Cinquenta anos depois de Simone de Beauvoir ter publicado La Vieillesse (1950), a grande obra de referência sobre o tema, Laure Adler apresenta-nos agora La voyageuse de nuit (2020), em que retoma a meditação sobre o declínio e a solidão dos seres humanos.
Autora de vasta obra, nomeadamente a grande biografia de Marguerite Duras, Laure Adler escreve este livro já em tempo de pandemia, embora só a ela se refira acidentalmente. Sem género definido, Adler chama-lhe "carnet de voyage", um bloco de notas onde regista as suas impressões, as suas reflexões, a sua investigação, a sua experiência sobre esta coisa que é "envelhecer" e "ser velho", hoje e em épocas passadas.
Não sendo um guia para envelhecer bem, é todavia um livro de leitura obrigatória para velhos e para novos, pois que havendo cada vez mais velhos, maior é o contacto quotidiano entre estes e aqueles que ainda estão distantes do que se chamava há alguns anos a "terceira idade".
«Vivre sa vie a toujours été um métier difficile, vivre le rapport au temps qui passe devient un sport de combat.» (p. 25) Esta frase lembra-me o falecido mestre Lagoa Henriques, que tinha o hábito de dizer: «A vida não é uma coisa fácil. Sofre-se muito... mas também se curte.» Enfim, recordações.
O livro está recheado de citações que a autora recolheu ao longo de alguns anos e regista também os seus encontros com escritoras mais velhas, como Nathalie Sarraute, Annie Ernaux, Mona Ozouf, entre outras. Para lá das sequelas, físicas ou mentais, provocadas pelo avançar da idade, a grande tragédia dos velhos é, segundo Laura Adler, a solidão. Quando a família próxima desapareceu, quando os amigos morreram, os velhos tornaram-se seres completamente (ou quase) sós. Como costuma dizer um amigo meu, a velhice não é uma batalha, é um massacre. O mundo contemporâneo (nem sempre assim foi em épocas pretéritas) exclui os velhos da esfera social, mais ainda as velhas do que os velhos. «La vieillesse est une construction sociale. La manière dont on déconsidère encore les femmes aujourd'hui, malgré l'avancée de certains droits, permet-elle d'affirmer qu'être vieille est plus difficile que d'être vieux? Hélas, tous les indicateurs sont au rouge: d'abord la femme vieille fait peur aujourd'hui comme autrefois.» (p. 59)
Um dos problemas que a autora aborda frontalmente no livro é a sexualidade dos velhos, que se tem pretendido ignorar (remetendo-a para uma zona pretensamente vergonhosa) mas que existe, que sempre existiu. «En Suisse, en 2007, une nouvelle profession est née: celle d'assistant sexuel. Reconnue et réglementée comme services à la personne, ces assistants et assistantes - qui exercent parallèlement un autre métier - aident les personnes agêes à reconquérir leur sexualité. Dans les maisons de retraites au Danemark, des vidéos pornographiques sont à la disposition des pensionnaires et des pancartes "Ne pas déranger" sont disponibles dans toutes les chambres. Des "chambres d'intimité" sont experimentées depuis plusieurs années avec un vif succès au Québec. En France, les publications médicales dans des revues spécialisées et les enquêtes sur ce sujet, autrefois tabou, semblent indiquer un changement de perspective, hélas toujours pas entré dans les moeurs des institutions.» (p. 68)
«Autrefois, il n'y a pas si longtemps - on disait qu'on "entrait dans la vie". On devenait adulte. La fin du service militaire pour les garçons, le premier job et/ou le mariage pour les filles. On était "casé". Aujourd'hui la jeunesse est devenue un idéal pour toutes les classes d'âge. Ceux qui aux yeux des démographes sont des adultes reculent leur adolescence et en conservent les rites et les apparences. Quant aux vieux, ils essaient vaille qui vaille d'obéir aux injonctions de l'impératif catégorique de notre société: "rester jeune". La jeunesse a pris valeur de modèle pour l'existence entière, reléguant ainsi les âges de la vieillesse non à l'idée de l'accomplissement mais à celle de surplus, de rebut, voire de non-sens.» (pp. 76-77)
Todavia, há excepções, poucas, à angústia que acompanha a velhice: «Je me souviens de la petite cabine de montage dans le 16e arrondissement où Manoel de Oliveira terminait les finitions de son avant-dernier film, L'Étrange Affaire Angélica. Il m'expliquait l'importance du hors-champ pour la dramaturgie tout en s'étonnant en riant d'avoir quatre-vingt-dix-huit ans. La vie est une fête, n'arrêtait-il pas de répéter.» (p-79)
«On fait le plus souvent l'expérience de l'âge par l'amer constat de ce qu'il nous manque: perte de mémoire - quand je cherche un nom je me résoua maintenant à ouvrir le portable - perte de souffle - fini le jogging quotidien matinal - perte de croyance en mes capacités - j'ai si peur de ne pas être à la hauter de ce que je voudrais entreprendre que je préfère sans cesse différer. Vieillir, est-ce nier, avec obstination et optimisme, ce moins qui nous affecte? La "prise d'âge" se traduit ainsi par une succession de renoncements, en aparence anodins et minuscules, qui forme une trame de non-vouloir qui nous entrave et nous affaiblit contre notre gré. Cela se passe insidieusement, passivement. On est renvoyé à son âge, qu'on le veuille ou non.» (p. 93)
«La vieillesse est-elle le prix à payer pour avoir connu les beautés de la vie?» (p. 99)
«On ne s'habitue jamais à l'âge qu'on a. Ce sont des événements extérieurs qui nous contraignent à l'intégrer: la mort de nos parents est le moment où la plupart d'entre nous réalisons d'abord que nous sommes désormais "en première ligne", avant de faire l'expérience du deuil qui nous enjoint de ne plus tricher désormais, mais de "réaliser" l'âge que nous avons "pour de vrai". Souvenons-nous de la première phrase de L'Étranger d'Albert Camus: "Aujourd'hui maman est morte." Puis: "Aujourd'hui maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas." Le narrateur ne sais plus dans quel temps il se trouve. Il est à côté de lui-même.» (pp. 104-105)
A autora referindo-se a uma grand actriz francesa cujo nome não refere: «Elle dit: "Je ne me sens plus bonne à rien. Je suis atteinte de la maladie de la vieillesse. Pourtant, j'ai tenu le coup pendant longtemps. Être vieux c'est une horreur. Être vieille c'est encore pire. Tout a disparu: les amis, les amants, les endroits où je partais nager seule sont devenus des lieux infréquentables tant il y a de touristes. La solitude est une horreur. Plus personne ne va tomber amoureux d'une vioque comme moi. Et pourtant il n'y a que le sexe et l'amour qui soient les vrais remèdes pour retarder cette maladie de la vieillesse." [...] Heureusement il me reste l'amour du théâtre. [...] Mais tout cela, c'est fini. Qui aujourd'hui va engager une vioque de quatre-vingt-treize ans?" [...] Silence. Je prends congé. Sur le pas de la porte je lui demande: "Vous attendez quoi?" Elle me répond en souriant: "La mort, bien entendu. L'idée que nous soyons mortels m'a toujours enchanté. Ça tarde à venir.» (pp. 116-117)
«Rares sont celles qui, comme Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Charlotte Rampling, ont su, grâce à une réflexion qu'elles ont engagée depuis longtemps, continuer à jouer des rôles qui ne sont pas de leur... âge» (p. 117)
«Dans les monothéismes les vieux sont inclus dans la société. Ils ne sont ni en dehors ni en marge. Une société ne saurait se penser comme un tout si l'une des parties rstait en dehors.» (pp. 138-139)
«Chateaubriand encore: "Pour moi, tout épris que je puisse être de ma chétive personne, je sais bien que je ne dépasserai pas ma vie. On déterre dans des îles de Norvège quelques urnes gravées ornées de caractères indéchiffrables. À qui appartiennent ces cendres? Les vents n'en savent rien." La Vie de Rancé est le dernier texte écrit par Chateaubriand qui fit de la vieillesse, par la grâce de son écriture, un état existentiel et non, comme il le souhaitait, une demi-mort. C'est en le lisant et en le relisant qu'es venu le désir du titre de ce livre, La voyageuse de nuit: "La vieillesse est une voyageuse de nuit: la terre lui est cachée; elle ne découvre plus que le ciel."» (p. 140)
«"Vous vivez comme si vous alliez toujours vivre, jamais votre vulnérabilité ne vous effleure l'esprit, vous ne remarquerez pas tout le temps qui s'est déjà écoulé; vous le perdez comme si vous pouviez en disposer à volonté alors que ce jour même dont vous faites cadeau à une personne ou à une activité, est peut-être votre dernier jour à vivre. Toutes vos craintes sont des craintes de mortels mais tous vos désirs sont des désirs d'immortels." Sénèque» (p. 146)
«Depuis les débuts de l'épidemie du coronavirus, le nombre d'années que vous avez est devenu un critère objectif de vulnérabilité. Nous sommes considérés scientifiquement comme des "personnes à risque". [...] L'âge comme faiblesse, l'âge encore comme déficit. Déficit de barrières immunitaires, déficit de réactions comme si nous étions tous déjà atteints. Le jour où le président a fait sa première allocution à la télévision, il a annoncé que les personnes de plus de soixante-dix ans devaient rester chez elles - c'était une semaine avant le grand confinement - car elles étaient les plus fragiles. C'était justement le jour de mes soixante-dix ans. Je n'ai pas pu les fêter. [...] L'âge est devenu un critère obsédant des discours des médecins et des scientifiques invités chaque jour dans les médias. Chaque soir on nous rappelait que nous étions les plus touchés - comment nier l'évidence que, dès qu'on approche d'un certain âge, on se rapproche de la mort ! -, que nos étions des personnes à risque et qu'il fallait surtout pas tomber malade pour ne pas encombrer les services de réanimation où nous étions les plus fragiles. Bref, une forme de ségrégation s'abattait sur nous, nous, cette population soi-disant à part, jugée si inutile puisque déclarée improductive économiquement par certaines tutelles, que la possibilité d'un déconfinement a été sérieusement envisagée avant d'être - merci Brigitte Macron? - finalement rejetée non sans avoir provoqué un beau tollé.» (p. 153-154)
No capítulo seguinte, Laure Adler fala-nos dos EHPAD [Établissement d'hébergement pour personnes agêes dépendantes, os nossos lares], de como foi forçada a colocar os seus pais num desses lares, e de toda a problemática à volta dos mesmos. Da ausência de soluções alternativas (como já existem em alguns outros países), de como os sucessivos governos têm protelado para as calendas gregas a tomada de decisões sobre a protecção dos mais velhos, do agravamento da situação durante a pandemia, da renovada promessa de Macron de fazer deste caso, no próximo ano, um dossier prioritário. A autora descreve-nos a viagem a um EHPAD para lá colocar sucessivamente o pai e a mãe, as suas visitas, a exploração a que são submetidos os internados e as suas famílias, a ausência de prestação de contas aos "residentes", apenas facultadas, obviamente aos accionistas. A forma como se "arrumam" os velhos nesta civilização em que infelizmente vivemos, que decidiu instituir o culto exclusivo da juventude (e do dinheiro), é maravilhosamente descrita pela autora e só lamento não poder transcrever integralmente esta parte do livro para não alongar o post que já vai extenso.
«Le mot même d'âgisme est entré dans les dictionnaires en 1969. Comme le racisme il décrit un phénomène de ségrégation et d'exclusion fondé sur l'unique critère de l'âge et le définit comme un concept comprenant aussi la assignation de rôles sociaux à des individus sur la seule base de leur âge. Il ne cesse de s'infiltrer dans nos mentalités, de se métamorphoser, de se banaliser.» (p. 178)
«La société ne fait plus de pause. Davantage occupé au maintien coûte que coûte de sa propre continuité, elle accepte de plus en plus difficilement celles et ceux qui en perturbent la tranquilité. Ça va de jour en jour plus vite pour la mort. Plus de condoléances, plus de corbillards, plus de cortèges dans la rue, plus de costume noir, des crémations réduites a minima, plus de temps de dialogue après les cérémonies, mais le TGV express du jardin des souvenirs.» (p. 185)
«Aujourd'hui on dirait que la mort a déserté la ville. Les plaques comémoratives sont de moins en moins demandés par les familles après les incinérations. Pas de trace. Pas de possibilités de visites dans les cimetières qui sont construits de plus en plus dans les marges des friches industrielles. Oubli volontaire? Effacement programmé? Philippe Ariès, à la fin de L'Homme devant la mort, avance que nous avons changé de civilisation par rapport à la mort à l'aube des années 60, et que lui-même est le témoin de ce basculement très important.» (p. 186)
«"L'immortalité ce n'est pas de vivre cent ans ni cent cinquante, ou plus, c'est ne pas devoir mourir, c'est cela qui est impensable et absurde", écrit Jankélévitch dans Penser la mort?» (p. 189)
«"Quand l'effacement par la mort ou par la sénilité n'est plus envisagé comme un destin, mais attendu comme un mal qui s'apprête à vous frapper, il arrive - et c'est mon cas - que l'on perde jusqu'à l'envie d'entreprendre - on évalue le peu de temps dont on dispose encore, temps étranglé sans rapport avec celui des époques où il était exclu de penser qu'une entreprise pouvait manquer du délai voulu pour se développer et cela coupe tout élan."Michel Leiris, Frêle bruits» (pp. 190-191)
«Il serait très facile de composer un livre noir, extrêmement noir, de la vieillesse, avec d'innombrables citations trés connues comme celle du général de Gaule, "la vieillesse, ce naufrage", ou celle de Freud reculant médusé devant "l'horreur de la vieillesse", ce qui ne l'empêche pas, à plus de quatre-vingt ans, atteint d'un cancer de la mâchoire qui le faisait horriblement souffrir, d'écrire à une amie: "La vie à mon âge n'est pas facile mais le printemps est magnifique et tel est l'amour."» (p. 199)
«Prenez la vie à petites doses - ne regardez jamais plus loin que le déjeuner et le dîner." Wittgenstein» (p. 200)
«"L'homme et la mort ne se rencontrent jamais car quand il vit, elle n'est pas là et quand elle survient, c'est lui qui n'est plus." Épicure» (p. 203)
«"On ne sait pas à quel âge commence la vieillesse comme on ne sait pas à quel âge commence la richesse", écrit Pierre Bourdieu.» (p. 205)
«Je n'ai pas envie de terminer ce livre. Par définition, il est interminable. C'est à chaque lectrice, à chaque lecteur de le continuer à sa façon. Nous sommes tout conviés au même voyage et nous ne savons pas encore comment ni de quelle manière nous allons en affronter le terme. Au départ, je pensais que ce serait un livre intellectuel, regorgeant de citations et d'enquêtes culturelles. Puis je me suis vite rendu compte qu'il s'agissait d'un combat de société. [...] Il s'agissait aussi d'un combat avec moi-même. Accepter de me voir changer sans avoir pour autant le désir que les autres me voient changée. » (p. 209)
«Simone de Beauvoir denonçait la politique scandaleuse de la vieillesse. En son temps on ne vivait pas aussi vieux que maintenant. Le scandale de cet impensé et de ce silence en est encore plus grand aujourd'hui. La vieillesse devient de plus en plus une maladie, elle se "démonise" démocratiquement à bas bruit sans que personne ne s'en offense. [...] Aujourd'hui les vieilles, les vieux sont traités comme des citoyens de troisième zone: encore actifs, on les tolère dans les associations et on se félicite de leur utilité puis, à un âge certain on les rend invisibles, on les range, on les garde, on les conserve. Progressivement on en fait des malades "naturels". Comme de toutes les maladies, le monde postmoderne tente de s'en débarrasser.» (p. 210)
«La société nous administre sur le sujet de l'âge ses mécanismes de pouvoir qui s'exercent plus particulièrement autour du "fait vivre" et du "laisser mourir". C'est ce que Michel Foucault nommait le biopouvoir dès 1976. Foucault remarquait que l'allongement de la vie favoriserait la biopolitique, c'est-à-dire l'empreinte sur chacun de nous de la vision de la vie, de la fin de la vie, mais aussi sur notre manière de vivre et sur le "comment de la vie": "Le pouvoir intervient pour majorer la vie, pour en contrôler les aléas, les déficiences, du coup la mort comme terme de vie... sur ce quoi le pouvoir a prise, ce n'est pas la mort mais la mortalité." Foucault, sur ce sujet, comme sur tant d'autres, était visionnaire.» (p. 211)
«Je ne veux pas me croire jeune, mais je ne veux pas que la société m'ôte, en raison de mon âge, ce sentiment de la continuité de soi qui nous permet d'exister. Pendant longtemps, dans mon existence, les personnes âgées, c'étaient les autres. Je ne l'aurais jamais cru, pas même en rêve. Garder le goût du monde, trouver chaque jour le sel de la vie, tenter d'être à la hauter de Simone de Beauvoir qui observe: "Moi je suis devenue une autre, alors que je demeure moi-même"» (p. 214)
O que escrevi sobre este livro e as transcrições que efectuei para melhor respeitar o pensamento da autora serão suficientes para o leitor julgar da sua importância e oportunidade. O que não dispensa, evidentemente, a leitura da obra.