Transcrito de "Arrêt sur Info", por sugestão de Charles Enderlin
Nous
diffusons cet article de l’estimé Tim Anderson même si nous avons un
doute quant à son optimisme au sujet sur la réalité du terrain. Silvia Cattori
La Syrie est en train de gagner. Malgré l’effusion de
sang en cours et les graves pressions économiques, la Syrie progresse
inexorablement vers une victoire militaire et stratégique qui va
transformer le Moyen-Orient. Il est clairement évident que les plans de
Washington – que ce soit pour « le changement de régime », pour détruire
le fonctionnement de l’État ou pour démembrer le pays sur des lignes
sectaires – ont échoué.
Cet échec affectera mortellement le rêve américain,
annoncé il y a une dizaine d’années par Bush junior, pour un « nouveau
Moyen-Orient » servile. La victoire de la Syrie est une combinaison de
soutien populaire sans faille à l’armée nationale, face à de perfides
islamistes sectaires (takfiris), un ferme soutien de ses principaux
alliés et la fragmentation des forces internationales coalisées contre
elle.
Les difficultés économiques, y compris les coupures
de courant régulières, sont encore pires maintenant, mais n’ont pas
brisé la volonté de résistance du peuple syrien. Le gouvernement veille à
ce que les aliments de base soient abordables et soutient l’éducation,
la santé, le sport, les services culturels et autres. Un certain nombre
d’États autrefois hostiles et les agences de l’ONU reprennent leurs
relations avec la Syrie. Une situation sécuritaire améliorée, le récent
accord des grandes puissances avec l’Iran et d’autres initiatives
diplomatiques favorables sont autant de signes du renforcement de l’axe
de la résistance.
Vous n’avez aucune chance d’être informé sur cette
réalité par les médias occidentaux, qui ont constamment menti sur la
nature du caractère du conflit et les développements de la crise. La
raison principale de cette tromperie est de masquer le soutien de l’OTAN
pour les groupes takfiris, claironnant leur avance et ignorant le
renforcement de l’armée syrienne. En fait, ces terroristes soutenus par
l’Occident n’ont fait aucune avancée stratégique véritable depuis qu’une
flopée de combattants étrangers les avaient aidés à prendre certaines
parties au Nord d’Alep, au milieu de l’année 2012.
Lors de ma deuxième visite en Syrie au cours de la
crise, en juillet 2015, j’ai pu voir comment la sécurité s’est améliorée
dans les grandes villes. Lors de ma première visite en décembre 2013,
bien que les coupeurs de gorge de l’OTAN aient été chassés, pour la
plupart, de Homs et de Qusayr, ils étaient dans l’ancien village de
Maloula et le long des montagnes de Qalamoun, et attaquaient également
la route du sud vers Sweida. Cette année nous avons pu voyager librement
par la route de Sweida à Damas, à Homs, à Lattaquié, avec juste un
léger détour aux alentours de Harasta. Fin 2013, il y avait des tirs de
mortier quotidiens à l’Est de Damas ; cette année c’est beaucoup moins
fréquent. L’armée semble contrôler 90 % des zones densément peuplées.
Premier point : il n’y a jamais eu de « rebelles
modérés ». Un mouvement de réforme politique véritable a été déplacé par
une insurrection islamiste soutenue par l’Arabie Saoudite, en
mars-avril 2011. Dans les premiers mois de la crise, de Daraa à Homs,
les principaux groupes armés comme la brigade Farouq étaient des
extrémistes soutenus par l’Arabie Saoudite et le Qatar, qui ont pratiqué
les atrocités publiques et fait sauter des hôpitaux, utilisant des
slogans génocidaires et pratiquant le nettoyage ethnique sectaire (1).
Les Syriens les appelaient déjà les ‘Daesh’ (ISIL) ou juste
« mercenaires », ne se souciant pas trop des différents noms de marque.
La récente déclaration du chef des ‘rebelles modérés’ Lamia Nahas où il
affirmait que les « minorités de la Syrie sont mauvaises et doivent être
éliminées », tout comme Hitler et les Ottomans ont éliminé des
minorités (2), ne fait que souligner ce fait. Le caractère du conflit
armé a toujours été une confrontation entre, d’un côté, un état
autoritaire mais pluraliste et socialement inclusif, et de l’autre, des
islamistes sectaires du style saoudien, agissant en qualité d’armées de
proxy pour les grandes puissances.
Deuxième point : presque toutes les atrocités
imputées à l’armée syrienne ont été commises par les gangs soutenus par
l’Occident, dans le cadre de leur stratégie visant à attirer une
intervention occidentale plus profonde. Cela inclut les accusations,
discréditées, des armes chimiques (3) et les dommages collatéraux du
soi-disant » bombardement aveugle’. Le journaliste américain Nir Rosen a
écrit en 2012, « tous les jours l’opposition donne un nombre de morts,
généralement sans aucune explication… Bon nombre de ceux déclarés tués
sont en fait des combattants de l’opposition morts mais… décrits dans
les rapports comme des civils innocents tués par les forces de sécurité
(4). Ces rapports d’opposition sont encore invoqués par des groupes de
partisans tels que Amnesty International (États-Unis) et Human Rights
Watch, pour soutenir la propagande de guerre. L’armée syrienne a en
effet exécuté des terroristes et la police secrète continue à détenir et
à maltraiter des personnes soupçonnées de collaboration avec ces
terroristes. Mais il s’agit d’une armée qui bénéficie d’un soutien
public. Les bandes d’islamistes, en revanche, se vantant ouvertement de
leurs atrocités ont peu de soutien public.
Troisième point : bien qu’il y ait une « présence »
terroriste dans de grandes parties de la Syrie, ni Daesh/ISIL, ni aucun
autre groupe armé ne « contrôle » une grande partie de zone peuplée en
Syrie. Les agences occidentales (telles que Janes and ISW) confondent
régulièrement ‘présence’ avec ‘contrôle’. Malgré les offensives de
Daesh/ISIL à Daraa, Idlib et à l’Est de Homs, les zones fortement
peuplées de la Syrie sont sous contrôle de l’armée sensiblement plus
forte qu’en 2013. Seules quelques zones ont été tenues par les
djihadistes pendant plusieurs mois ou années. Dans n’importe quelle
confrontation de quelque importance, c’est généralement l’armée qui
gagne ; mais elle est sous pression et il n’est pas rare qu’elle fasse
une retraite tactique, car elle se bat sur plusieurs dizaines de fronts.
L’armée syrienne a renforcé son bouclage autour du
Nord Alep, Douma et Harasta et a eu de récentes victoires à Wafa, Idlib
et Daraa. Avec les forces du Hezbollah, l’armée a pratiquement éliminé
Daesh/ISIL et ses partenaires, qui ne s’entendent pas entre eux, des
montagnes de Qalamoun, le long de la frontière avec le Liban.
Malgré des années de terrorisme de masse et les
sanctions occidentales, l’État syrien fonctionne étonnamment bien. En
juillet 2015, notre groupe a visité de grands centres sportifs, des
écoles et des hôpitaux. Des millions d’enfants syriens fréquentent
l’école et des centaines de milliers étudient encore dans les
universités pour la plupart gratuitement. Le chômage, les pénuries et
les pannes d’électricité gangrènent le pays. Les groupes takfiris ont
ciblé les hôpitaux pour les démolir depuis 2011. Ils attaquent aussi
régulièrement des centrales, amenant le gouvernement à pratiquer le
rationnement de l’électricité, jusqu’à ce que le système soit remis en
état. Il y a des pénuries graves et une pauvreté généralisée, mais,
malgré la guerre, la vie quotidienne continue.
Par exemple, il y a eu controverse en 2014, au cours
de la construction d’un complexe immobilier au centre de la Nouvelle
Sham, une grande ville satellite en dehors de Damas. Le complexe
comporte des restaurants, des boutiques, des installations sportives et,
au centre, des manèges pour enfants et autres divertissements.
« Comment l’État peut-il dépenser autant d’argent sur ce projet, alors
que tant de gens souffrent de la guerre ? » disaient certains. D’un
autre côté, il est dit que la vie continue et les familles doivent vivre
leur vie. Après le Ramadan, pendant l’Aïd, nous avons vu des milliers
de familles faisant usage de ce complexe très apprécié des enfants.
Les procédures de sécurité sont devenues
« normales ». Les fréquents points de contrôle de l’armée sont abordés
avec une patience remarquable. Les Syriens savent qu’ils sont pour leur
sécurité, en particulier contre les bombes dans les voitures et les
camions utilisées par les islamistes. Les soldats sont efficaces mais
humains, échangent souvent des conversations amicales avec les gens. La
plupart des familles ont un ou plusieurs de leurs membres dans l’armée
et beaucoup ont perdu des êtres chers. Les Syriens ne subissent pas de
couvre-feu et ne ressentent aucune crainte des soldats, comme cela s’est
vu tant de fois, dans le passé, sous les dictatures fascistes soutenus
par les États-Unis du Chili et du Salvador.
Dans le Nord, le maire de Lattaquié nous a dit que
cette province de 1,3 millions d’habitants, en compte maintenant plus de
3 millions, ayant absorbé les personnes déplacées d’Alep, de Idlib et
d’autres régions du Nord, touchées par les incursions des terroristes
sectaires. La plupart sont dans des logements de l’État gratuits ou
subventionnés, avec famille et amis, en location ou dans les petites
entreprises. Nous avons vu un groupe d’environ 5 000 personnes, dont
plusieurs viennent de Hama, dans le grand complexe sportif de Lattaquié.
Dans le sud, Sweida a accueilli 130 000 familles déplacées de la région
de Deraa, doublant la population de cette province. C’est pourtant,
Damas qui absorbe la plus grande partie des 6 millions de personnes
déplacées de l’intérieur et, avec un peu d’aide de l’UNHCR, le
gouvernement et l’armée sont les principales organisations qui
s’occupent d’eux. Les médias occidentaux ne vous parlent que des camps
de réfugiés de Turquie et de Jordanie, installations principalement
contrôlées par les groupes armés.
Le « régime attaquant les civils » ou bombardant
« aveuglément » des zones civiles n’a de réalité que dans la propagande
islamiste sur laquelle une grande partie des médias occidentaux se
fonde. Le fait que, après trois ans, l’artillerie et l’aviation
syriennes n’aient pas rasé des zones comme Jobar, Douma et la partie
Nord d’Alep, prouve le mensonge des accusations contre l’armée. La
prochaine fois que les médias occidentaux diront des « civils » sont
tués par des bombardements aveugles du gouvernement syrien, vous pouvez
être presque certain que cela provient de sources islamistes se trouvant
être elles-mêmes la cible de l’attaque.
Cette guerre est menée sur le terrain, bâtiment par
bâtiment, avec de nombreuses victimes militaires. De nombreux Syriens, à
qui nous avons parlé, disent qu’ils souhaiteraient en effet que le
gouvernement rase ces villes fantômes, disant que les seuls civils qui y
restent sont les familles et les collaborateurs des groupes
extrémistes. Le gouvernement syrien procède avec une plus grande
prudence.
Les États de la région voient ce qui va se passer, et
ont commencé à reconstruire des liens avec la Syrie.. Pourtant,
Washington pousse ses mensonges des armes chimiques (malgré des preuves
indépendantes), mais n’a plus assez de tripes pour une escalade majeure,
en souvenir de fin 2013, après la confrontation avec la Russie. Il y a
encore beaucoup de bellicisme (5), mais il est à noter que l’Égypte et
les Émirats Arabes Unis (EAU), ennemis de la Syrie il y a peu de temps
encore, sont désormais en train de normaliser leurs relations
diplomatiques avec Damas.
Les Émirats Arabes Unis, peut-être la plus « souple »
des monarchies du Golfe, mais dont les liens avec le vice-président Joe
Biden l’amènent à soutenir Daesh/ISIL (6), ont leurs propres soucis.
Ils ont récemment arrêté des dizaines d’islamistes pour complot visant à
transformer la monarchie absolutiste en un califat absolutiste (7).
L’Egypte, dans des mains militaires après un éphémère gouvernement de
Frères musulmans qui voulaient se joindre aux attaques contre la Syrie,
est maintenant aux prises avec son propre terrorisme sectaire, de ces
mêmes Frères Musulmans. Le plus important des pays arabes aujourd’hui
défend l’intégrité territoriale de la Syrie et soutient (au moins
verbalement) les campagnes syriennes contre le terrorisme. L’analyste
égyptien Hassan Abou Taleb appelle ce message » condamnation et rejet
des mesures unilatérales de la Turquie contre la Syrie » (8).
Le gouvernement Erdogan a tenté de placer la Turquie à
la tête d’une région de Frères musulmans, mais a perdu des alliés. Il
est souvent en désaccord avec ses partenaires anti-syriens et fait face à
une dissidence intérieure. Washington a essayé d’utiliser les
séparatistes kurdes contre Bagdad et Damas, alors que la Turquie les
considère comme ses principaux ennemis, et les islamistes soutenus par
l’Arabie les abattent comme « apostats » musulmans. Pour leur part, les
communautés kurdes jouissent d’une plus grande autonomie avec
l’acceptation de l’Iran et de la Syrie.
L’accord récent de Washington avec l’Iran est une
évolution importante, parce que la République islamique reste le plus
important allié régional de la Syrie laïque, et un ferme opposant aux
islamistes style saoudiens. L’affirmation du rôle de l’Iran dans la
région irrite les Saoudiens et Israël, mais est de bon augure pour la
Syrie. Tous les commentateurs voient une manœuvre diplomatique pour un
positionnement après l’accord avec l’Iran et – malgré la récente
exclusion de l’Iran d’une réunion entre les ministres des affaires
étrangères russe, américain et saoudien – il y a peu de doute que la
main de l’Iran a été renforcée dans les affaires régionales. Une
rencontre insolite entre le chef du renseignement de la Syrie, le
brigadier-général Ali Mamlouk et le ministre de la défense saoudien,
Prince Mohammed Bin Salman (9), montre également que le gouvernement
syrien a repris des discussions directes avec le principal commanditaire
du terrorisme dans la région.
La Syrie est en train de gagner car le peuple syrien a
soutenu son armée contre les provocations sectaires, menant
principalement leurs propres batailles contre le terrorisme
multinational sponsorisé par l’OTAN et les monarchies du Golfe. Les
Syriens, y compris les plus pieux musulmans sunnites, n’accepteront
jamais l’Islam pervers, sectaire, de têtes coupées, promu par les
monarchies du Golfe.
La victoire de la Syrie aura des implications plus
larges. Elle sonne la fin des « changements de régime » de Washington
qui, jusqu’ici, ont toujours marché comme sur des roulettes dans toute
la région, de l’Afghanistan, l’Irak à la Libye. Outre les morts et la
misère causés par cette sale guerre, nous assistons à l’émergence d’un
« axe de la résistance » plus fort. La victoire de la Syrie sera
également celle de l’Iran et de la résistance libanaise, menée par le
Hezbollah. En outre, le conflit a aidé à construire d’importantes
mesures de coopération avec l’Irak. L’incorporation progressive de
Bagdad dans cet axe scellera l’humiliante défaite des plans pour un
« nouveau Moyen-Orient » dominé par USA – Israël – Arabie Saoudite.
Cette unité régionale arrive avec un coût terrible, mais elle arrive,
néanmoins.
Références