Na sequência do post que publiquei o mês passado neste blogue sobre uma obra tratando da vida sexual na antiga Roma, e onde são feitas muitas referências e citações do livro do escritor francês Pascal Quignard, Le sexe et l'effroi (1994), que possuo desde que foi editado, resolvi lê-lo agora, só lamentando não o ter feito anteriormente, mas não há tempo para estar em dia com todo o acervo de uma biblioteca.
Pascal Quignard (n. 1948) é um
nome conhecido do público português. Autor de vasta obra, alguns dos seus
livros encontram-se traduzidos na nossa língua, nomeadamente Tous les matins du monde (1991) (Todas as manhãs do mundo), adaptado ao
cinema por Alain Corneau, e La frontière
(1992) (A fronteira - Azulejos do Palácio Fronteira).
Pessoa de vasta erudição, dotado
de uma cultura enciclopédica, Pascal Quignard está à vontade no grego como no
latim, na Cultura Helénica como na Cultura Romana, na literatura como nas artes
plásticas ou na música. Cultiva todos os géneros literários e dedica especial
interesse à sexologia, como se comprova especialmente por Le sexe et l'effroi. Lendo este livro, a que a autora de A Vida Sexual na Roma Antiga recorreu frequentemente, obtemos uma
perspectiva mais abrangente de certas
matérias abordadas por Géraldine Puccini-Delbey.
Não farei longas transcrições
deste livro de Quignard mas apenas algumas referências que se me afiguram
curiosas.
O autor dedica o primeiro
capítulo do livro a "Parrhasios et Tibère", lembrando que o imperador
Tibério coleccionava desenhos e quadros do pintor grego Parrhasios de Éfeso, de
quem os Antigos diziam ser o inventor da pornographia,
por volta de 410 AC. A palavra designa "pintura de prostituta" e
Parrhasios amava a puta Théodoté, a quem pintava nua.
«Je veux méditer sur un mot romain difficile: la fascinatio. Le mot grecque de phallos se dit en latin le fascinus. Les chants qui l'entourent
s'appellent "fescennins".
Le fascinus arrête le regard au point
qu'il ne peut s'en détacher. Les chants qu'il inspire sont à l'origine de
l'invention romaine du roman: la satura.»
(p. 11)
«Suétone rapporte que l'empereur Tibère fit mettre
dans sa chambre à coucher un tableau de Parrhasios qui représantait Atalante
ayant pour Méléagre une "honteuse complaisance"
(Meleagro Atalanta ore morigeratur).
[...] Dans sa retraite de Capri, Tibère imagina d'aménager une pièce garni de
bancs pour ses désirs sécrets (arcanarum
libidinum). Là, il rassemblait des troupes de jeunes filles et de jeunes
débauchés pour des accouplements monstrueux qu'il appelait spintrias (sphincters), qu'il mettait en scène suivant une triple
chaîne, et qui se prostituaient entre eux pour ranimer par cette vision ses
désirs défaillants (deficientis libidines).
[...] Il appelait "petits poissons" (pisciculus) des enfants de l'âge la plus tendre qu'il avait
habituer à se tenir et à jouer entre ses cuisses pendant qu'il nageait pour
l'exciter avec leur langue et de leur morsure (lingua morsuque).Il donnait en guise de sein à têter ses parties
naturelles à des enfants non encore sevrés afin qu'ils le déchargeassent de son
lait. C'est ce qu'il préférait.» (pp. 15-16)
«Il n'y a jamais eu
d'homosexualité ni grecque ni romaine. Le mot
"homosexualité" apparut en 1869. Le mot "hétérosexualité"
apparut en 1890. Ni les Grecs ni les Romains n'ont jamais distingué
homosexualité et hétérosexualité. Ils distinguaient activité et passivité. Ils
opposaient le phallos (le fascinus) à
toutes les orifices (les spintrias).
La pédérastie grecque était un rite d'initiation sociale. Par la sodomisation rituelle du pais, le sperme de l'adulte transmettait
la virilité à l'enfant. Le verbe grec pour dire la sodomie, einspein, est traduit mot à mot par le
latin inspirare. L'aimé se soumet au
citoyen plus âgé, et en reçoit la chasse et la culture, qui se résument toutes
deux dans la guerre.» (pp. 16-17)
«La morale sexuelle romaine était rigide. Elle était
statutaire et strictement active chez les hommes. Le père de Sénèque la résume
(Controverses, IV, 10) quand il fait
prononcer au consul Quintus Haterius cette sentence: Impudicitia in ingenuo crimen
est, in servo necessitas, in liberto officium (La passivité est un crime
chez un homme; chez un esclave, c'est
un devoir absolu; chez un affranchi, c'est un service qu'il a le devoir de
rendre à son patron.) (p. 18)
«Les moeurs romaines sont strictes: la sodomie et l'
"irrumation" sont vertueuses; la fellation et la passivité anale sont
infâmes. Pedicare, c'était sodomiser
l'anus. Irrumare, c'était sodomiser la bouche. La fellation est un mot moderne
qui en dit long sur la société qui l'a élu. Fellare,
c'est-à-dire sucer spontanément, est incompréhensible pour un Romain. On ne
peut qu'activement irrumare le
congénère, c'est-à-dire, le contraindre à le lécher et à le mordiller jusqu'à
ce qu'il en recueille la sève.» (p. 19)
«Tous les jeunes hommes nés libres (praetextati et ingenui) sont
intouchables - et c'est en quoi les Romains s'opposèrent à l'initiation paid-erastiké des paides (des jeunes gens) par les érastes (les adultes) que la polis
grecque avait instituée.» (pp. 19-20)
«L'esclave ne peut sodomiser son maître. C'est
l'interdit majeur selon Artémidore. Même, cette vision surgissant au cours d'un rêve
crée un certain nombre de problèmes à celui qui l'a vue dans la clandestinité
de son âme et dans le silence de la nuit. La sodomie des esclaves par les
maîtres était la norme. Les patriciens tendaient le doigt. Ils disaient: Te paedico (Je te sodomise) ou Te irrumo (J'emplis ta bouche de mon
fascinus). C'était la sexualité de Cicéron à la fin de la République. C'est
celle de Sénèque sous l'Empire.» (pp. 23-24)
«Rien n'est moins chaste que
cette chasteté. Une anecdote de Macrobius fait comprendre la castitas (Saturnales, II, 5, 9). On
s'étonnait devant Julie l'ainée de l'incroyable ressemblance que ses trois
enfants avaient avec leur père (Agrippa). Julie l'ainée répondit: Nunquam enim nisi navi plena tollo vectorem (Je ne prends de
passager que quand la cale est pleine). La femme pleine qui est saillie est
chaste puisqu'elle demeure intacte quant à la lignée.» (p. 28)
«En 18 AC Auguste réglementa la
sexualité des citoyens. C'est la lex
Julia de adulteriis coercendis.
L'empereur alla jusqu'à faire déporter sa fille Julia qui avait épousé son beau-fils Tibère. La peine
prévue à l'amour des matrones ne fut plus la mort mais la relegatio in insulam (la relégation sur une île à partir d'Auguste,
avant de redevenir la mort sous l'empereur Constantin). Ce fut le début d'une longue ère repressive dont le
parti chrétien deux siècles plus tard retira tout le profit. [...] Durant deux siècles, la
tyrannie se prétendit outrée de l'expansion de l'obséquiosité, de la passivité
virile (de l'impudicitia) qu'elle
organisait dans les têtes des chefs de clan et qu'elle rédigeait dans les lois.
Le pouvoir, à Rome, lia un seul faisceau (le mot fascis, qui désigne les baguettes de bouleau reliées par une
courroie que tiennent les licteurs qui précèdent les Pères qui se rendent à la
curie est le même que celui qui désigne le fascinus,
la fascination, le fascisme) la puissance sexuelle, l'obscénité verbale, la
domination phallique et la transgression des normes statutaires.» (pp. 37-38)
«Les fresques des peintres
romains comme l'arène dans l'urbs étaient les profits de la mort affrontée. Il
n'y eut pas que Tibère à se passionner pour Parrhasios le Pornographe. Une page
de Sénèque le Père construit un petit roman autour de Parrhasios qui lie le
regard et la mort qui vient. C'est le regard de l'effroi
- et Parrhasios lui-même quatre cents ans plus tôt a écrit sur une de ses peintures
qu'il attribuait aux visiones nocturnae
qu'apportent les rêves.» (p. 47)
O segundo capítulo é dedicado à
pintura romana e começa com um diálogo de Xenofonte mostrando Sócrates
inquirindo junto de Parrhasios sobre a essência da pintura. Demasiado longo
para aqui ser reproduzido.
«Les Romains révéraient le
paradis sous forme de jardin. Paradeisos
est un mot grecque qui voulait dire "parc". Une école philosophique
s'appela l'Académie; une autre s'appela le Lycée; une autre encore le Portique;
la plus austère et certainement la plus profonde, elle qui exerça sur Rome
l'influence dominante (dès -230) s'appela le Jardin. Les grandes familles
romaines sous le principat d'Auguste, dépouillées de leurs privilèges
politiques, cherchèrent à se distinguer des autres classes par la beauté des
villas et des jardins, le nombre des esclaves, les dépenses de table, la rareté
des objects, l'antiquité des oeuvres sculptées et peintes, la collection de
splendeurs arrachées au peuple vaincu et qui formaient le "butin du
monde" que les dignitaires de l'empire victorieux se partageaient.
L'inutilité du service (officium)
imite l'otium (l'oisiveté) des
princes. Et l'otium des princes imite
l'ataraxia des dieux du fond du
ciel.» (pp. 68-69)
«Que veut dire le mot suavis en romain? Quand Lucrèce ouvre le second livre De
la nature
des choses,
cherchant à définir la sagesse grecque d'Épicure
(l'eudaimonia
accessible à l'homme) il décrit la suavitas
(la douceur). Il commence
ainsi: Suave
est observer du rivage le naufrage d'autrui. Suave est contempler du
haut du
bosquet les guerriers qui s'entretuent dans la plaine. Suave est replonger
le monde
dans la mort et contempler la vie en se soustrayant à tous les liens et à
tous les effrois. Lucrèce ajoute que la suavitas n'est en aucun cas la crudelitas (la
cruauté): la crudelitas
consiste daans la voluptas devant la
souffrance des
humains.» (p. 71)
O terceiro capítulo é consagrado ao fascinus.
«Le désir fascine. Le fascinus est le mot romain pour dire le phallos. Il se trouve une pierre où est sculpté un fascinus grossier que le
statuaire a entouré de ces mots: Hic
habitat felicitas (Ici réside le bonheur). Toutes ces têtes epouvantées de
la villa des Mystères - qu'on aurait été mieux inspiré d'appeler la villa du
Fascinant, ou encore la chambre fascinante - convergent vers le fascinus
dissimulé sous le voile dans son van. Comme la mentula (le pénis) n'est nullement le propre de l'humanité, les
sociétés humaines évitent d'exhiber un organe érigé (fascinum) qui rappelle de façon trop voyante leur origine
bestiale.» (p. 74)
«Martial écrit: Crede mihi, non est mentula quod digitus
(Crois-moi, on ne commande pas à cet organe comme à son doigt, Épigrammes, VI, 23). Pline appelait le
fascinus le "médecin de l'envie" (invidia).
C'est le porte-bonheur de Rome. Un homme (homo) n'est un homme (vir) que qund il est en érection. [...] En - 271, Ptolémée II
Philadelphe, pour célébrer la fin de la première guerre de Syrie, se plaça à la
tête d'un grand cortège de chars qui exhibaient au regard de tous les richesses de l'Inde et de
l'Arabie. L'un de ses chars portait un énorme phallos en or de cent
quatre-vingts pieds de long que les Grecs appelaient Priapos. Le nom de Priapus supplanta peu à peu à Rome le
nom de Liber Pater.» (p. 76)
«Un ludibrium
[indecência sexual] fonde l'histoire chrétienne. La scène primitive
du christianisme - le supplice servile de la croix
réservé à celui qui se prétend Dieu,
la flagellatio,
l'inscription Iesus Nazarenus Rex
Iudeaorum, le manteau pourpre
(veste
purpurea), la couronne royale faite d'épines (coronam spineam), le sceptre de
roseau, la nudité infamante - est un ludibrium conçu pour faire rire.» (p.
79)
«Chaque homme a un genius qui
sauvegarde ses genitalia de l'impotentia et protège sa gens de la stérilité. Galien a écrit de
façon plus étonnante que le logos spermatikos était aux testicules ce que
l'ouïe était à l'oreille et ce que le regard était aux yeux.» (p. 81)
«Le sexe est lié à l'effroi. Dans
Apulée, Psyché s'interroge (Métamorphoses,
VI, 5): "Dans quelle nuit (tenebris)
puis-je me cacher (abscondita) pour
fuir (effugiam) les yeux inévitables
(inevitables oculos) de la grande
Venus (magnae Veneris)? Lucrèce parle
d'un "effrayant désir" (dira
cupido) et il définit la cupiditas
de ce désir comme la "blessure secrète" (volnere caeco) des hommes. Virgile définit l'amour lui-même:
"une ancienne et profonde blessure qui brûle d'un feu aveugle ou
secret" (gravi jamdudum saucia cura
volnus caeco igni). Catulle en fait une maladie à mort (Carmina, LXXVI): "Ô Dieux, si la pitié est votre partage, si
vous accordez autre chose que l'effroi aux hommes à l'heure de mourir, posez
les yeus sur moi (me miserum adspicite),
sur ma misère. Ma vie a été pure. Aidez-moi en retour. Délivrez-moi de cette peste
(pestem): l'amour, ce poison (torpor) glacé dans mes os, qui se
distille dans mon sang, qui chasse la joie (laetitia)
du coeur.» (pp. 84-85)
«Apotropaion veut dire en grec l'effigie qui écarte le mal et dont
le caractère terribilis provoque en
même temps le rire et l'effroi. Le grec
apotropaion se dit en latin fascinum. Le fascinum (le fascinus artificiel) est un baskanion (un préservatif contre le mauvais oeil). Plutarque dit
que l'amulette ithyphallique attire le regard du fascinateur (fascinator) pour l'empêcher de se fixer
sur la victime.» (p. 87)
«"Notre quartier regorge
tellement de divinités protectrices qu'on y rencontre un dieu plus facilement
qu'un homme", déclare soudain Quartilla dans le roman de Pétrone. (On
rencontre plus fréquemment dans les rues de Rome, de Pompéi ou de Naples, un fascinus de pierre ou de bronze qu'une mentula d'homme.) À Naples, à Anicetus
venu l'assassiner dans son lit, Agrippine cria: "Frappe au ventre!".
"Frappe au ventre!", c'est le mot de Rome. Dans le roman d'Apulée,
Photis se tourne vers Lucius et aperçoit
son sexe dressé qui retrousse sa tunique (inguinum
fine lacinia remota). Elle se met
nue, monte sur lui et, dissimulant avec sa main rose sa vulve épilée (glabellum
femina rosea palmula obumbrans), lui crie: Occide moriturus! (Frappe
à mort qui doit mourir!)» (pp. 88-89)
«[...] Marius a soixante-dix ans.
Le vin l'a rendu tremblotant. Il meurt après
avoir exercé sept jours son septième consulat. Il avait si violemment usé sa mentula dans la débauche qu'un garde,
voyant sa tunique retroussé dans l'agonie de sa mort, remarqua que le bout de
chair qui lui restait n'atteignit pas la taille d'un ongle. En -79 Sylla abdique sa
dictature. Il se retire dans sa maison de Cumes. "L'heureux Sylla" (Felix Sylla) meurt après s'être vu rongé
tout vivant par les vers qui avaient attaqué en premier lieu sa mentula. On se souvient du mot de César
sur Brutus: "Je ne redoute pas ceux qui aimaient la débauche ni
n'appréhende ceux qui convoitent le luxe: je crains les maigres et les
pâles." Le jour des Ides de Mars, après Metellus eut pris la robe de César
à deux mains et eut découvert l'épaule, Casca frappa le premier de son épée.
Tous frappèrent à leur tour ou ensemble et certains se blèsserent entre eux en
désirant frapper. Plutarque dit que César mourut percé de vingt trois coups. Le
coup de Brutus, son neveu, fut pour l'aine de César, parce que son oncle avait
plongé sa mentula dans le sexe de sa
mère.» (pp. 90-91)
«Aristote
définit le sexe mâle (Des parties des
animaux, 689, a): "ce qui augmente et diminue de volume". Metamorphôsis est le désir masculin. Physis en grec signifie aussi bien la
nature que le phallos.» (p. 97)
O quarto capítulo é dedicado a Perseu e Medusa.
«Il peut nous arriver de regarder
quelque chose de beau avec l'idée que cela peut nuire. Nous l'admirons sans
joie. Par définition le mot admiration ne convient pas: nous vénérons quelque
chose dont l'attrait qu'il exerce sur nous tourne à l'aversion. En employant le
mot "vénérer" nous retrouvons Vénus. Nous retrouvons aussi le mot de
Platon refusant de distinguer la beauté et l'effroi. Alors nous approchons du
verbe "méduser": ce qui entrave la fuite de ce qu'il nous faudrait
fuir et qui nous fait "vénérer" notre peur même, nous faisant
préférer notre effroi à nous-mêmes, au risque que nous mourions.» (p. 107)
Pascal Quignard descreve-nos a
forma como Perseu cortou a cabeça de Medusa. Depois refere outras figuras
mitológicas, entre as quais: «Il y a trois figures ailées: Hypnos, Éros,
Thanatos. Ce sont les modernes qui distinguent le songe, le fantasme et le
fantôme. [...] Le sommeil est même un dieu plus grand que la mort et le désir. Hypnos (Somnus)est le maître d'Éros et de Thanatos puisque le plaisir ravit
les hommes dans le sommeil comme la mort les éternise. » (pp. 112-113)
«Caravage disait dans les premières années du XVII
siècle: "Tout tableau est une tête de Méduse. On peut vaincre la terreur par
l'image de la terreur. Tout peintre est
Persée." Et le Caravage peignit Méduse» (p. 118)
«La
confidence d'Ulysse dans l'Odyssée
dit peut-être le secret de ce masque. Il y a deux masques. Celui de la mort et
celui de Phersu. Phersu en étrusque désigne le porteur du masque de mort. Le
Phersu étrusque sera le Perseus grec. » (p. 120)
O capítulo quinto trata do erotismo romano.
«Le voile, le pectoral et les brodequins sont les
trois attributs de l'érotisme romain. Alètheia
dit aussi le dévoilement d'un voile. La vérité (a-lètheia) est le non-oublié.
Le poète
oral, grâce aux Muses filles de la Mémoire, sauve de l'oubli (lèthè) les mythes qu'il prononce» (p.
132)
«Le regard de l'homme troue les
femmes. Ce regard qui troue, qui porte en lui-même la possibilité de trouer,
peut trouer celui qui regarde. Tout voyeur a peur pour son
sexe, a peur que son sexe devienne un trou. Chez les Anciens, loin de se porter
sur son pénis dressé en fascinus, la castration de celui qui voit devient celle
de ses yeux. L castré, par condensation, c'est aveugle. Homère, Tirésias, Oedipe.
Celui qui a été fasciné, celui qui a vue en face perd ses yeux.» (p. 141)
O capítulo sexto tem por título "Pétrone et
Ausone".
«Le Satiricon est l'oeuvre de Caius Petronius Arbiter. Le Satiricon est une satura (un pot-pourri de nature érotique ou indécente), la satura étant liée à l'origine aux vers
fescennins et au ludibrium qui
avaient cours lors des yeux sarcastiques qui accompagnaient la procession du
Fascinus de Liber Pater. Les érudits ont finalement apporté la preuve que
l'auteur du Satiricon et le grand
consulaire qu'évoque Tacite dans les Annales
à l'année 67 étaient une seule et même personne. Pétrone naquit à Marseille au
temps de la vieillesse d'Ovide exilé. Il fut proconsul et consul. [...] Les
éditeurs du XVII siècle ont donné à tort à cette véritable satura le nom de satiricon
dont on ne possède plus que quelques longs extraits et de petits lambeaux. L'action se passe en Campanie dans une ville près de Naples -
peut-être Pompéi, peut-être Oplontis, peut-être Herculanum - puis à Cumes (là
où la Sibylle dans son ampoule murmure en grec: "Je veux mourir" et
où Pétrone est contraint par Tigellin à mourir) et enfin à Crotone.» (pp.
148-149)
Depois, Quignard passa a descrever o conteúdo de Satiricon.
«Pétrone écrivit son roman en 66 et en 67. [...] Le consul Decimus Magnus
Ausonius fut le maître de Paulin de Nole et de l'empereur Gratien. Ausonius est
chrétien et s'adresse à Paulus, lui-même chrétien. Le ludibrium d'Ausonius est d'un goût douteux: faire de l'oeuvre de
Virgile (surnommé "la Vierge" à cause de sa pudeur: Parthenien dictum causa pudoris) un ludibrium (un sarcasme obscène) en en
des vers ou des fragments de vers dans chacun de ses poèmes. Mais ce choix
lui-même, qui ouvre le Moyen-Âge, avoue cependant en mêlant des images tirées
des Géorgiques à d'autres empruntées
à l'Enéide une vision de l'amour et
un puritanisme qui n'appartiennent en
aucun cas à l'étrusque Publius Vergilius Maro. Ausonius présente de la façon
suivante son puzzle sarcastique: "Puisque la célébration des noces (celebritas nuptialis) aime les
Fescennins (Fescenninos) et que ce
jeu d'une antique origine (vetere
instituto ludus) requiert la license du langage, je vais produire les
secrets de l'alcôve et du lit (cubiculi
et lectuli). Ainsi j'aurai deux fois
à rougir puisque j'aurai fait de Virgile lui-même un impudent (Vergilium impudentem)."» (pp. 154-155)
O capítulo sétimo intitula-se "Domus et
villa".
«Les maisons romaines étaient
premièrement des livres, deuxièmement des mémoires. Il ne faut jamais oublier
qu'on met le pied dans la "page d'un livre", qu'on entre dans un memorandum quand on pénètre dans une
maison romaine et il faut alors aussitôt repasser dans son esprit ces
affirmations si difficilement compréhensibles pour nous que tenait Cicéron à la
fin de la république (Ad Herennium, IV, De Oratore, II): "Car les lieux ressemblent beaucoup à des tablettes enduites de cire ou à des
papyrus. Les images (simulacris)
ressemblent à des lettres (litteris).
L'arrangement et la disposition des images ressemblent à l'écriture. Le fait de
prononcer un discours est comparable à une lecture."» (pp. 158-159)
«Épicure fut au IIIe siècle avant l'ère ce que Freud
fut au XXe siècle et le rôle social que leurs doctrines assumèrent fut d'une
contagion comparable. Leur thèse initiale est la même: un homme qui ne jouit pas fabrique la
maladie qui le consume. L'angoisse, ajoutent-ils tous deux, n'est que de la
libido sexuelle qui flotte, se rétourne contre elle-même là. Le fragment 51 d'Épicure dit: "Tous les hommes se
transmettent leur angoisse comme une épidémie." Il ne se voulait pas
philosophe mais thérapeute. Epikouros
en grec signifie "celui qui secourt". Therapeutikos signifie "celui qui prend soin".» (pp. 160-161)
«En 1752 on dégagea des fouilles
d'Herculanum une bibliothèque épicurienne de 1700 rouleaux (volumina). La lave incandescente qui
avait recouvert la cité en avait consumé les bords. Cette demeure fut ausitôt baptisée la villa des
Papyrus. Comme ils étaient pétrifiés, desséchés, indéroulables, on découpa
chaque volumen en colonnes dont on
remit ensuite bout à bout les morceaux. La plupart de ces volumes, outre le
grand traité de physique d'Épicure, appartenaient à l'ami d'un philosophe
disciple d'Épicure qui avait vécu sous la République et sous la dictature de César
et qui s'appelait Philodème.» (p. 164)
«Horace dit sous Auguste: Carpe diem (L'image de cueillir chaque jour comme il s'agissait
d'une fleur unique qui fleurit était alors une image neuve.)» (p. 165)
«Ce qu'Épicure avait appelé autarkeia (le refus d'être un esclave, la libérté indépendente de
toutes choses comme fin assignée à l'homme sage) les Romains le traduisirent
curieusement par temperantia (au sens
du plaisir maximum, c'est-à-dire du plaisir dont la douleur est à chaque
instant la limite). Autarcie signifie ainsi la possibilité à tout instant d'un retour à
l'État de nature.» (p. 170)
«En Grèce ancienne, puis dans le monde étrusque, puis
à Rome même, l'amour et la mort sont la même chose. L'amour emporte dans une
autre maison (l'enlèvement d'Hélène dans la citadelle de Troie). La mort
emporte dans une autre maison (l'enlèvement de Perséphone dans le monde
souterrain des corps brûlés ou inhumés). Éros et Thanatos constituent les deux
grands rapts possibles.» (p. 173)
«Ce qui scandalisa dans les trois livres érotiques
d'Ovide (Amours, Art d'aimer, Héroïdes) c'est l'idée de réciprocité, l'idée de
mélanger fidélité et plaisir, matronat et éros, généalogie et sensualité, la dominatio statuaire de l'épouse et la
servitude sentimentale et impie du vir.
Le génial
Ovide fut relégué par Auguste sur les rives du Danube. Sa femme, en matrone
vertueuse, ne daigna pas l'accompagner. » (p. 177)
«Pompée tomba amoureux de sa
femme (Julia, la fille de César). Il devint un sujet de moquerie aussitôt
proverbial et cet amour déclaré fut une des raisons qui lui firent perdre le
pouvoir et la guerre. Le pouvoir ne peut être lié à l'amour. Il ne peut être
lié qu'au désir. Comment la domination pourrait-elle être dépendante de la
dépendance? La fidélité de Pompée pour sa femme lui ôta son ascendant politique
(son pouvoir d'augmenter la vitalité du monde romain, d'accroître Rome de
victoires).» (p. 178)
»L'anachorèse, le recrutement du
mouvement religieux ascètique n'eurent pas des motifs extravagants: ils sont
inséparables de la dotation des monastères, c'est-à-dire du refus du pids
croissant de l'impôt municipal. "Désengagement fiscal", telle est
peut-être la vraie traduction du mot anachôrèsis.
Une anecdote l'indique. En 316, la ferme d'Aurelius fut attaquée. Aurelius
déclara: "Bien que mes terres soient assez étendues, je n'ai aucun lien
avec les gens du village et moi je reste chez moi (kataemauton anachôrountos)." L'anachôrèsis est un retrait politique et un désengagement du village
(du fisc du village).» (p. 184)
O capítulo oitavo é consagrado a Medeia.
«Médée est la figure de la
passion insensé. Elle est à la source aussi, dans la littérature alexandrine
puis romaine, du type de la magicienne (puis de la sorcière). Il y a deux
grandes tragédies de Médée: celle grecque d'Euripide, celle romaine de Sénèque.
Médée fut jouée à Athènes en -431,
juste avant la guerre du Peloponnèse. Euripide n'a pas retenu un épisode de la
légende; il a fait en sorte que tous les épisodes de la longue vie de Médée
s'amassent jusqu'à la crise finale.» (p. 186)
Pascal
Quignard relata depois a história de Medeia e a conquista do Tosão de Ouro por
Jasão.
«Le fresque traduit le vers le plus célèbre de l'Antiquité que prononce
Médée (Euripide, Médée, 1079): "
Je comprends quels malheurs je vais oser. Mais mon thymos (ma vitalité, ma libido) est plus fort que mes bouleumata (les choses que je veux).» (p. 192)
«La Médée de Sénèque est encore plus précise. Non seulement la pièce
concentre à la romaine toute l'action sur le dernier instant mais au terme de
l'action Médée prétend qu'elle va "fouiller" ses viscères avec son
épée afin de s'assurer qu'un troisième enfant ne s'y trouve pas en gestation,
condensant de façon tragique quelle fut la cause de son furor (ses viscères), quelle était la cause de son amour (son vagin
et le désir physique excessif dont elle fit preuve), enfin quels en furent les
fruits (dans l'utérus). Ce sont deux vers extraordinaires (Médée, 1012-1013): In matre si quod pignus etiamnunc latet, scrutabor
ense viscera et ferro extraham (Si quelque
gage se révélait encore caché au fond de la mère, alors je fouillerais mes
viscères avec l'épée et je l'extrairais). (p. 193)
O capítulo nono tem por título "Pasiphaé et
Apulée".
«Le conte de Pasiphaé est le
suivant: L'épouse de Minos, reine de Crète, tombe amoureuse du taureau divin
que Neptune a offert au roi. Pasiphaé va trouver le "technicien"
Daedalos. Elle lui demande de fabriquer une génisse mécanique, où elle puisse
se loger, et d'une conception si ingènieuse que le taureau s'y trompe et
introduise son fascinus dans sa vulve. Pasiphaé peut connaître alors la volupté
des bêtes (ferinas voluptates), les
désirs non convenus (libidinus illicitas).
La génisse de Pasiphaé est le cheval de Troie du désir.» (pp. 206.207)
«Apuleius était africain et naquit à Madaure en 124, ville numide. Il devint déclamateur à Carthage. Il épousa une riche veuve, Pudentilla, qui avait eu deux fils d'un premier lit. [...] Des esclaves témoignèrent qu'ils avaient vu Apuleius en train d'adorer des statuettes obscènes dissimulées sous un mouchoir (sudariolo), qu'il aimait les miroirs et qu'il hypnotisait les petits garçons. [...] Ce premier procès en sorcellerie de l'Antiquité romaine, intenté par Sicinius Emilianus, plaidé par Tannonius, est l'origine de la légende de Faust. [...] Apulée a écrit un des plus grands romans du monde: les onze livres des Métamorphoses. Plus tard, toujours à Carthage, un autre Africain, Augustin, cita ce livre sous le titre d'Asinus aureus (l'Âne d'or) et réputa définitivement son auteur pour un homme diabolique.» (pp. 207-208)
O autor conta depois a história
do livro: um homem é transformado em burro; uma matrona de elevada posição
apaixona-se pelo grande fascinus do
burro e consegue ser inteiramente
penetrada por ele; finalmente o burro retoma a forma humana.
«C'est ainsi qu'a la passion de
la chasse s'ajouta à Rome le goût pour la bestialité. On appele bestialité le
coît avec les animaux autres que l'homme. Comme Tibère fut l'empereur
"bouc". Néron fut l'empereur "lion". À l'un l'anachorèse et
le cunnilingus. À l'autre la tragédie et l'impudititia.
Je rappelle le sens romain du mot pudique: non sodomisé. [...] Dans Suétone (Vie des douzes Césars, XXIX, 1):
"Néron prostitua sa pudeur à un tel point que, après avoir souillé toutes
les parties de son corps, il imagina enfin cette nouvelle sorte de jeu (lusus): vêtu d'une peau de bête féroce (ferae pelle contectus), il s'élançait
d'une cage (cavea), se précipitait
sur les parties naturelles (inguina)
d'hommes et de femmes liés à un poteau (stipidem)
puis, après avoir assouvi abondamment sa lubricité, il se livra à son affranchi
Doryphore."» (pp. 216-217)
O capítulo décimo intitula-se "Le taureau et
le plongeur".
«La tombe dite des Taureaux à
Tarquinia date de -540. Elle appartenait à la famille des Spurinna. La fresque
qui couvre la paroi centrale du fond de la chambre principale de la tombe mêle
un taureux excité, deux groupes érotiques humains et une scène tirée des récits
troyens. La fresque confond volontairement dans une même couleur rouge, dans
une même touche vigoreuse, la sexualité humaine, le rut des animaux, le
guet-apens de la mort guerrière. Le taureau saillissant surplombe l'instant qui
précède la mort de Trôïlos. À gauche, accroupi, Achille est aux aguets derrière
la fontaine. Au centre un palmier rouge les sépare. "Rouge" et
"palmier" se disent tous deux en grec phoinix. Le sang et la mort sont conjoints, comme les deux morts de
Trôïlos et d'Achille vont être conjointes dans la même journée, comme sont
conjoints l'éros du taureau et celui des hommes, comme sont conjointes la
concentration thanatique du guet-apens et la monumentalité érotique et divine
du Taureau divin et ithyphallique qui se rue sur les amants.» (pp. 220-221)
«Les anciens Étrusques ont
toujours lié désir et mort. Pourquoi ces deux versions, l'une si simplement
érotique, l'autre si simplement thanatique, de la légende de Trôïlos (le
guerrier Achille en embuscade tuant le guerrier Trôïlos arrivant à cheval, ou
le jeune guerrier Achille cherchant à violer et assassinant le jeune guerrier
Trôïlos alors qu'il s'enferme dans le sanctuaire)? Pourquoi le peintre a-t-il
exécuté la scène homosexuelle devant le taureau saillissant juste au-dessus de
cet épisode de la guerre de Troie? En quoi le guet-apens de la mort peut-il
être lié au coît anal? Dans l'Iliade
(XIII, 291, XVII, 228) Homère emploie le mot du rendez-vous amoureux (oarystys) pour dire l'affrontement du
duel à mort des guerriers.» (pp. 223-224)
«Quand Hector, le frère ainé de
Trôïlos, entend son père et sa mère de supplier de rentrer à l'abri derriére
les murs de Troie, il interroge son coeur. Il songe à se défaire de son
bouclier, de son casque, de sa pique, de son armure; il songe à s'avancer vers
Achille pour lui offrir Hélène et les trésors de Troie; mais ce qu'il le
retient soudain de se rendre, selon le vers d'Homère, c'est qu'alors il serait
"nu exactement comme une femme" et qu'Achille le tuerait exactement
comme il a tué Trôïlus. Chez Homère le verbe meignumi, qui dit le coît, dit aussi la mêlée du combat. Mettre
sous le joug une femme est le même verbe que mettre à mort l'adversaire. Éros
et Thanatos ont tous deux ce pouvoir de domptage, de nudité passive, de
transport dans une autre domus, enfin
cette même capacité de "rompre les membres".» (p. 224)
«À 80 kilomètres de là,
traversant la baie à partir d'Amalfi, est enfouie la tombe dite du plongeur de
Paestum. Cette tombe date d'au moins huit siècles avant que le Vésuve lance ses
pierres ponces et projette sa lave. Le Plongeur est le couvercle du caveau. Le
fond est blanc, le trait est noir. C'est encore une "ombre projetée".
C'est ce que les Grecs appellent une skiagraphia
(mot à mot une ombre écrite) et que Pline traduit: umbra hominis lineis circumducta. [...] On ignore le muthos que condense cette scène.
Aristote (Problèmes, 932 a) explique
que les peintres éthiques distinguent e vert et le jaune pour distinguer
l'océan des fleuves. Pindare avertit à deux reprises quil n'est pas possible à
l'homme de dépasser les colonnes d'Hercule de son vivant. [...] Sur la
couvercle de la tombe l'homme plonge dans la mort, au-delà des colonnes
d'Hercule, dans l'océan de l'autre côté du monde, comme une statue de kouros
dans la mémoire de ses survivants. Le mort qui a été enterré sous la pierre de
Paestum a préféré laisser un récit de mort dans la mémoire de tous à vivre
longtemps et obscurément à l'égal d'un bouvier.» (pp. 228-229-230)
«Sans cesse il faut répéter le
mot qu'Eschyle confie à Pélasgos dans Les
Suppliantes: "Oui, j'ai besoin
d'une pensée profonde (batheias).
Oui, j'ai besoin que descende dans
l'abîme (buthon), tel un plongeur (dikèn kolumbètèros), un regard qui
regarde (dedorkos omma)."» (p.
232)
O capítulo XI trata da "melancolia
romana".
«Le
regard de prostration de la mélancolie romaine ne peut être séparé du regard
latéral de la pudeur et de l'effroi. Le consul Pétrone a écrit: "Le
plaisir (voluptas) qu'on a dans le
coït est écoeurant et bref et le dégoût (taedium)
succède à l'acte de Vénus." (p. 234)
«Les naturalistes nomment
"période réfractaire" la période lors de laquelle les mâles, après
qu'ils se sont accouplés, cessent d'être sexuellement réactifs. Les femelles ne
connaissent pas de période réfractaire post
coïtum. Le mouvement dépressif chez les femelles a lieu post partum. [...] Le taedium des mâles fait songer aux
femmes, après l'étreinte, à la phase de quiétude et d'inexcitabilité où
s'enferme l'enfant après la tétée. Les Romains parlaient de fatigue, du
sentiment du mal de mer sans tempête, de l'âme nauséeuse. Telle est du moins
l'analyse coutumière du thème du taedium
vitae, du "dégoût de la vie" chez les anciens Romains.» (p. 235)
«Homère a mis en scène le premier
mélancolique dans le personnage de Bellérophon. "Objet de haine pour les
dieux, il errait tout seule, sur la plaine d'Aléion, le coeur dévoré de
chagrin, évitant la trace des hommes" (Iliade,
VI, 200). Thymon katedôn, mangeant
son coeur, dit Homère. L'épithète homèrique décrit magnifiquement la mélancolie:
l'autophagie du corps par l'âme. Le malheureux est un narcisse que son reflet
dévore.» (p. 240)
«Sénèque a écrit: "Il n'est
pas d'animal plus ombrageux (morosius)
que l'homme." Sénèque le Fils, premier ministre de l'empereur Néron, fut
la haine de tout ce qui est vivant. Il haïssait le plaisir. Il haïssait la
nourriture. Il haïssait la boisson. Il adorait l'argent et la peur de souffrir.
En tout il fut opposé de son père. Il mourut millionaire. Sénèque, c'est la
maigreur brûlante, dépressive, hantée du langage et du pouvoir. Il est le
premier à s'être baptisé le "pédagogue du genre humain". C'est le
puritain. "La mort te retire de la proximité d'un ventre dégoutant et
puant." Ce n'est pas saint Paul qui a écrit cette phrase. C'est Sénèque le
Fils qui l'écrit à même date, alors qu'il décide pour l'ensemble du monde
romain.» (p. 242)
«Martial est le poète qui a
recherché la concretio. Il a élu tout
ce qui pouvait être écrit ou vu de plus fruste, de plus sexuel, de plus
concret, de plus précis. Un baroque concret. Il décrit les bolets, les vulves
de truie, les cornets à dés, la mentula
pleine de sperme des patrons qui l'insèrent entre les lèvres des pueri, les levrauts, les premiers codices.» (p. 249)
«Les Romains étaient hantés par
le jour qui précède la mort. Properce liait l'amour et la mort (Élégies, II, 27): "L'heure inconnu
de la mort (incertam funeris horam), voilà, mortels, ce que votre
regard cherche anxieusement partout. Notre
maison prend feu (domibus flammam),
notre maison s'écroule (domibus ruinas).
Cette coupe que nous portons à nos lèvres va peut-être tuer. L'heure et le
visage de la mort, seul un amant les connaît (solus amans novit)."» (pp. 250-251)
«Le taedium des Romains s'étendit au Ier siècle. L'acedia des chrétiens apparut au IIIe siècle. Réaparut sous la forme
de la mélancolie au XVe siècle. Revint au XIX siècle sous le nom de spleen.
Revint au XXe siècle sous le nom de dépression. Ce ne sont que des mots. Un
secret plus doloureux les habite. Il y a de l'ineffable. L'ineffable, c'est le
"réel". Le réel n'est que le nom secret du plus détumescent au fond de
la détumescence. À vrai dire, rien n'est langage que le langage. Et tout ce qui
n'est pas langage est réel.» (p. 253)
«L'acedia est décrite par les Chrétiens comme un vitium (un péché mortel). C'est l'incapacité d'être attentif. C'est
l'absence d'intérêt pour tout, même pour le bien, même pour le prochain, même
pour Dieu. C'est la léthargie diabolique. C'est la fascination du suicide.» (9.
254)
«Les deux
Renaissances, soucieuses de retraduire en grec ce sentiment, relancèrent le mot
de mélancolie et effacèrent pour des siècles ces deux étapes monumentales et
autonomes que furent le taedium des
Romains et l'acedia des chrètiens.»
(p.255)
O capítulo XII intitula-se "Liber".
«Liber
était l'un des noms du dieu fascinant. Le vin, pour les anciens, n'est pas
d'abord ivresse qui en résulte jusqu'à la nauseam
mélancolique qui l'achève. Le vin (Liber)
définit d'abord ce qui tend le sexe de l'homme (Silène, Bacchus). Ensuite le
vin noir et épais (qu'on mêlait de l'eau chaude) renvoie à la bile noire
artificielle (la mélagcholia), le vin
triste, le vin qui augmente l'éthos
de chacun, qui dévoile le caractère). Non
facit ebrietas vitia sed protrahit (L'ivresse ne crée pas le vice, elle le
produit au jour). Par le vin Dionysos met au jour le sexe et entraîne le
cortège du Fascinus porté par des hommes dont la tunique est retroussée par l'olisbos artificielle attaché à leur
ventre le jour de la cérémonie de Liber Pater. Il met au jour le furor (la folie conçue comme le fruit de
l'âme parvenu à maturité). Le dieu Liber "libère": in enfle le sexe;
il outre le caractère.» (pp. 258-259)
«Il y a un mot de Septumius
énigmatique et terrible: Amat qui
scribet, paedicatur qui leget (Celui
qui écrit sodomise. Celui qui lit est sodomisé). L'auctor demeure un paedicatur.
C'est le vieux status de l'homme libre romain. Mais le lecteur est servus. La lecture rejoint la
passivité. Le lecteur devient l'esclave d'une autre domus. Lire jouit.» (p. 262-263)
«Pline, l'Ancien - ou encore
Pline de Vérone - était lui-même grand lecteur. Levé avant le jour, lisanit
même en mangeant, lisant même en se promenant, lisant même au bain, lisant même
dans la quadrirème en s'approchant des cendres du Vésuve. Pline, le Jeune - ou
encore Pline de Côme - reprit la passion de son oncle. Pline protégea Suétone.
Il aida Martial. Il fut l'ami de Tacite. Gaston Boissier disait de la fin de
l'Empire: "Je ne crois pas qu'il y ait une autre époque où l'on est autant
aimé la littérature." [...] J'ai montré Pline dans l'alcôve chauffée et
insonorisée qu'il s'était fait construire dans sa ville de Toscane, pareil à
Marcel Proust dans son liège de Paris.» (pp. 265-266)
«En 470 le nouveau préfet de
Rome, Sollius Sidonius Apollinarius écrit à Johannès: "Car maintenant que
n'existent plus les degrés de la dignité qui permettaient de distinguer les
classes sociales de la plus humble à la plus élevée, le seul indice de noblesse
sera désormais la connaissance des lettres (Epistulae,
VIII,2) (p. 269)
«L'ange qui garde les femmes et
les hommes à leur joie esseulée, et la fait s'épanouir, est un ange sans nom.
Une oeuvre de Crébillon, qui date de 1730, est consacrée toute entière au
fantasme masturbatoire. Comme Socrate en -399 avait décidé d'appeler daimôn la voix intérieure, Crébillon en
1730 décida d'appeler "sylphe" ce démon de la main solitaire. Le
Sylphe compte parmi les livres les plus déroutants qui aient été notés sur les
hommes.» (p. 273)
O capítulo XIII é sobre Narciso.
«Je ne sais pas où les modernes
ont pris que Narcisse s'aimait lui-même et qu'il en fut puni. Ils n'ont pas
trouvé cette légende chez les Grecs. Et ils ne l'ont pas empruntée aux Romains.
Cette interprétation du mythe suppose une conscience de soi, une hostilité à la
domus personnelle du corps, ainsi que
l'approfondissement de l'anachorèse intérieure que le christianisme entraîna.
Le mythe est simple: Un chasseur est médusé par un regard, dont il ignore qu'il
est le sien, qu'il perçoit à la surface d'un ruisseau dans la fôret. Il tombe
dans ce reflet qui le fascine, tué par le regard frontal. Pourquoi Narcisse sur
les fresques romaines n'est-il jamais penché sur son reflet? C'est l'augmentum. C'est l'instant qui précède
la mort. S'il se penche, dès l'instant où son propre regard le fascine, il sera
englouti.» (p. 274)
O autor refere depois as três versões das lendas de
Narciso.
Na Beócia, Narciso era um jovem
que gostava de caçar no Hélicon. Um outro jovem caçador, Ameinias, amava-o
loucamente. Narciso, que não o suportava, enviu-lhe um dia uma espada. Ao
receber a espada, Ameinias dirigiu-se a casa de Narciso com a espada na mão e
suicidou-se, invocando, pelo sangue que corria sobre a pedra da porta, a
vingança dos deuses. Alguns dias mais tarde, Narciso foi caçar no Hélicon. Teve
sede e procurou uma fonte. O seu olhar deteve-se no reflexo do olhar que ele
via e suicidou-se.
Agora, a versão de Pausânias.
Narciso amava uma irmã gémea que morreu na adolescência. Sentiu uma dor tão
forte que o impedia de gostar das outras mulheres. Um dia que se mirou um
fonte, viu a sua irmã e os traços desse rosto consolaram o seu desgosto. Não
mais deixou de se inclinar sobre qualquer riacho a fim de rever a imagem que
amava.
Ovídio escreve o conto seguinte:
A mãe de Narciso foi consultar o adivinho Tirésias sobre o destino do filho.
«Tirésias était aveugle; il avait eu les deux yeux condamnés a la "nuit
éternelle" (aeterna nocte) parce
qu'il avait connu le plaisir à la fois sous la forme de femme et sous celle
d'homme. Tirésias aveugle répondit à Liriopé [a mãe]: Si se non noverit (S'il ne se connaît pas). » (p. 276)
Com dezasseis anos, Narciso
tornou-se tão belo que não só as raparigas e os rapazes mas também as ninfas o
desejavam, particularmente uma ninfa chamada Eco. Repudiou-os a todos pois
preferia os veados que caçava na floresta. Eco, desesperando do seu amor,
passou a repetir todas as palavras que Narciso proferia. Estupefacto, ao ouvir
a voz, Narciso exclamou: Coeamus!
(Juntemo-nos!). Ao que a voz respondeu: Coeamus!
(Copulemos!). Encantada com o que ouvira, Eco saiu da floresta e precipitou-se
sobre Narciso. Ele fugiu e ela, desdenhada, refugiou-se na floresta, emagreceu
e em pouco tempo só restavam ossos que se transformaram em rochedos. E
dela só restou uma voz que gemia.
Os rapazes, as raparigas e as
ninfas desprezadas clamaram então a vingança do céu.
Num dia de calor em que foi
caçar, Narciso teve sede. Inclinou-se sobre uma fonte mas enquanto bebia viu a
sua imagem e ficou apaixonado por uma ilusão sem corpo. Tomou por um corpo o
que era apenas água. Contemplou os seus olhos que lhe pareciam dois astros e a
sua cabeleira que era tão bela quanto a de Baco. «Quid videat, nescit; sed quod
videt uritur illo (Ce qu'il voit, il l'ignore; mais ce qu'il voit le consume). Atque oculos idem qui decipit incitat error (La même erreur qui
abuse ses yeux les excite). Per oculos
perit ipse suos (Il périt lui-même par ses propres yeux). Ovide poursuit plus avant encore le mythe: Arrivé aux Enfers, sur la
rive du Styx, Narcissus se penche encore et contemple l'eau noire qui traverse
l'enfer (in Stygia spectabat aqua).» (p. 278)
«Comme les Romains reprirent à
peu près tout aux Grecs sous sa forme théâtrale, Auguste, le dernier jour de sa
vie, "réclama un miroir" (petito
speculo). Suétone rapporte l'instant de mort de l'empereur (Vie des douze Césars, XCIX)» (p. 282)
«Auguste reçut Ovide, le frappa
de relégation selon la loi qu'il avait promulguée "en quelques mots
sevères et tristes", pour avoir vu ce qu'il ne devait pas voir et que nous
ne saurons jamais. [...] Auguste exila Ovide au bout du monde: sous "l'axe
glacial" de la vierge Parrhasia. [...] "Deux fautes m'ont perdu: mes
vers et mon égarement (Perdiderint cum me
duo crimina: carmen et error). Sur la seconde faute je dois me taire (silenda culpa)."» (pp. 283-284)
O capítulo XIV intitula-se "Sulpicius et les ruines de Pompéi".
«À vingt-deux kilomètres de la
ville grecque de Neapolis (Naples), le golfe était osque. Pompéi elle aussi fut
fondé par les Grecs sur les rives du Sarno, comme Herculanum au nord. Les
Étrusques soumirent Osques et Grecs. Les Samnites conquirent Cumes et Pompéi en
-420. Les Romains soumirent Pompéi à la fin du IIIe siècle. Au Ier siècle Pompéi
se rebella contre Rome et Sylla l'assiégea. Les Romains colonisèrent la cité de
vingt mille habitants jusqu'à ce que le Vésuve fasse valoir ses droits
incontestables de propriété sur une terre qu'il avait soulevé au milieu de la
mer.» (p. 296)
«Sous le règne de Néron, par une
journée d'hiver lumineuse, le 5 février 62, les villas tremblèrent. Les
habitants furent évacuées. La tintinnabulation ayant cessé, ils revinrent.
Dix-sept ans plus tard, Titus étant empereur, le 24 août 79, ce fut l'éruption.
Les Pline étaient là. L'oncle y trouva la mort. Une lettre de Pline le Jeune à
Tacite rapporte ce plongeon dans la mort.» (pp. 296-297)
O autor refere a seguir a carta
que Plínio, o Jovem enviou a Tácito descrevendo a erupção e a morte de seu tio
Plínio, o Velho que para observar a erupção não abandonou o local em devido
tempo.
«Il y a une seconde lettre de
Pline à Tacite. Tacite lui demande ce que lui, le neveu, a éprouvé le 24 août
79 à dix heures quinze du matin, tandis qu'il était resté à lire un livre de
Tite-Live (librum Titi Livi) sur son
lit et à en noter des extraits.» (p. 302)
O autor narra depois a descrição de Plínio, o
Jovem.
«La perception mélancolique et
presque psychologique (ou du moins quasi privée) des ruines fut inventée par le
patricien romain Servius Sulpicius dans une lettre à Cicéron datée du mois de
mars -45 à l'occasion de la mort de la fille de Cicéron, Tullia, âgée de trente
et un ans, expirant tandis qu'elle accouchait dans la ville de Tusculum. La
douleur de Cicéron fut si véhémente que tout Rome lui écrivit. César lui
écrivit d'Espagne. Brutus, Lucceius, Dolabella ne furent pas les derniers à s'associer à sa douleur.
Sulpicius, qui gouvernait alors la Grèce, lui fit parvenir une lettre qui
contenait un argument alors complètement nouveau. C'est une des premières
traces mélancholiques du "tourisme" dans notre civilisation (Ad familiares,
IV, 5)» (p. 304)
Sulpicius conta a Cícero a impressão
que lhe fizeram as ruínas das cidades gregas no seu regresso da viagem à Ásia.
«Dans le
Ve livre des Tusculanes, Cicéron
raconte qu'un jour où il se promenait dans la campagne qui entoure la ville de
Syracuse, accompagné de quelques amis et d'une troupe d'esclaves, il aperçut
parmi les ronces, non loin de la porte d'Agrigente, une petite colonne avec un
cylindre et un cercle perdus entre les mûres. Qui a réussi à inscrire une
sphère dans un cylindre? Archimède. Qui a une tombe? Un mort. C'est la tombe
d'Archimède. Aussitôt Cicéron commande aux esclaves de s'armer d'une serpe et
de nettoyer la tombe du savant. Il dicte un épitaphe: "Il fallait qu'un
pauvre citoyen d'Arpinum vînt révéler aux Syracusains la présence du tombeau du
premier des génies que leur cité a engendrés.» (p. 306)
«Pline le Jeune fuyait la ville
dans ses villa comme il avait fui sa villa lors de la nuit de l'éruption du
Vésuve. Au sud, sous la route qui menait à la mer, il y avait une petite villa de vignerons. On la retrouva au
XVIIIe siècle. Rocco Gioacchino de Alcubierre la fouilla, fouilla Herculanum en
1754, fouilla Stabies en 1754. En 1763 la civita
ancienne sur la colline retrouva son nom de Pompéi. "Un puits que le
prince d'Elbeuf fit creuser à une médiocre distance de sa maison - écrivit
Winckelmann avant de mourir assassiné en 1768 - donna lieu à la découverte
actuelle."» (pp. 309-310)
«En 1819, le conservateur Arditi regroupa 102 pièces choquantes retirées lors des fouilles de Pompéi commencées en 1763 et créa le "Cabinet des objets obscènes". En 1823, la collection de ses pièces interdites changea d'appellation et devint le "Cabinet des objets réservés". En 1860, nommé par Giuseppe Garibaldi, Alexandre Dumas le baptisa la "Collection pornographique". C'est ainsi que Dumas retrouva subitement ce mot dont l'inventeur, 2300 années plus tôt, s'appelait Parrhasios.» (p. 311)
O capítulo XV tem por título "La villa des Mystères".
O autor descreve em seguida os frescos da villa dos Mistérios.
«Les mystères ont gardé leur
secret. Jamais les Orgia d'Éleusis ne
nous seront connus. Aristote a expliqué que les mystères comprenaient trois
parties: ta drômena, ta legomena, ta deiknumena (les actions mimées, les
formules dites, les choses
devoilées). Drame, parole, exhibition. Théâtre, littérature, peinture. Ces
choses "mystérieuses" (c'est-à-dire "réservées aux mystes")
concernaient la sexualité et le monde des morts. Nous ne les connaîtrons jamais
(mais nous les connaissons en nous perpétuant, autant par le désir que par la
mort). On était accoutumé à dater la villa des Mystères de -30. En raison de sa
ressemblance avec un tombeau macédonien les érudits ont proposé la date de
-220. On appelait hiérophante la personne qui procédait au dévoilement sacré de
l'effigie. On appelait liknon la
corbeille sacrée où reposait le phallos
qu'on allait montrer. Les legomena sortent
de la bouche de l'enfant nu et flacide lisant le fatum. Toute la fresque
exhibe côte à côte les drômena.» (pp.
318-319)
«Messaline passa pour la femme la
plus amorale de la Rome ancienne: parce qu'elle tomba amoureuse. Juvénal décrit
la toute jeune impératrice penchée sur Claude dans l'attente de son
endormissement. [...] Mais ce n'est pas par ses sorties nocturnes que
l'impératrice adolescente parut amorale: c'est parce qu'elle aima un homme. Le
sentiment (une impératrice devenant la serve d'un homme) était interdit aux
matrones plus que la débauche. Messaline aima Silius. Tacite dit que c'était le
plus beau des Romains (juventutis romanae
pulcherrimum). Il était sénateur. Pour vivre avec Messaline il consentit à
rompre son mariage avec une femme de la plus ancienne aristocratie, Junia
Silana. Messaline choqua parce qu'elle n'acceptait pas de partager un homme.
Elle se donna à son amour sans aucune prudence et avec une intransigence qui
scandalisa. Claude d'abord ferma les yeux. Mais Messaline ne l'entendit pas
ainsi: elle vint chez Caius Silius sans se cacher, aux yeux de la ville
entière, accompagnée de sa suite d'esclaves. [...] Ne trouvant plus de ressources
que dans l'audace (audacia), dit
Tacite (Annales, XI, 12), elle décide
de renoncer à l'Empire. Elle décide d'épouser Silius. [...] Rome fut pétrifiée.
L'empire était le dot de Messaline. Ou Silius, ou Claudius. [...] Le 23 août
48, le jour où commençaient les fêtes des vendanges, Messaline décida de
célébrer des Bacchanalia. [...]
Claude était à Ostie en train de rédiger son Histoire des Étrusques (l'empereur
Claude lisait l'étrusque). Il donna l'ordre d'exécuter son épouse. Quand les centurions que Narcisse avait mandés arrivèrent,
elle s'était écartée de la fête. [...] Elle avait vingt ans. Elle voulut se
tuer elle-même avec son style quand elle aperçut les soldats derrière les
arbres mais ils la devancèrent et c'est le tribun de garde qui les commandait
qui la transperça de son épée au milieu du jardin de Licinius Lucullus en
silence.» (pp. 328-329-330-331)
«Fescennin
vient de fascinus. Les vers fescennins, la langue protubérante, agressive,
ithyphallique étaient dits irréguliers (horridus).
Quand Sénèque le Père critique violemment le style d'Arellius Fuscus, il
indique le rêve de beauté propre à la Rome ancienne: Nihil acre, nihil solidum, nihil horridum (Aucune viguer, aucun
fond, aucune âpreté). Virilité, gravité, grandeur. C'est le mot de l'empereur
Caligula sur le style de Sénèque le Fils: "Du sable sans mortier". Le
goût de Tibère - grand collectioneur des peintures
exécutées cinq siècles plus tôt en Grèce - peut toujours être vérifié dans
l'île de Capri, dont il devint le desservant fanatique au point de s'y retirer
durant onze années. [...] C'est le meilleur exemple du sens de l'horridus. On lui donnait le
nom de "Terre des Sirènes". Capreae
est un colosse de pierre ruiné et abrupt. [...] La roche de Capri a ce
caractére sauvage, érigé, escarpé comme un dieu horridus dans la mer.» (pp. 334-335)
«Les inventions de la tragédie
dionysiaque et de la pornographie (les tabellae
nommées libidines) étaient dues aux
Grecs. Les Juifs et les Romains se disputaient l'invention du caleçon (subligaculum). Un jour Noé, ayant planté
sa vigne, ivre de vin, se dénuda et s'endormit sous sa tente (nudatus in tabernaculo suo). Son fils
Cham pénétra dans la tente pendant qu'il dormait. Il voit pendre au bas du
ventre de son père les virilia patris
qui l'ont fait; il voit la mentula
dans son repos; il est maudit (maledictus);
il devient l'esclave des esclaves (servus
servorum) de ses frères (Genèse,
IX, 21). En Occident, le caleçon a deux origines: une origine judaïque
malédictrice et mortelle. Une origine romaine effrayée et mélancolique (dès la
République le consul Cicéron prône le port de subligaculum sous la toge).» (pp. 337-338)
O capítulo XVI, e último, intitula-se "Du
taedium à l'acedia".
«La légende dit que Tibère,
collectionneur des peintures pornographiques de Parrhasios, parla peinture avec
sainte Véronique. Ce n'est pas moi qui invente cette scène. C'est Jacques de
Voragine qui porte une pierre à cet amas de ruines que j'ai désiré rassembler,
et une preuve à mon délire. Parce que toute interprétation est un délire.» (p.
341)
Para evitar a longa transcrição
integral, resumo o texto de Pascal Quignard: Estando gravemente doente, Tibério
disse a Volusianus que tinha ouvido falar de um médico que curava todos os
males. E mandou-o ter com Pilatos para trazer Jesus - era dele que se tratava -
mas aquele pediu-lhe um prazo de catorze dias. Entretanto, Volusianus conheceu
Verónica que lhe disse ser amiga de Jesus. Mas Jesus tinha sido mandado matar
por Pilatos. Verónica disse então a Volusianus que tinha comprado tela e tintas
para fazer um retrato de Jesus, mas que não tivera tempo de as entregar ao
pintor e vendo passar Jesus a caminho da morte, colocou-lhe a tela sobre o
rosto. Volusianus pediu-lhe para comprar a imagem impressa, mas Verónica respondeu-lhe
que era necessária uma grande devoção e propôs-se acompanhar Volusianus a Roma.
No regresso Volusianus contou a história a Tibério. Depois Tibério recebeu
santa Verónica e mandou-a descobrir o retrato. E logo recuperou a saúde.
«Tibère fit présent d'un tableau ancien à Véronique la putain (un
"tableau-de-prostituée" de Parrhasios?) et ordonna qu'on mît à mort
Pilate parce qu'il avait tué Jésus. Mais Pilate ne l'entendit pas de cette
oreille et, saisissant avec sa main son épée, il se tua: À l'instant de mourir,
Pilatus regarda sa main qui tenait son épée. En expirant il dit: - La main que
j'ai lavée me tue.» (p. 344)
«Le raccourci de saint Paul est
saisissant: l'effroi romain devenu inimitié, hostilité, voilà le christianisme.
C'est l'adoration du corps mort de dieu lui-même crucifié sarcastiquement. Ce
n'est plus le dieu nu (le fascinus).
C'est la divinité vêtue et du même coup la reproduction de l'humanité devenue
invisible. Paul dit qu'il y a deux voiles et soutient qu'il y a un "second
vêtement pour l'homme": une armure et un casque. Nous ne devons pas nous
dévêtir (Nolamus expoliari), affirme
Paul, nous devons revêtir par-dessus l'autre vêtement (supervestiri) ce "second vêtement" afin que ce qui est
mortel soit résorbé par la vie (ut
absorbeatur quod mortale est a vita). Induite
armaturam Dei ut possitis stare adversus insidias diaboli (Revêtez l'armure de Dieu pour pouvoir résister aux
manoeuvres du diable).» (p. 345)
«Virgo Maxima et Pater: les
fonctions statutaires ne périrent pas; elles furent inversées; pietas des femmes, castitas des hommes. Paul Veyne a analisé la métamorphose des
relations sexuelles conjugales, créant peu à peu la morale chrétienne du
mariage. La morale chrétienne s'approppria la morale impériale païenne des
fonctionnaires, soumise, statutaire, paritaire, puis égalitaire, auto-réprimée,
secrète, privée, fidèle, chaste, abstinente c'est-à-dire amoureuse,
pro-féministe, anti-homosexuelle, sentimentale, voilée.» (p. 347)
«En 1888, à Londres, Elisabeth
Blackwell déclara: "La régulation des rapports sexuels au mieux des
intérêts des femmes, telle est la vérité méconnue du christianisme. Par le
christianisme l'homme s'est soumis quant aux quatre maîtrises: "ni
l'ardeur, ni l'heure, ni la position, ni la paternité ne sont plus dans ses
mains".» (p. 347)
«Quand, autour de 200, le
christianisme devint la religion majoritaire de l'Empire romain, le contrat de
mariage apparut et absorba dans sa mode soudaine la foule des esclaves (dont le
christianisme fut loin de restreindre le nombre). La hiérarchie ecclésiale des
chrétiens épousa la verticalité de la hiérarchie administrative impériale et la
renforça. La morale, devenue celle de tous les status, s'intériorisa et devint normative (valant pour tous, valant
même pour l'empereur, le mot grec katholiké
veut dire mot à mot "au point de vue du tout").» (p. 348)
«J'ai voulu méditer huit
particularités propres à la perception romaine du monde sexuel: la fascinatio du Fascinus, le ludibrium propre aux spectacles romains
et aux livres des satura, les
métamorphoses béstiales et leur contraire (les romans d'anthropomorphose), la
multiplication des démons et des dieux intermédiaires dans la triple anachorèse
épicurienne, puis stoïcienne, puis chrétienne, le regard latéral puis prostré,
l'interdit de la fellation et de la passivité, le taedium vitae virant à l'acedia,
enfin la transformation de la castitas
propre aux matrones républicaines en continence
masculine des anachorètes chrétiens. Ce sont tous ces mots obscurs qui peu à peu
s'éclairent dans l'effroi.» (pp. 353-354)
FINALMENTE, TERMINEI!
Pretendia escrever um post breve sobre este livro e acabei por
fazer numerosas transcrições. Mas a isso me obrigou o texto do autor, recheado
de citações gregas e latinas, e de que publico apenas alguns trechos que se me
afiguraram mais importantes. É um facto que as partes agora publicadas estão
inseridas num todo impossível de reproduzir integralmente. O leitor interessado
terá pois de ler o livro para compreender cabalmente o sentido das
transcrições.
Importa também sublinhar que tive
alguma perplexidade no uso um pouco aleatório do itálico, relativo umas vezes aos nomes gregos e latinos, outras aos
franceses, umas vezes a títulos de obras, outras a citações. Igualmente a
utilização indistinta de maiúsculas e minúsculas iniciais para os mesmos nomes
é incompreensível. Talvez a revisão do texto não tenha sido eficiente. De
qualquer forma, excepto num caso, optei por manter a fixação apresentada no
livro.
Isto não obsta a considerar
Pascal Quignard como homem de elevada cultura, especializado nos mundos grego e
romano e nas matérias relativas ao sexo, ainda que, por vezes, eu seja levado a julgar a
abordagem dos assuntos um pouco estranha.
Aliás, os
livros que conheço do autor contam estórias estranhas. Farei também breve referência
aos dois traduzidos em português que mencionei no início deste post.
Em Todas as manhãs do mundo o argumento roda em torno de um violista
de gamba (Quignard é também versado em música) que considera impossível
transmitir a sua arte; discorre igualmente sobre os amores da filha do
violista, das suas recusas às solictações para actuar no palácio real, à sua
vida de quase ermita, etc.
Em A fronteira, é contada uma estória assombrosa, mas enquadrada por
factos históricos, pretensamente narrada nos azulejos do Palácio Fronteira. Os
azulejos são parcialmente reproduzidos no belíssimo livro da edição portuguesa,
que inclui o "bestiário" que se estende pelo palácio e jardins.
Pretendem, segundo o autor, tais azulejos recordar os episódios atribulados de
uma relação amorosa, episódios testemunhados pelos animais fantásticos que mão
hábil neles retratou.
1 comentário:
Há sem dúvida que cumprimentar o autor do blog pelo seu paciente e meritório labor em dissecar,resumir e revelar aos seus leitores obras de interesse cultural evidente,mas na sua maioria desconhecidas do público comum,no qual me inscrevo. Esta obra do Quignard parece ser uma espécie de "passeio" pelos textos dos autores gregos e latinos, sobretudo na temática amorosa, mas com excursos pela guerra,pela política,pelo dia-a-dia,etc. É um "touche à tout" de grande erudição, mas aparentemente apresentada de modo agradável e original. Talvez não se registem novidades sensacionais para os especialistas, mas é sempre útil revisitar de modo atractivo o mundo dos nossos antepassados culturais, e que os países do sul da Europa, curiosamente ao contrário dos nórdicos, parecem querer esquecer.
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