Abdelwahab Meddeb
Autodafé
En Tunisie la situation gagne en tension. Les salafistes s’attaquent au
monde des arts et de la culture. Et les autorités gouvernementales
islamistes prétendument modérées renvoient dos à dos ceux qui sèment la
terreur et les artistes assimilés à des agents provocateurs extrémistes.
Encore une fois se révèle la stratégie du parti islamiste Ennahda qui
dirige le pays. Il laisse sévir les salafistes pour condamner ensuite
dans le même élan et l’agresseur et la victime. Ainsi les nahdawis
espèrent-ils neutraliser les forces séculières et modernistes assimilant
leur existence dans la cité au mal qui motive les fous de Dieu. Après
s’être attaqué aux médias (à travers l’affaire Persepolis programmée par
Nesmaa), après avoir porté atteinte à l’espace académique (notamment
dans la faculté des lettres et des arts de Manouba), est venu le tour du
monde des arts. Chaque fois, l’argument est le même : la liberté ne
peut s’exercer que dans les limites du sacré. Comme on ne sait pas ce
qu’est le sacré, ni où il commence ni où il finit, cette restriction
s’avère liberticide.
Dimanche dernier, après leurs menaces diurnes,
les salafistes ont pénétré de nuit dans le palais hafside
d'El-‘Ibdelliyya à La Marsa qui abritait l’exposition du printemps des
arts. Ils y ont profané les œuvres contestées, une dizaine de toiles ont
été déchirées, détruites. Par ce vandalisme, ils montrent leur barbarie
et leur ignorance. Prenons l’exemple d’une des œuvres jugée
profanatrice alors qu’elle appartient plus que toute autre au sacré tel
que nous le définissons. Il s’agit d’une toile qui transcrit la formule
rituelle Subhâna Allâh (« Gloire à Dieu », expression figée que les
musulmans prononcent en guise d’exclamation pour dire leur admiration ou
leur terreur). Un défilé de fourmis en trace les lettres. Et les
fourmis de l’aleph par lequel commence le mot Allâh continuent leur
chemin jusqu’à pénétrer la tête d’un humain pour faire provision de son
cerveau et lui ôter la faculté de juger. Peut-être est-ce ainsi que
l’artiste symbolise la lobotomie qui produit un salafiste.
Or cette
œuvre est doublement légitimée : par le sacré de l’art comme par le
sacré du soufisme. D’abord le recours aux fourmis dérive de l’usage
qu’en fait Salvador Dali dans ses tableaux. On voit chez le surréaliste
catalan les ouvrières noires tout à leur ménage sur les touches
blanches d’un piano. Cette apparition insolite crée le choc de la vision
qui provoque l’émotion. L’artiste tunisien adapte cet élément qui
appartient à la mémoire de la peinture à la situation qu’il est en train
de vivre dans son pays. Par cet emprunt réorienté, il agit en artiste
cosmopolite. Et c'est ce statut qui choque l’islamiste arcbouté à une
identité obsidionale se contentant d'une autarcie stérile.
Ensuite
la tradition islamique propose une audace de l’imagination créatrice qui
a détourné la formule sainte reprise par l’artiste tunisien. Subhâna
Allâh sort transformée de la bouche d’un des premiers maîtres du
soufisme Abû Yazid Bistami (mort en 842) : elle se change en Subhânî :
« Gloire à Dieu » devient « Gloire à moi ». La première personne
s'empare d'une expression que le rite conjugue à la troisième personne.
Le Dieu absent est rendu présent dans le corps du locuteur. Une telle
incarnation est théorisée par le Shat’h, terme appartenant au lexique
technique du soufisme qui a été traduit « paradoxe inspiré », « locution
théopathique », « dit d’extase », « débord ». Le mot veut dire dans le
langage commun la crue du fleuve ou les bris de grains qui fusent de la
meule. Cette parole signifie l’excès dionysiaque que connaît l’homme
lorsqu’il est ravi par l’extase et qu’il est de toute part investi et
débordé par l'Absolu.
"Gloire à moi" qui se substitue à "Gloire à
Dieu" transforme un énoncé (qui est un donné convenu) en une énonciation
qui engage une subjectivité subversive. Celle-ci exprime l’énergie
poétique dramatisée par le mystique lorsque Dieu parle par lui. Le
transfert de Dieu à la première personne a été médité pendant plus d’un
millénaire ; une immense littérature en langue arabe comme en langue
persane s'est penchée sur cette subversion pour l'accommoder au canon et
au dogme. Telle reconnaissance paraphe une des formes subversives du
sacré au sein de la croyance islamique. Mais ce sacré-là, nous savons
que les islamistes le haïssent et le combattent. Ce qui reste de ce
sacré dans le soufisme populaire et le culte des saints, ravivé ici par
un artiste contemporain, est honni par les salafistes qui ont engagé en
Tunisie la démolition des tombes consacrées, offrant des scènes où était
théâtralisée la transe.
De fait, la position islamiste iconoclaste
est construite sur le déni de la tradition et de la civilisation
islamiques elles-mêmes. Dès lors l’œuvre contestée assimilée au harâm, à
la transgression de l’interdit, au kufr, à la mécréance qui, dans la
logique des ignorantins salafistes, doit être bannie de la cité, telle
œuvre acquiert sa double légitimité sacrée par Dali pour la dignité
picturale, et par Bistami en tant que fait de civilisation plus ouvert,
plus paradoxal, plus complexe que ne le supportent salafistes et
islamistes. Cette double légitimité honore la sainteté de l’Esprit
bafouée par la censure islamiste.
Il faut admettre que l'art comme
la poésie sont subversifs ou ne sont pas. Et le jeune artiste tunisien
reste loin en subversion si on le compare et au poète qui provient de la
tradition islamique (Bistami) et au peintre qui appartient à l'une des
révolutions artistiques qu'a connu l'Occident au XXe siècle (Dali).
J’écris ce texte de ma résidence à Berlin. Or l’histoire de l’Allemagne
propose des séquences capables d’éclairer les événements de Tunisie. Les
islamistes d’Ennahda se réclament d’une démocratie islamique analogique
à la démocratie chrétienne telle qu’elle est représentée, par exemple,
par le parti conservateur CDU d’où émane le gouvernement dirigé par
Angela Merkel. Or les démocrates chrétiens ne s’immiscent jamais ni dans
la création artistique ni dans les mœurs. Leur conception de la liberté
n’est pas limitée par le sacré. Berlin accueille quelque vingt mille
artistes du monde entier qui vivent et créent dans la liberté absolue,
sans la moindre contrainte morale. Les islamistes et leurs alliés qui
invoquent le modèle des démocrates chrétiens doivent savoir que ceux-ci
agissent avec une mémoire configurée par l’enseignement kantien
cosmopolitique des Lumières dont le premier principe est le respect
inconditionnel de l’individu libre.
En outre, j’ai rencontré à
Berlin un responsable d’une fondation proche du gouvernement qui s’est
spécialisée dans la transition démocratique. L’intégration de
l’Allemagne communiste à l'Etat fédéral a apporté une expertise à cette
fondation pour le passage du totalitarisme au libéralisme, de
l’unanimisme au pluralisme, de la dictature à la démocratie. Et cette
fondation s'était mobilisée en faveur de la révolution tunisienne depuis
la fuite du dictateur le 14 janvier 2011. Ses responsables étaient
prêts à investir pour contribuer à la réussite de la phase
transitionnelle. Or l’expert en question m’a transmis l’appréhension de
son institution face à ses interlocuteurs nahdawis qui gouvernent la
Tunisie. Ceux-ci ne se sentent concernés que par la partie du programme
qui efface les vestiges du système déchu ; et ils se révèlent plus que
rétifs dès qu’est abordée la mise en place du dispositif qui empêche
tout retour à la dictature. C’est comme si les nahdawis laissaient
ouverte cette possibilité pour eux-mêmes.
Devant cette ambiguïté qui
instaure le soupçon, apparaît la deuxième analogie allemande, celle qui
ravive le funeste souvenir du National Socialisme. Celui-ci est parvenu
au pouvoir par la voie démocratique pour imposer ensuite sa vision
totalitaire. Et l’irrésistible avènement de la dictature a commencé par
l’attaque contre la culture, contre les arts. Revenons à l’année 1933.
Après leur victoire électorale, les nazis ont procédé au nettoyage de la
culture et des arts avant que triomphe à l’échelle de tout un peuple
leur idéologie destructrice. Le 10 mai 1933, place de l’Opéra, à Berlin,
furent brûlés 20.000 livres décrétés non ou anti allemands. Très vite
Berlin si hospitalier pour l’esprit était devenu irrespirable. Quelques
semaines avant, dans la pièce de théâtre Schlageter écrite par Johst et
créée le 20 avril pour célébrer l’anniversaire du Führer, un des
personnages dit : « Quand j’entends le mot « culture », je sors mon
revolver », mot d’ordre qu’appliqueront les nazis.
Et, dans le
malheureux contexte que vit la Tunisie livrée aux fanatiques, je me
souviens d’une autre phrase d’un poète allemand de l’âge romantique,
Heinrich Heine qui a écrit : « Là où on brûle les livres, on finira par
brûler les hommes ». La prémonition de Heine est, hélas ! régulièrement
vérifiée par l’histoire. Déjà, dans l’effervescence des mosquées livrées
à la discorde, circulent des fetwas condamnant à mort des artistes qui
ont exposé à la Marsa. Ainsi rendent-ils licite, comme ils disent, le
versement de leur sang à tout candidat au crime.
D’évidence ces
fanatiques qui mettent le pays à feu et à sang estimeront l’intégralité
de ce texte (s’ils en prennent connaissance) nul et non avenu de par ses
références, en ses tenants et aboutissants comme dans son horizon de
pensée. En vérité ce texte donne la part belle à l’universel qui, selon
eux, n’est peuplé que de croisés (Dali, Kant), de juifs (Heine), de
mécréants hérétiques (Bistami). Et celui-là même qui l’a écrit ajoutera
son nom sur la liste des réprouvés. Quoi qu’il en coûte, c’est de cet
universel que nous nous réclamons pour résister à la barbarie.
En Tunisie la situation gagne en tension. Les salafistes s’attaquent au monde des arts et de la culture. Et les autorités gouvernementales islamistes prétendument modérées renvoient dos à dos ceux qui sèment la terreur et les artistes assimilés à des agents provocateurs extrémistes. Encore une fois se révèle la stratégie du parti islamiste Ennahda qui dirige le pays. Il laisse sévir les salafistes pour condamner ensuite dans le même élan et l’agresseur et la victime. Ainsi les nahdawis espèrent-ils neutraliser les forces séculières et modernistes assimilant leur existence dans la cité au mal qui motive les fous de Dieu. Après s’être attaqué aux médias (à travers l’affaire Persepolis programmée par Nesmaa), après avoir porté atteinte à l’espace académique (notamment dans la faculté des lettres et des arts de Manouba), est venu le tour du monde des arts. Chaque fois, l’argument est le même : la liberté ne peut s’exercer que dans les limites du sacré. Comme on ne sait pas ce qu’est le sacré, ni où il commence ni où il finit, cette restriction s’avère liberticide.
Dimanche dernier, après leurs menaces diurnes, les salafistes ont pénétré de nuit dans le palais hafside d'El-‘Ibdelliyya à La Marsa qui abritait l’exposition du printemps des arts. Ils y ont profané les œuvres contestées, une dizaine de toiles ont été déchirées, détruites. Par ce vandalisme, ils montrent leur barbarie et leur ignorance. Prenons l’exemple d’une des œuvres jugée profanatrice alors qu’elle appartient plus que toute autre au sacré tel que nous le définissons. Il s’agit d’une toile qui transcrit la formule rituelle Subhâna Allâh (« Gloire à Dieu », expression figée que les musulmans prononcent en guise d’exclamation pour dire leur admiration ou leur terreur). Un défilé de fourmis en trace les lettres. Et les fourmis de l’aleph par lequel commence le mot Allâh continuent leur chemin jusqu’à pénétrer la tête d’un humain pour faire provision de son cerveau et lui ôter la faculté de juger. Peut-être est-ce ainsi que l’artiste symbolise la lobotomie qui produit un salafiste.
Or cette œuvre est doublement légitimée : par le sacré de l’art comme par le sacré du soufisme. D’abord le recours aux fourmis dérive de l’usage qu’en fait Salvador Dali dans ses tableaux. On voit chez le surréaliste catalan les ouvrières noires tout à leur ménage sur les touches blanches d’un piano. Cette apparition insolite crée le choc de la vision qui provoque l’émotion. L’artiste tunisien adapte cet élément qui appartient à la mémoire de la peinture à la situation qu’il est en train de vivre dans son pays. Par cet emprunt réorienté, il agit en artiste cosmopolite. Et c'est ce statut qui choque l’islamiste arcbouté à une identité obsidionale se contentant d'une autarcie stérile.
Ensuite la tradition islamique propose une audace de l’imagination créatrice qui a détourné la formule sainte reprise par l’artiste tunisien. Subhâna Allâh sort transformée de la bouche d’un des premiers maîtres du soufisme Abû Yazid Bistami (mort en 842) : elle se change en Subhânî : « Gloire à Dieu » devient « Gloire à moi ». La première personne s'empare d'une expression que le rite conjugue à la troisième personne. Le Dieu absent est rendu présent dans le corps du locuteur. Une telle incarnation est théorisée par le Shat’h, terme appartenant au lexique technique du soufisme qui a été traduit « paradoxe inspiré », « locution théopathique », « dit d’extase », « débord ». Le mot veut dire dans le langage commun la crue du fleuve ou les bris de grains qui fusent de la meule. Cette parole signifie l’excès dionysiaque que connaît l’homme lorsqu’il est ravi par l’extase et qu’il est de toute part investi et débordé par l'Absolu.
"Gloire à moi" qui se substitue à "Gloire à Dieu" transforme un énoncé (qui est un donné convenu) en une énonciation qui engage une subjectivité subversive. Celle-ci exprime l’énergie poétique dramatisée par le mystique lorsque Dieu parle par lui. Le transfert de Dieu à la première personne a été médité pendant plus d’un millénaire ; une immense littérature en langue arabe comme en langue persane s'est penchée sur cette subversion pour l'accommoder au canon et au dogme. Telle reconnaissance paraphe une des formes subversives du sacré au sein de la croyance islamique. Mais ce sacré-là, nous savons que les islamistes le haïssent et le combattent. Ce qui reste de ce sacré dans le soufisme populaire et le culte des saints, ravivé ici par un artiste contemporain, est honni par les salafistes qui ont engagé en Tunisie la démolition des tombes consacrées, offrant des scènes où était théâtralisée la transe.
De fait, la position islamiste iconoclaste est construite sur le déni de la tradition et de la civilisation islamiques elles-mêmes. Dès lors l’œuvre contestée assimilée au harâm, à la transgression de l’interdit, au kufr, à la mécréance qui, dans la logique des ignorantins salafistes, doit être bannie de la cité, telle œuvre acquiert sa double légitimité sacrée par Dali pour la dignité picturale, et par Bistami en tant que fait de civilisation plus ouvert, plus paradoxal, plus complexe que ne le supportent salafistes et islamistes. Cette double légitimité honore la sainteté de l’Esprit bafouée par la censure islamiste.
Il faut admettre que l'art comme la poésie sont subversifs ou ne sont pas. Et le jeune artiste tunisien reste loin en subversion si on le compare et au poète qui provient de la tradition islamique (Bistami) et au peintre qui appartient à l'une des révolutions artistiques qu'a connu l'Occident au XXe siècle (Dali).
J’écris ce texte de ma résidence à Berlin. Or l’histoire de l’Allemagne propose des séquences capables d’éclairer les événements de Tunisie. Les islamistes d’Ennahda se réclament d’une démocratie islamique analogique à la démocratie chrétienne telle qu’elle est représentée, par exemple, par le parti conservateur CDU d’où émane le gouvernement dirigé par Angela Merkel. Or les démocrates chrétiens ne s’immiscent jamais ni dans la création artistique ni dans les mœurs. Leur conception de la liberté n’est pas limitée par le sacré. Berlin accueille quelque vingt mille artistes du monde entier qui vivent et créent dans la liberté absolue, sans la moindre contrainte morale. Les islamistes et leurs alliés qui invoquent le modèle des démocrates chrétiens doivent savoir que ceux-ci agissent avec une mémoire configurée par l’enseignement kantien cosmopolitique des Lumières dont le premier principe est le respect inconditionnel de l’individu libre.
En outre, j’ai rencontré à Berlin un responsable d’une fondation proche du gouvernement qui s’est spécialisée dans la transition démocratique. L’intégration de l’Allemagne communiste à l'Etat fédéral a apporté une expertise à cette fondation pour le passage du totalitarisme au libéralisme, de l’unanimisme au pluralisme, de la dictature à la démocratie. Et cette fondation s'était mobilisée en faveur de la révolution tunisienne depuis la fuite du dictateur le 14 janvier 2011. Ses responsables étaient prêts à investir pour contribuer à la réussite de la phase transitionnelle. Or l’expert en question m’a transmis l’appréhension de son institution face à ses interlocuteurs nahdawis qui gouvernent la Tunisie. Ceux-ci ne se sentent concernés que par la partie du programme qui efface les vestiges du système déchu ; et ils se révèlent plus que rétifs dès qu’est abordée la mise en place du dispositif qui empêche tout retour à la dictature. C’est comme si les nahdawis laissaient ouverte cette possibilité pour eux-mêmes.
Devant cette ambiguïté qui instaure le soupçon, apparaît la deuxième analogie allemande, celle qui ravive le funeste souvenir du National Socialisme. Celui-ci est parvenu au pouvoir par la voie démocratique pour imposer ensuite sa vision totalitaire. Et l’irrésistible avènement de la dictature a commencé par l’attaque contre la culture, contre les arts. Revenons à l’année 1933. Après leur victoire électorale, les nazis ont procédé au nettoyage de la culture et des arts avant que triomphe à l’échelle de tout un peuple leur idéologie destructrice. Le 10 mai 1933, place de l’Opéra, à Berlin, furent brûlés 20.000 livres décrétés non ou anti allemands. Très vite Berlin si hospitalier pour l’esprit était devenu irrespirable. Quelques semaines avant, dans la pièce de théâtre Schlageter écrite par Johst et créée le 20 avril pour célébrer l’anniversaire du Führer, un des personnages dit : « Quand j’entends le mot « culture », je sors mon revolver », mot d’ordre qu’appliqueront les nazis.
Et, dans le malheureux contexte que vit la Tunisie livrée aux fanatiques, je me souviens d’une autre phrase d’un poète allemand de l’âge romantique, Heinrich Heine qui a écrit : « Là où on brûle les livres, on finira par brûler les hommes ». La prémonition de Heine est, hélas ! régulièrement vérifiée par l’histoire. Déjà, dans l’effervescence des mosquées livrées à la discorde, circulent des fetwas condamnant à mort des artistes qui ont exposé à la Marsa. Ainsi rendent-ils licite, comme ils disent, le versement de leur sang à tout candidat au crime.
D’évidence ces fanatiques qui mettent le pays à feu et à sang estimeront l’intégralité de ce texte (s’ils en prennent connaissance) nul et non avenu de par ses références, en ses tenants et aboutissants comme dans son horizon de pensée. En vérité ce texte donne la part belle à l’universel qui, selon eux, n’est peuplé que de croisés (Dali, Kant), de juifs (Heine), de mécréants hérétiques (Bistami). Et celui-là même qui l’a écrit ajoutera son nom sur la liste des réprouvés. Quoi qu’il en coûte, c’est de cet universel que nous nous réclamons pour résister à la barbarie.
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