître de Paulin de Nole et de l'empereur Gratien. Ausonius est chrétien et s'adresse à Paulus, lui-même chrétien. Le ludibrium d'Ausonius est d'un goût douteux: faire de l'oeuvre de Virgile (surnommé "la Vierge" à cause de sa pudeur: Parthenien dictum causa pudoris) un ludibrium (un sarcasme obscène) en en des vers ou des fragments de vers dans chacun de ses poèmes. Mais ce choix lui-même, qui ouvre le Moyen-Âge, avoue cependant en mêlant des images tirées des Géorgiques à d'autres empruntées à l'Enéide une vision de l'amour et un puritanisme qui n'appartiennent en aucun cas à l'étrusque Publius Vergilius Maro. Ausonius présente de la façon suivante son puzzle sarcastique: "Puisque la célébration des noces (celebritas nuptialis) aime les Fescennins (Fescenninos) et que ce jeu d'une antique origine (vetere instituto ludus) requiert la license du langage, je vais produire les secrets de l'alcôve et du lit (cubiculi et lectuli). Ainsi j'aurai deux fois à rougir puisque j'aurai fait de Virgile lui-même un impudent (Vergilium impudentem)."» (pp. 154-155)

O capítulo sétimo intitula-se "Domus et villa".

«Les maisons romaines étaient premièrement des livres, deuxièmement des mémoires. Il ne faut jamais oublier qu'on met le pied dans la "page d'un livre", qu'on entre dans un memorandum quand on pénètre dans une maison romaine et il faut alors aussitôt repasser dans son esprit ces affirmations si difficilement compréhensibles pour nous que tenait Cicéron à la fin de la république (Ad Herennium, IV, De Oratore, II): "Car les lieux ressemblent beaucoup à des tablettes enduites de cire ou à des papyrus. Les images (simulacris) ressemblent à des lettres (litteris). L'arrangement et la disposition des images ressemblent à l'écriture. Le fait de prononcer un discours est comparable à une lecture."» (pp. 158-159)

«Épicure fut au IIIe siècle avant l'ère ce que Freud fut au XXe siècle et le rôle social que leurs doctrines assumèrent fut d'une contagion comparable. Leur thèse initiale est la même: un homme qui ne jouit pas fabrique la maladie qui le consume. L'angoisse, ajoutent-ils tous deux, n'est que de la libido sexuelle qui flotte, se rétourne contre elle-même là. Le fragment 51 d'Épicure dit: "Tous les hommes se transmettent leur angoisse comme une épidémie." Il ne se voulait pas philosophe mais thérapeute. Epikouros en grec signifie "celui qui secourt". Therapeutikos signifie "celui qui prend soin".» (pp. 160-161)

«En 1752 on dégagea des fouilles d'Herculanum une bibliothèque épicurienne de 1700 rouleaux (volumina). La lave incandescente qui avait recouvert la cité en avait consumé les bords. Cette demeure fut ausitôt baptisée la villa des Papyrus. Comme ils étaient pétrifiés, desséchés, indéroulables, on découpa chaque volumen en colonnes dont on remit ensuite bout à bout les morceaux. La plupart de ces volumes, outre le grand traité de physique d'Épicure, appartenaient à l'ami d'un philosophe disciple d'Épicure qui avait vécu sous la République et sous la dictature de César et qui s'appelait Philodème.» (p. 164)

«Horace dit sous Auguste: Carpe diem (L'image de cueillir chaque jour comme il s'agissait d'une fleur unique qui fleurit était alors une image neuve.)» (p. 165)

«Ce qu'Épicure avait appelé autarkeia (le refus d'être un esclave, la libérté indépendente de toutes choses comme fin assignée à l'homme sage) les Romains le traduisirent curieusement par temperantia (au sens du plaisir maximum, c'est-à-dire du plaisir dont la douleur est à chaque instant la limite). Autarcie signifie ainsi la possibilité à tout instant d'un retour à l'État de nature.» (p. 170)

«En Grèce ancienne, puis dans le monde étrusque, puis à Rome même, l'amour et la mort sont la même chose. L'amour emporte dans une autre maison (l'enlèvement d'Hélène dans la citadelle de Troie). La mort emporte dans une autre maison (l'enlèvement de Perséphone dans le monde souterrain des corps brûlés ou inhumés). Éros et Thanatos constituent les deux grands rapts possibles.» (p. 173)

«Ce qui scandalisa dans les trois livres érotiques d'Ovide (Amours, Art d'aimer, Héroïdes) c'est l'idée de réciprocité, l'idée de mélanger fidélité et plaisir, matronat et éros, généalogie et sensualité, la dominatio statuaire de l'épouse et la servitude sentimentale et impie du vir. Le génial Ovide fut relégué par Auguste sur les rives du Danube. Sa femme, en matrone vertueuse, ne daigna pas l'accompagner. » (p. 177)

«Pompée tomba amoureux de sa femme (Julia, la fille de César). Il devint un sujet de moquerie aussitôt proverbial et cet amour déclaré fut une des raisons qui lui firent perdre le pouvoir et la guerre. Le pouvoir ne peut être lié à l'amour. Il ne peut être lié qu'au désir. Comment la domination pourrait-elle être dépendante de la dépendance? La fidélité de Pompée pour sa femme lui ôta son ascendant politique (son pouvoir d'augmenter la vitalité du monde romain, d'accroître Rome de victoires).» (p. 178)

»L'anachorèse, le recrutement du mouvement religieux ascètique n'eurent pas des motifs extravagants: ils sont inséparables de la dotation des monastères, c'est-à-dire du refus du pids croissant de l'impôt municipal. "Désengagement fiscal", telle est peut-être la vraie traduction du mot anachôrèsis. Une anecdote l'indique. En 316, la ferme d'Aurelius fut attaquée. Aurelius déclara: "Bien que mes terres soient assez étendues, je n'ai aucun lien avec les gens du village et moi je reste chez moi (kataemauton anachôrountos)." L'anachôrèsis est un retrait politique et un désengagement du village (du fisc du village).» (p. 184)

O capítulo oitavo é consagrado a Medeia.

«Médée est la figure de la passion insensé. Elle est à la source aussi, dans la littérature alexandrine puis romaine, du type de la magicienne (puis de la sorcière). Il y a deux grandes tragédies de Médée: celle grecque d'Euripide, celle romaine de Sénèque. Médée fut jouée à Athènes en -431, juste avant la guerre du Peloponnèse. Euripide n'a pas retenu un épisode de la légende; il a fait en sorte que tous les épisodes de la longue vie de Médée s'amassent jusqu'à la crise finale.» (p. 186)

Pascal Quignard relata depois a história de Medeia e a conquista do Tosão de Ouro por Jasão.


«Le fresque traduit le vers le plus célèbre de l'Antiquité que prononce Médée (Euripide, Médée, 1079): " Je comprends quels malheurs je vais oser. Mais mon thymos (ma vitalité, ma libido) est plus fort que mes bouleumata (les choses que je veux).» (p. 192)

«La Médée de Sénèque est encore plus précise. Non seulement la pièce concentre à la romaine toute l'action sur le dernier instant mais au terme de l'action Médée prétend qu'elle va "fouiller" ses viscères avec son épée afin de s'assurer qu'un troisième enfant ne s'y trouve pas en gestation, condensant de façon tragique quelle fut la cause de son furor (ses viscères), quelle était la cause de son amour (son vagin et le désir physique excessif dont elle fit preuve), enfin quels en furent les fruits (dans l'utérus). Ce sont deux vers extraordinaires (Médée, 1012-1013): In matre si quod pignus etiamnunc latet, scrutabor ense viscera et ferro extraham (Si quelque gage se révélait encore caché au fond de la mère, alors je fouillerais mes viscères avec l'épée et je l'extrairais). (p. 193)

O capítulo nono tem por título "Pasiphaé et Apulée".

«Le conte de Pasiphaé est le suivant: L'épouse de Minos, reine de Crète, tombe amoureuse du taureau divin que Neptune a offert au roi. Pasiphaé va trouver le "technicien" Daedalos. Elle lui demande de fabriquer une génisse mécanique, où elle puisse se loger, et d'une conception si ingènieuse que le taureau s'y trompe et introduise son fascinus dans sa vulve. Pasiphaé peut connaître alors la volupté des bêtes (ferinas voluptates), les désirs non convenus (libidinus illicitas). La génisse de Pasiphaé est le cheval de Troie du désir.» (pp. 206.207)

«Apuleius était africain et naquit à Madaure en 124, ville numide. Il devint déclamateur à Carthage. Il épousa une riche veuve, Pudentilla, qui avait eu deux fils d'un premier lit. [...] Des esclaves témoignèrent qu'ils avaient vu Apuleius en train d'adorer des statuettes obscènes dissimulées sous un mouchoir (sudariolo), qu'il aimait les miroirs et qu'il hypnotisait les petits garçons. [...] Ce premier procès en sorcellerie de l'Antiquité romaine, intenté par Sicinius Emilianus, plaidé par Tannonius, est l'origine de la légende de Faust. [...] Apulée a écrit un des plus grands romans du monde: les onze livres des Métamorphoses. Plus tard, toujours à Carthage, un autre Africain, Augustin, cita ce livre sous le titre d'Asinus aureus (l'Âne d'or) et réputa définitivement son auteur pour un homme diabolique.» (pp. 207-208)

O autor conta depois a história do livro: um homem é transformado em burro; uma matrona de elevada posição apaixona-se pelo grande fascinus do burro e consegue ser inteiramente penetrada por ele; finalmente o burro retoma a forma humana.

«C'est ainsi qu'a la passion de la chasse s'ajouta à Rome le goût pour la bestialité. On appele bestialité le coît avec les animaux autres que l'homme. Comme Tibère fut l'empereur "bouc". Néron fut l'empereur "lion". À l'un l'anachorèse et le cunnilingus. À l'autre la tragédie et l'impudititia. Je rappelle le sens romain du mot pudique: non sodomisé. [...] Dans Suétone (Vie des douzes Césars, XXIX, 1): "Néron prostitua sa pudeur à un tel point que, après avoir souillé toutes les parties de son corps, il imagina enfin cette nouvelle sorte de jeu (lusus): vêtu d'une peau de bête féroce (ferae pelle contectus), il s'élançait d'une cage (cavea), se précipitait sur les parties naturelles (inguina) d'hommes et de femmes liés à un poteau (stipidem) puis, après avoir assouvi abondamment sa lubricité, il se livra à son affranchi Doryphore."» (pp. 216-217)

O capítulo décimo intitula-se "Le taureau et le plongeur".

«La tombe dite des Taureaux à Tarquinia date de -540. Elle appartenait à la famille des Spurinna. La fresque qui couvre la paroi centrale du fond de la chambre principale de la tombe mêle un taureux excité, deux groupes érotiques humains et une scène tirée des récits troyens. La fresque confond volontairement dans une même couleur rouge, dans une même touche vigoreuse, la sexualité humaine, le rut des animaux, le guet-apens de la mort guerrière. Le taureau saillissant surplombe l'instant qui précède la mort de Trôïlos. À gauche, accroupi, Achille est aux aguets derrière la fontaine. Au centre un palmier rouge les sépare. "Rouge" et "palmier" se disent tous deux en grec phoinix. Le sang et la mort sont conjoints, comme les deux morts de Trôïlos et d'Achille vont être conjointes dans la même journée, comme sont conjoints l'éros du taureau et celui des hommes, comme sont conjointes la concentration thanatique du guet-apens et la monumentalité érotique et divine du Taureau divin et ithyphallique qui se rue sur les amants.» (pp. 220-221)

«Les anciens Étrusques ont toujours lié désir et mort. Pourquoi ces deux versions, l'une si simplement érotique, l'autre si simplement thanatique, de la légende de Trôïlos (le guerrier Achille en embuscade tuant le guerrier Trôïlos arrivant à cheval, ou le jeune guerrier Achille cherchant à violer et assassinant le jeune guerrier Trôïlos alors qu'il s'enferme dans le sanctuaire)? Pourquoi le peintre a-t-il exécuté la scène homosexuelle devant le taureau saillissant juste au-dessus de cet épisode de la guerre de Troie? En quoi le guet-apens de la mort peut-il être lié au coît anal? Dans l'Iliade (XIII, 291, XVII, 228) Homère emploie le mot du rendez-vous amoureux (oarystys) pour dire l'affrontement du duel à mort des guerriers.» (pp. 223-224)

«Quand Hector, le frère ainé de Trôïlos, entend son père et sa mère de supplier de rentrer à l'abri derriére les murs de Troie, il interroge son coeur. Il songe à se défaire de son bouclier, de son casque, de sa pique, de son armure; il songe à s'avancer vers Achille pour lui offrir Hélène et les trésors de Troie; mais ce qu'il le retient soudain de se rendre, selon le vers d'Homère, c'est qu'alors il serait "nu exactement comme une femme" et qu'Achille le tuerait exactement comme il a tué Trôïlus. Chez Homère le verbe meignumi, qui dit le coît, dit aussi la mêlée du combat. Mettre sous le joug une femme est le même verbe que mettre à mort l'adversaire. Éros et Thanatos ont tous deux ce pouvoir de domptage, de nudité passive, de transport dans une autre domus, enfin cette même capacité de "rompre les membres".» (p. 224)

«À 80 kilomètres de là, traversant la baie à partir d'Amalfi, est enfouie la tombe dite du plongeur de Paestum. Cette tombe date d'au moins huit siècles avant que le Vésuve lance ses pierres ponces et projette sa lave. Le Plongeur est le couvercle du caveau. Le fond est blanc, le trait est noir. C'est encore une "ombre projetée". C'est ce que les Grecs appellent une skiagraphia (mot à mot une ombre écrite) et que Pline traduit: umbra hominis lineis circumducta. [...] On ignore le muthos que condense cette scène. Aristote (Problèmes, 932 a) explique que les peintres éthiques distinguent e vert et le jaune pour distinguer l'océan des fleuves. Pindare avertit à deux reprises quil n'est pas possible à l'homme de dépasser les colonnes d'Hercule de son vivant. [...] Sur la couvercle de la tombe l'homme plonge dans la mort, au-delà des colonnes d'Hercule, dans l'océan de l'autre côté du monde, comme une statue de kouros dans la mémoire de ses survivants. Le mort qui a été enterré sous la pierre de Paestum a préféré laisser un récit de mort dans la mémoire de tous à vivre longtemps et obscurément à l'égal d'un bouvier.» (pp. 228-229-230)

«Sans cesse il faut répéter le mot qu'Eschyle confie à Pélasgos dans Les Suppliantes: "Oui, j'ai besoin d'une pensée profonde (batheias). Oui, j'ai besoin que descende dans l'abîme (buthon), tel un plongeur (dikèn kolumbètèros), un regard qui regarde (dedorkos omma)."» (p. 232)

O capítulo XI trata da "melancolia romana".

«Le regard de prostration de la mélancolie romaine ne peut être séparé du regard latéral de la pudeur et de l'effroi. Le consul Pétrone a écrit: "Le plaisir (voluptas) qu'on a dans le coït est écoeurant et bref et le dégoût (taedium) succède à l'acte de Vénus." (p. 234)


«Les naturalistes nomment "période réfractaire" la période lors de laquelle les mâles, après qu'ils se sont accouplés, cessent d'être sexuellement réactifs. Les femelles ne connaissent pas de période réfractaire post coïtum. Le mouvement dépressif chez les femelles a lieu post partum. [...] Le taedium des mâles fait songer aux femmes, après l'étreinte, à la phase de quiétude et d'inexcitabilité où s'enferme l'enfant après la tétée. Les Romains parlaient de fatigue, du sentiment du mal de mer sans tempête, de l'âme nauséeuse. Telle est du moins l'analyse coutumière du thème du taedium vitae, du "dégoût de la vie" chez les anciens Romains.» (p. 235)

«Homère a mis en scène le premier mélancolique dans le personnage de Bellérophon. "Objet de haine pour les dieux, il errait tout seule, sur la plaine d'Aléion, le coeur dévoré de chagrin, évitant la trace des hommes" (Iliade, VI, 200). Thymon katedôn, mangeant son coeur, dit Homère. L'épithète homèrique décrit magnifiquement la mélancolie: l'autophagie du corps par l'âme. Le malheureux est un narcisse que son reflet dévore.» (p. 240)

«Sénèque a écrit: "Il n'est pas d'animal plus ombrageux (morosius) que l'homme." Sénèque le Fils, premier ministre de l'empereur Néron, fut la haine de tout ce qui est vivant. Il haïssait le plaisir. Il haïssait la nourriture. Il haïssait la boisson. Il adorait l'argent et la peur de souffrir. En tout il fut opposé de son père. Il mourut millionaire. Sénèque, c'est la maigreur brûlante, dépressive, hantée du langage et du pouvoir. Il est le premier à s'être baptisé le "pédagogue du genre humain". C'est le puritain. "La mort te retire de la proximité d'un ventre dégoutant et puant." Ce n'est pas saint Paul qui a écrit cette phrase. C'est Sénèque le Fils qui l'écrit à même date, alors qu'il décide pour l'ensemble du monde romain.» (p. 242)

«Martial est le poète qui a recherché la concretio. Il a élu tout ce qui pouvait être écrit ou vu de plus fruste, de plus sexuel, de plus concret, de plus précis. Un baroque concret. Il décrit les bolets, les vulves de truie, les cornets à dés, la mentula pleine de sperme des patrons qui l'insèrent entre les lèvres des pueri, les levrauts, les premiers codices.» (p. 249)

«Les Romains étaient hantés par le jour qui précède la mort. Properce liait l'amour et la mort (Élégies, II, 27): "L'heure inconnu de la mort (incertam funeris horam), voilà, mortels, ce que votre regard cherche anxieusement partout. Notre maison prend feu (domibus flammam), notre maison s'écroule (domibus ruinas). Cette coupe que nous portons à nos lèvres va peut-être tuer. L'heure et le visage de la mort, seul un amant les connaît (solus amans novit)."» (pp. 250-251)


«Le taedium des Romains s'étendit au Ier siècle. L'acedia des chrétiens apparut au IIIe siècle. Réaparut sous la forme de la mélancolie au XVe siècle. Revint au XIX siècle sous le nom de spleen. Revint au XXe siècle sous le nom de dépression. Ce ne sont que des mots. Un secret plus doloureux les habite. Il y a de l'ineffable. L'ineffable, c'est le "réel". Le réel n'est que le nom secret du plus détumescent au fond de la détumescence. À vrai dire, rien n'est langage que le langage. Et tout ce qui n'est pas langage est réel.» (p. 253)

«L'acedia est décrite par les Chrétiens comme un vitium (un péché mortel). C'est l'incapacité d'être attentif. C'est l'absence d'intérêt pour tout, même pour le bien, même pour le prochain, même pour Dieu. C'est la léthargie diabolique. C'est la fascination du suicide.» (9. 254)

«Les deux Renaissances, soucieuses de retraduire en grec ce sentiment, relancèrent le mot de mélancolie et effacèrent pour des siècles ces deux étapes monumentales et autonomes que furent le taedium des Romains et l'acedia des chrètiens.» (p.255)

O capítulo XII intitula-se "Liber".

«Liber était l'un des noms du dieu fascinant. Le vin, pour les anciens, n'est pas d'abord ivresse qui en résulte jusqu'à la nauseam mélancolique qui l'achève. Le vin (Liber) définit d'abord ce qui tend le sexe de l'homme (Silène, Bacchus). Ensuite le vin noir et épais (qu'on mêlait de l'eau chaude) renvoie à la bile noire artificielle (la mélagcholia), le vin triste, le vin qui augmente l'éthos de chacun, qui dévoile le caractère). Non facit ebrietas vitia sed protrahit (L'ivresse ne crée pas le vice, elle le produit au jour). Par le vin Dionysos met au jour le sexe et entraîne le cortège du Fascinus porté par des hommes dont la tunique est retroussée par l'olisbos artificielle attaché à leur ventre le jour de la cérémonie de Liber Pater. Il met au jour le furor (la folie conçue comme le fruit de l'âme parvenu à maturité). Le dieu Liber "libère": in enfle le sexe; il outre le caractère.» (pp. 258-259)

«Il y a un mot de Septumius énigmatique et terrible: Amat qui scribet, paedicatur qui leget (Celui qui écrit sodomise. Celui qui lit est sodomisé). L'auctor demeure un paedicatur. C'est le vieux status de l'homme libre romain. Mais le lecteur est servus. La lecture rejoint la passivité. Le lecteur devient l'esclave d'une autre domus. Lire jouit.» (p. 262-263)


«Pline, l'Ancien - ou encore Pline de Vérone - était lui-même grand lecteur. Levé avant le jour, lisanit même en mangeant, lisant même en se promenant, lisant même au bain, lisant même dans la quadrirème en s'approchant des cendres du Vésuve. Pline, le Jeune - ou encore Pline de Côme - reprit la passion de son oncle. Pline protégea Suétone. Il aida Martial. Il fut l'ami de Tacite. Gaston Boissier disait de la fin de l'Empire: "Je ne crois pas qu'il y ait une autre époque où l'on est autant aimé la littérature." [...] J'ai montré Pline dans l'alcôve chauffée et insonorisée qu'il s'était fait construire dans sa ville de Toscane, pareil à Marcel Proust dans son liège de Paris.» (pp. 265-266)

«En 470 le nouveau préfet de Rome, Sollius Sidonius Apollinarius écrit à Johannès: "Car maintenant que n'existent plus les degrés de la dignité qui permettaient de distinguer les classes sociales de la plus humble à la plus élevée, le seul indice de noblesse sera désormais la connaissance des lettres (Epistulae, VIII,2) (p. 269)

«L'ange qui garde les femmes et les hommes à leur joie esseulée, et la fait s'épanouir, est un ange sans nom. Une oeuvre de Crébillon, qui date de 1730, est consacrée toute entière au fantasme masturbatoire. Comme Socrate en -399 avait décidé d'appeler daimôn la voix intérieure, Crébillon en 1730 décida d'appeler "sylphe" ce démon de la main solitaire. Le Sylphe compte parmi les livres les plus déroutants qui aient été notés sur les hommes.» (p. 273)

O capítulo XIII é sobre Narciso.

«Je ne sais pas où les modernes ont pris que Narcisse s'aimait lui-même et qu'il en fut puni. Ils n'ont pas trouvé cette légende chez les Grecs. Et ils ne l'ont pas empruntée aux Romains. Cette interprétation du mythe suppose une conscience de soi, une hostilité à la domus personnelle du corps, ainsi que l'approfondissement de l'anachorèse intérieure que le christianisme entraîna. Le mythe est simple: Un chasseur est médusé par un regard, dont il ignore qu'il est le sien, qu'il perçoit à la surface d'un ruisseau dans la fôret. Il tombe dans ce reflet qui le fascine, tué par le regard frontal. Pourquoi Narcisse sur les fresques romaines n'est-il jamais penché sur son reflet? C'est l'augmentum. C'est l'instant qui précède la mort. S'il se penche, dès l'instant où son propre regard le fascine, il sera englouti.» (p. 274)

O autor refere depois as três versões das lendas de Narciso.

Na Beócia, Narciso era um jovem que gostava de caçar no Hélicon. Um outro jovem caçador, Ameinias, amava-o loucamente. Narciso, que não o suportava, enviu-lhe um dia uma espada. Ao receber a espada, Ameinias dirigiu-se a casa de Narciso com a espada na mão e suicidou-se, invocando, pelo sangue que corria sobre a pedra da porta, a vingança dos deuses. Alguns dias mais tarde, Narciso foi caçar no Hélicon. Teve sede e procurou uma fonte. O seu olhar deteve-se no reflexo do olhar que ele via e suicidou-se.

Agora, a versão de Pausânias. Narciso amava uma irmã gémea que morreu na adolescência. Sentiu uma dor tão forte que o impedia de gostar das outras mulheres. Um dia que se mirou um fonte, viu a sua irmã e os traços desse rosto consolaram o seu desgosto. Não mais deixou de se inclinar sobre qualquer riacho a fim de rever a imagem que amava.

Ovídio escreve o conto seguinte: A mãe de Narciso foi consultar o adivinho Tirésias sobre o destino do filho. «Tirésias était aveugle; il avait eu les deux yeux condamnés a la "nuit éternelle" (aeterna nocte) parce qu'il avait connu le plaisir à la fois sous la forme de femme et sous celle d'homme. Tirésias aveugle répondit à Liriopé [a mãe]: Si se non noverit (S'il ne se connaît pas). » (p. 276)

Com dezasseis anos, Narciso tornou-se tão belo que não só as raparigas e os rapazes mas também as ninfas o desejavam, particularmente uma ninfa chamada Eco. Repudiou-os a todos pois preferia os veados que caçava na floresta. Eco, desesperando do seu amor, passou a repetir todas as palavras que Narciso proferia. Estupefacto, ao ouvir a voz, Narciso exclamou: Coeamus! (Juntemo-nos!). Ao que a voz respondeu: Coeamus! (Copulemos!). Encantada com o que ouvira, Eco saiu da floresta e precipitou-se sobre Narciso. Ele fugiu e ela, desdenhada, refugiou-se na floresta, emagreceu e em pouco tempo só restavam ossos que se transformaram em rochedos. E dela só restou uma voz que gemia.

Os rapazes, as raparigas e as ninfas desprezadas clamaram então a vingança do céu.

Num dia de calor em que foi caçar, Narciso teve sede. Inclinou-se sobre uma fonte mas enquanto bebia viu a sua imagem e ficou apaixonado por uma ilusão sem corpo. Tomou por um corpo o que era apenas água. Contemplou os seus olhos que lhe pareciam dois astros e a sua cabeleira que era tão bela quanto a de Baco. «Quid videat, nescit; sed quod videt uritur illo (Ce qu'il voit, il l'ignore; mais ce qu'il voit le consume). Atque oculos idem qui decipit incitat error (La même erreur qui abuse ses yeux les excite). Per oculos perit ipse suos (Il périt lui-même par ses propres yeux). Ovide poursuit plus avant encore le mythe: Arrivé aux Enfers, sur la rive du Styx, Narcissus se penche encore et contemple l'eau noire qui traverse l'enfer (in Stygia spectabat aqua).» (p. 278)

«Comme les Romains reprirent à peu près tout aux Grecs sous sa forme théâtrale, Auguste, le dernier jour de sa vie, "réclama un miroir" (petito speculo). Suétone rapporte l'instant de mort de l'empereur (Vie des douze Césars, XCIX)» (p. 282)

«Auguste reçut Ovide, le frappa de relégation selon la loi qu'il avait promulguée "en quelques mots sevères et tristes", pour avoir vu ce qu'il ne devait pas voir et que nous ne saurons jamais. [...] Auguste exila Ovide au bout du monde: sous "l'axe glacial" de la vierge Parrhasia. [...] "Deux fautes m'ont perdu: mes vers et mon égarement (Perdiderint cum me duo crimina: carmen et error). Sur la seconde faute je dois me taire (silenda culpa)."» (pp. 283-284)


Villa dos Mistérios - Pompeia

O capítulo XIV intitula-se "Sulpicius et les ruines de Pompéi".

«À vingt-deux kilomètres de la ville grecque de Neapolis (Naples), le golfe était osque. Pompéi elle aussi fut fondé par les Grecs sur les rives du Sarno, comme Herculanum au nord. Les Étrusques soumirent Osques et Grecs. Les Samnites conquirent Cumes et Pompéi en -420. Les Romains soumirent Pompéi à la fin du IIIe siècle. Au Ier siècle Pompéi se rebella contre Rome et Sylla l'assiégea. Les Romains colonisèrent la cité de vingt mille habitants jusqu'à ce que le Vésuve fasse valoir ses droits incontestables de propriété sur une terre qu'il avait soulevé au milieu de la mer.» (p. 296)


Villa dos Mistérios - Pompeia

«Sous le règne de Néron, par une journée d'hiver lumineuse, le 5 février 62, les villas tremblèrent. Les habitants furent évacuées. La tintinnabulation ayant cessé, ils revinrent. Dix-sept ans plus tard, Titus étant empereur, le 24 août 79, ce fut l'éruption. Les Pline étaient là. L'oncle y trouva la mort. Une lettre de Pline le Jeune à Tacite rapporte ce plongeon dans la mort.» (pp. 296-297)

O autor refere a seguir a carta que Plínio, o Jovem enviou a Tácito descrevendo a erupção e a morte de seu tio Plínio, o Velho que para observar a erupção não abandonou o local em devido tempo.

«Il y a une seconde lettre de Pline à Tacite. Tacite lui demande ce que lui, le neveu, a éprouvé le 24 août 79 à dix heures quinze du matin, tandis qu'il était resté à lire un livre de Tite-Live (librum Titi Livi) sur son lit et à en noter des extraits.» (p. 302)

O autor narra depois a descrição de Plínio, o Jovem.

«La perception mélancolique et presque psychologique (ou du moins quasi privée) des ruines fut inventée par le patricien romain Servius Sulpicius dans une lettre à Cicéron datée du mois de mars -45 à l'occasion de la mort de la fille de Cicéron, Tullia, âgée de trente et un ans, expirant tandis qu'elle accouchait dans la ville de Tusculum. La douleur de Cicéron fut si véhémente que tout Rome lui écrivit. César lui écrivit d'Espagne. Brutus, Lucceius, Dolabella ne furent pas les derniers à  s'associer à sa douleur. Sulpicius, qui gouvernait alors la Grèce, lui fit parvenir une lettre qui contenait un argument alors complètement nouveau. C'est une des premières traces mélancholiques du "tourisme" dans notre civilisation (Ad familiares, IV, 5)» (p. 304)

Sulpicius conta a Cícero a impressão que lhe fizeram as ruínas das cidades gregas no seu regresso da viagem à Ásia.

«Dans le Ve livre des Tusculanes, Cicéron raconte qu'un jour où il se promenait dans la campagne qui entoure la ville de Syracuse, accompagné de quelques amis et d'une troupe d'esclaves, il aperçut parmi les ronces, non loin de la porte d'Agrigente, une petite colonne avec un cylindre et un cercle perdus entre les mûres. Qui a réussi à inscrire une sphère dans un cylindre? Archimède. Qui a une tombe? Un mort. C'est la tombe d'Archimède. Aussitôt Cicéron commande aux esclaves de s'armer d'une serpe et de nettoyer la tombe du savant. Il dicte un épitaphe: "Il fallait qu'un pauvre citoyen d'Arpinum vînt révéler aux Syracusains la présence du tombeau du premier des génies que leur cité a engendrés.» (p. 306)

«Pline le Jeune fuyait la ville dans ses villa comme il avait fui sa villa lors de la nuit de l'éruption du Vésuve. Au sud, sous la route qui menait à la mer, il y avait une petite villa de vignerons. On la retrouva au XVIIIe siècle. Rocco Gioacchino de Alcubierre la fouilla, fouilla Herculanum en 1754, fouilla Stabies en 1754. En 1763 la civita ancienne sur la colline retrouva son nom de Pompéi. "Un puits que le prince d'Elbeuf fit creuser à une médiocre distance de sa maison - écrivit Winckelmann avant de mourir assassiné en 1768 - donna lieu à la découverte actuelle."» (pp. 309-310)

Gabinete Secreto - Museu Arqueológico de Nápoles (fotografado por mim em 2016)

«En 1819, le conservateur Arditi regroupa 102 pièces choquantes retirées lors des fouilles de Pompéi commencées en 1763 et créa le "Cabinet des objets obscènes". En 1823, la collection de ses pièces interdites changea d'appellation et devint le "Cabinet des objets réservés". En 1860, nommé par Giuseppe Garibaldi, Alexandre Dumas le baptisa la "Collection pornographique". C'est ainsi que Dumas retrouva subitement ce mot dont l'inventeur, 2300 années plus tôt, s'appelait Parrhasios.» (p. 311)

Idem

O capítulo XV tem por título "La villa des Mystères".

O autor descreve em seguida os frescos da villa dos Mistérios.

«Les mystères ont gardé leur secret. Jamais les Orgia d'Éleusis ne nous seront connus. Aristote a expliqué que les mystères comprenaient trois parties: ta drômena, ta legomena, ta deiknumena (les actions mimées, les formules dites, les choses devoilées). Drame, parole, exhibition. Théâtre, littérature, peinture. Ces choses "mystérieuses" (c'est-à-dire "réservées aux mystes") concernaient la sexualité et le monde des morts. Nous ne les connaîtrons jamais (mais nous les connaissons en nous perpétuant, autant par le désir que par la mort). On était accoutumé à dater la villa des Mystères de -30. En raison de sa ressemblance avec un tombeau macédonien les érudits ont proposé la date de -220. On appelait hiérophante la personne qui procédait au dévoilement sacré de l'effigie. On appelait liknon la corbeille sacrée où reposait le phallos qu'on allait montrer. Les legomena sortent de la bouche de l'enfant nu et flacide lisant le fatum. Toute la fresque exhibe côte à côte les drômena.» (pp. 318-319)

«Messaline passa pour la femme la plus amorale de la Rome ancienne: parce qu'elle tomba amoureuse. Juvénal décrit la toute jeune impératrice penchée sur Claude dans l'attente de son endormissement. [...] Mais ce n'est pas par ses sorties nocturnes que l'impératrice adolescente parut amorale: c'est parce qu'elle aima un homme. Le sentiment (une impératrice devenant la serve d'un homme) était interdit aux matrones plus que la débauche. Messaline aima Silius. Tacite dit que c'était le plus beau des Romains (juventutis romanae pulcherrimum). Il était sénateur. Pour vivre avec Messaline il consentit à rompre son mariage avec une femme de la plus ancienne aristocratie, Junia Silana. Messaline choqua parce qu'elle n'acceptait pas de partager un homme. Elle se donna à son amour sans aucune prudence et avec une intransigence qui scandalisa. Claude d'abord ferma les yeux. Mais Messaline ne l'entendit pas ainsi: elle vint chez Caius Silius sans se cacher, aux yeux de la ville entière, accompagnée de sa suite d'esclaves. [...] Ne trouvant plus de ressources que dans l'audace (audacia), dit Tacite (Annales, XI, 12), elle décide de renoncer à l'Empire. Elle décide d'épouser Silius. [...] Rome fut pétrifiée. L'empire était le dot de Messaline. Ou Silius, ou Claudius. [...] Le 23 août 48, le jour où commençaient les fêtes des vendanges, Messaline décida de célébrer des Bacchanalia. [...] Claude était à Ostie en train de rédiger son Histoire des Étrusques (l'empereur Claude lisait l'étrusque). Il donna l'ordre d'exécuter son épouse. Quand les centurions que Narcisse avait mandés arrivèrent, elle s'était écartée de la fête. [...] Elle avait vingt ans. Elle voulut se tuer elle-même avec son style quand elle aperçut les soldats derrière les arbres mais ils la devancèrent et c'est le tribun de garde qui les commandait qui la transperça de son épée au milieu du jardin de Licinius Lucullus en silence.» (pp. 328-329-330-331)

«Fescennin vient de fascinus. Les vers fescennins, la langue protubérante, agressive, ithyphallique étaient dits irréguliers (horridus). Quand Sénèque le Père critique violemment le style d'Arellius Fuscus, il indique le rêve de beauté propre à la Rome ancienne: Nihil acre, nihil solidum, nihil horridum (Aucune viguer, aucun fond, aucune âpreté). Virilité, gravité, grandeur. C'est le mot de l'empereur Caligula sur le style de Sénèque le Fils: "Du sable sans mortier". Le goût de Tibère -  grand collectioneur des peintures exécutées cinq siècles plus tôt en Grèce - peut toujours être vérifié dans l'île de Capri, dont il devint le desservant fanatique au point de s'y retirer durant onze années. [...] C'est le meilleur exemple du sens de l'horridus. On lui donnait le nom de "Terre des Sirènes". Capreae est un colosse de pierre ruiné et abrupt. [...] La roche de Capri a ce caractére sauvage, érigé, escarpé comme un dieu horridus dans la mer.» (pp. 334-335)

«Les inventions de la tragédie dionysiaque et de la pornographie (les tabellae nommées libidines) étaient dues aux Grecs. Les Juifs et les Romains se disputaient l'invention du caleçon (subligaculum). Un jour Noé, ayant planté sa vigne, ivre de vin, se dénuda et s'endormit sous sa tente (nudatus in tabernaculo suo). Son fils Cham pénétra dans la tente pendant qu'il dormait. Il voit pendre au bas du ventre de son père les virilia patris qui l'ont fait; il voit la mentula dans son repos; il est maudit (maledictus); il devient l'esclave des esclaves (servus servorum) de ses frères (Genèse, IX, 21). En Occident, le caleçon a deux origines: une origine judaïque malédictrice et mortelle. Une origine romaine effrayée et mélancolique (dès la République le consul Cicéron prône le port de subligaculum sous la toge).» (pp. 337-338)

O capítulo XVI, e último, intitula-se "Du taedium à l'acedia".

«La légende dit que Tibère, collectionneur des peintures pornographiques de Parrhasios, parla peinture avec sainte Véronique. Ce n'est pas moi qui invente cette scène. C'est Jacques de Voragine qui porte une pierre à cet amas de ruines que j'ai désiré rassembler, et une preuve à mon délire. Parce que toute interprétation est un délire.» (p. 341)

Para evitar a longa transcrição integral, resumo o texto de Pascal Quignard: Estando gravemente doente, Tibério disse a Volusianus que tinha ouvido falar de um médico que curava todos os males. E mandou-o ter com Pilatos para trazer Jesus - era dele que se tratava - mas aquele pediu-lhe um prazo de catorze dias. Entretanto, Volusianus conheceu Verónica que lhe disse ser amiga de Jesus. Mas Jesus tinha sido mandado matar por Pilatos. Verónica disse então a Volusianus que tinha comprado tela e tintas para fazer um retrato de Jesus, mas que não tivera tempo de as entregar ao pintor e vendo passar Jesus a caminho da morte, colocou-lhe a tela sobre o rosto. Volusianus pediu-lhe para comprar a imagem impressa, mas Verónica respondeu-lhe que era necessária uma grande devoção e propôs-se acompanhar Volusianus a Roma. No regresso Volusianus contou a história a Tibério. Depois Tibério recebeu santa Verónica e mandou-a descobrir o retrato. E logo recuperou a saúde. «Tibère fit présent d'un tableau ancien à Véronique la putain (un "tableau-de-prostituée" de Parrhasios?) et ordonna qu'on mît à mort Pilate parce qu'il avait tué Jésus. Mais Pilate ne l'entendit pas de cette oreille et, saisissant avec sa main son épée, il se tua: À l'instant de mourir, Pilatus regarda sa main qui tenait son épée. En expirant il dit: - La main que j'ai lavée me tue.» (p. 344)


«Le raccourci de saint Paul est saisissant: l'effroi romain devenu inimitié, hostilité, voilà le christianisme. C'est l'adoration du corps mort de dieu lui-même crucifié sarcastiquement. Ce n'est plus le dieu nu (le fascinus). C'est la divinité vêtue et du même coup la reproduction de l'humanité devenue invisible. Paul dit qu'il y a deux voiles et soutient qu'il y a un "second vêtement pour l'homme": une armure et un casque. Nous ne devons pas nous dévêtir (Nolamus expoliari), affirme Paul, nous devons revêtir par-dessus l'autre vêtement (supervestiri) ce "second vêtement" afin que ce qui est mortel soit résorbé par la vie (ut absorbeatur quod mortale est a vita). Induite armaturam Dei ut possitis stare adversus insidias diaboli (Revêtez l'armure de Dieu pour pouvoir résister aux manoeuvres du diable).» (p. 345)

«Virgo Maxima et Pater: les fonctions statutaires ne périrent pas; elles furent inversées; pietas des femmes, castitas des hommes. Paul Veyne a analisé la métamorphose des relations sexuelles conjugales, créant peu à peu la morale chrétienne du mariage. La morale chrétienne s'approppria la morale impériale païenne des fonctionnaires, soumise, statutaire, paritaire, puis égalitaire, auto-réprimée, secrète, privée, fidèle, chaste, abstinente c'est-à-dire amoureuse, pro-féministe, anti-homosexuelle, sentimentale, voilée.» (p. 347)

«En 1888, à Londres, Elisabeth Blackwell déclara: "La régulation des rapports sexuels au mieux des intérêts des femmes, telle est la vérité méconnue du christianisme. Par le christianisme l'homme s'est soumis quant aux quatre maîtrises: "ni l'ardeur, ni l'heure, ni la position, ni la paternité ne sont plus dans ses mains".» (p. 347)

«Quand, autour de 200, le christianisme devint la religion majoritaire de l'Empire romain, le contrat de mariage apparut et absorba dans sa mode soudaine la foule des esclaves (dont le christianisme fut loin de restreindre le nombre). La hiérarchie ecclésiale des chrétiens épousa la verticalité de la hiérarchie administrative impériale et la renforça. La morale, devenue celle de tous les status, s'intériorisa et devint normative (valant pour tous, valant même pour l'empereur, le mot grec katholiké veut dire mot à mot "au point de vue du tout").» (p. 348)

«J'ai voulu méditer huit particularités propres à la perception romaine du monde sexuel: la fascinatio du Fascinus, le ludibrium propre aux spectacles romains et aux livres des satura, les métamorphoses béstiales et leur contraire (les romans d'anthropomorphose), la multiplication des démons et des dieux intermédiaires dans la triple anachorèse épicurienne, puis stoïcienne, puis chrétienne, le regard latéral puis prostré, l'interdit de la fellation et de la passivité, le taedium vitae virant à l'acedia, enfin la transformation de la castitas propre aux matrones républicaines en continence masculine des anachorètes chrétiens. Ce sont tous ces mots obscurs qui peu à peu s'éclairent dans l'effroi.» (pp. 353-354)

FINALMENTE, TERMINEI!

Pretendia escrever um post breve sobre este livro e acabei por fazer numerosas transcrições. Mas a isso me obrigou o texto do autor, recheado de citações gregas e latinas, e de que publico apenas alguns trechos que se me afiguraram mais importantes. É um facto que as partes agora publicadas estão inseridas num todo impossível de reproduzir integralmente. O leitor interessado terá pois de ler o livro para compreender cabalmente o sentido das transcrições.

Importa também sublinhar que tive alguma perplexidade no uso um pouco aleatório do itálico, relativo umas vezes aos nomes gregos e latinos, outras aos franceses, umas vezes a títulos de obras, outras a citações. Igualmente a utilização indistinta de maiúsculas e minúsculas iniciais para os mesmos nomes é incompreensível. Talvez a revisão do texto não tenha sido eficiente. De qualquer forma, excepto num caso, optei por manter a fixação apresentada no livro.

Isto não obsta a considerar Pascal Quignard como homem de elevada cultura, especializado nos mundos grego e romano e nas matérias relativas ao sexo, ainda que, por vezes, eu seja levado a julgar a abordagem dos assuntos um pouco estranha.

Aliás, os livros que conheço do autor contam estórias estranhas. Farei também breve referência aos dois traduzidos em português que mencionei no início deste post.




Em Todas as manhãs do mundo o argumento roda em torno de um violista de gamba (Quignard é também versado em música) que considera impossível transmitir a sua arte; discorre igualmente sobre os amores da filha do violista, das suas recusas às solictações para actuar no palácio real, à sua vida de quase ermita, etc.




Em A fronteira, é contada uma estória assombrosa, mas enquadrada por factos históricos, pretensamente narrada nos azulejos do Palácio Fronteira. Os azulejos são parcialmente reproduzidos no belíssimo livro da edição portuguesa, que inclui o "bestiário" que se estende pelo palácio e jardins. Pretendem, segundo o autor, tais azulejos recordar os episódios atribulados de uma relação amorosa, episódios testemunhados pelos animais fantásticos que mão hábil neles retratou.

1 comentário:

Anónimo disse...

Há sem dúvida que cumprimentar o autor do blog pelo seu paciente e meritório labor em dissecar,resumir e revelar aos seus leitores obras de interesse cultural evidente,mas na sua maioria desconhecidas do público comum,no qual me inscrevo. Esta obra do Quignard parece ser uma espécie de "passeio" pelos textos dos autores gregos e latinos, sobretudo na temática amorosa, mas com excursos pela guerra,pela política,pelo dia-a-dia,etc. É um "touche à tout" de grande erudição, mas aparentemente apresentada de modo agradável e original. Talvez não se registem novidades sensacionais para os especialistas, mas é sempre útil revisitar de modo atractivo o mundo dos nossos antepassados culturais, e que os países do sul da Europa, curiosamente ao contrário dos nórdicos, parecem querer esquecer.