sábado, 12 de novembro de 2016

MALEK CHEBEL




Morreu esta noite, com 63 anos, o grande antropólogo argelino Malek Chebel, cujas obras sobre a sexualidade no Islão são fundamentais e indispensáveis a qualquer estudioso do tema.

Possuo quase todos os livros deste especialista do mundo árabo-muçulmano, das religiões e da sexualidade.

Partilho uma entrevista concedida em 28 de Março de 2002, ao "Nouvel Observateur":

  • Malek Chebel, qui était né en 1953 à Skikda, en Algérie, est mort dans la nuit du 11 au 12 novembre 2016. 
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  • Psychanalyste, philosophe, il était surtout connu pour ses travaux comme anthropologue des religions, spécialiste du monde arabo-musulman et adepte d'un "islam des Lumières".
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  • Auteur de nombreux essais, depuis "le Corps en islam" (PUF, 1984), il avait notamment publié un "Dictionnaire amoureux de l'islam" (Plon, 2004), un "Dictionnaire encyclopédique du Coran" (Fayard, 2009) ou encore une vaste anthologie consacrée à "l'Erotisme arabe" (Bouquins, 2014). 
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  • En 2002, à 48 ans, il publiait "le Sujet en islam" (Seuil). L'occasion de faire le point sur ses travaux, dans cet entretien au "Nouvel Observateur". 

 Malek Chebel : "La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin"

« Passeur de sens entre l'Orient et l'Occident», le psychanalyste et anthropologue Malek Chebel est surtout connu pour ses écrits fondateurs sur la sexualité en Islam (1). Originaire de Skikda, ville côtière de l'Est algérien, il s'est installé en France en 1977 pour suivre les cours de Jean Laplanche et questionner l'univers arabo-musulman. A 48 ans, il publie son quatorzième ouvrage, «le Sujet en islam», aux Editions du Seuil.

Le Nouvel Observateur. Depuis vingt ans, vous travaillez à une «Histoire des mentalités dans le monde arabe» dont vous nous livrez aujourd'hui le sixième et avant-dernier tome: «le Sujet en islam». N'était-il pas audacieux d'y pointer l'intime relation que noue le gouvernement de la cité musulmane avec la sexualité de ses leaders politiques les plus charismatiques? 

Malek Chebel. Certainement, mais mon regard n'est pas celui du théologien. Hors de toute polémique, je me situe en observateur, en historien. Ce livre peut paraître offensant pour les musulmans, car j'évoque des versets du Coran qui viennent avaliser le désir du prophète Mohammed. Son mariage «de volonté divine» avec la belle Zaïnab, la femme de son fils adoptif, en est un exemple éloquent. Depuis le mariage avec les femmes des fils adoptifs a été autorisé. Mon souci dans ce livre a été de montrer le visage humain du Coran. Or c'est «le» grand scandale.

Vous n'en êtes pas à votre premier scandale, depuis vingt ans que vous parlez orgasme, excision, hymen, homosexualité?

Effectivement, au départ mes conférences en Sorbonne se terminaient en véritables pugilats. A présent, on me présente comme un «libérateur» de la femme. Car le combat que je mène contre les formes archaïques de l'expression de l'islam passe forcément par la femme, cet épicentre de la transgression, lieu de tous les complexes, refoulements et blocages. Pour le machiste, pour le misogyne musulman, la femme n'était qu'un «entre-cuisses», une momie privée de jouissance. La vocation de mon travail a consisté à réhabiliter le désir féminin. 

Or le droit à la jouissance donne accès au statut de sujet? 

A la liberté et au sujet. Dès l'instant où une personne commence à jouir, à être maîtresse de sa jouissance, elle exprime son autonomie. Et dès qu'elle est sujet, elle n'est plus un bon soldat pour la morale collective et archaïque. C'est donc à partir de cet individu acteur que l'islam se réformera et qu'il gagnera la bataille face à tous les démagogues, théologiens et imams corsetés jusqu'au cou. Pour l'instant, le sujet n'existe dans l'univers arabe que sous la forme d'un potentiel qui n'a pas encore révélé son étendue. Son affranchissement est contrecarré par la prééminence du divin sur l'humain et par l'obéissance qui conditionne, puis verrouille, la foi des fidèles. 

Quel espoir nourrissez-vous pour l'islam de demain? 

Je propose que l'islam soit une chance et non une contrainte ou un enfermement. Cherchons les espaces de liberté et d'intelligence qu'il nous propose, plutôt que le rigorisme d'un dogme dont on connaît les effets réducteurs. Un musulman nouveau est sans doute en train de naître sous nos yeux. Et son double défi consiste à gagner sa modernité sans perdre sa foi.
En France, par exemple, c'est par la part inaliénable de la citoyenneté que le musulman aspire à s'intégrer. Et il se méfiera même de ceux qui veulent le cantonner à la mosquée, parce que c'est nier chez lui la possibilité qu'il puisse être laïque, aimer la laïcité et la défendre en tant que telle. Finalement, le gage que la modernité a pris sur l'islam, c'est que le sujet musulman sera fabriqué ici en Occident avant qu'il n'advienne là-bas. 
Propos recueillis par Marie Lemonnier
(1) «La Psychanalyse des Mille et Une Nuits», Payot.

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